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Le propos:À Hollywood, en 1927, George Valentin est un acteur très célèbre. De son côté, Peppy Miller est une jeune figurante. L'arrivée du cinéma parlant va bouleverser leur vie. Lui, autrefois véritable vedette, va tomber dans l'oubli, alors qu'elle va devenir une véritable star du cinéma parlant. Leur histoire d'amour rencontre alors de nombreux obstacles. The Artist est entre autres un hommage aux films muets des années 1920-1930, s'inspirant d'ailleurs de la véritable histoire de John Gilbert et Greta Garbo, et reprenant la structure de scénario des différentes versions d'Une étoile est née. Le film est aussi un hommage à Charlie Chaplin et à ses films Les Lumières de la ville et Les Temps modernes, derniers films muets sortis en plein essor du parlant. Analyse critiqueMichel Hazanavicius avait déjà l'une idée de film muet durant le tournage
d'OSS 117 : Le Caire, nid d'espions. Ce projet est d'abord une
idée loufoque du réalisateur qui reprend néanmoins la structure du scénario
d'Une étoile est née (William
Wellman, 1937 ; repris par Georges Cukor en 1954). George Valentin est une star adulée, un acteur complet. Enfin, presque. Il ne lui manque que la parole. A la fin des années 1920, c'est pourtant l'essentiel. Le cinéma vient d'apprendre à donner de la voix. Malheur à ceux, même parmi les plus illustres, qui ne sauront pas donner la réplique. The Artist rend un hommage muet à cette espèce disparue, les Mary Pickford, John Gilbert, Fatty Arbuckle. Michel Hazanavicius qui a, déjà, pastiché le cinéma populaire des années 1950-1960 dans ses deux OSS 117 a le don du fac-similé, minutieux et ludique. Pour ''The Artist'", tourné dans les « vrais » studios hollywoodiens, avec une distribution en partie américaine (John Goodman en producteur tout-puissant), on attendait un nouveau canular vintage. Pourtant, dès la première séquence, une mise en abyme, film dans le film, un soir de première, The Artist décolle et devient un drôle d'objet anachronique, un inclassable rêve de cinéphile, porté par un Jean Dujardin qui n'a pas volé son Prix d'interprétation à Cannes. On l'attendait bouffon, il est décalé, juste un rien désuet, il apporte à son personnage une candeur facétieuse, un charme fragile. Drôle, certes, mais aussi capable d'émouvoir, comme dans cette délicieuse séquence sur le tournage d'une scène de bal. Il rate prise sur prise, parce qu'il est en train de tomber amoureux de la petite figurante qu'il tient dans ses bras. La belle, bientôt, le supplantera dans le cœur d'un public volage. Comme son héros, The Artist est une mosaïque de références, assemblée avec une tendresse érudite : le noir et blanc soyeux rappelle plus les années 1940 que la granuleuse ère du muet. Et lorsque Bérénice Bejo mime une étreinte, à moitié lovée dans le manteau suspendu de Valentin, la poésie de Chaplin n'est pas loin. Un des innombrables clins d'oeil et emprunts au burlesque et au mélo, à Orson Welles, à Fritz Lang ou à Lubitsch. Cette déclaration d'amour au grand cinéma hollywoodien raconte un irréversible bouleversement technologique et artistique, celui du muet au parlant. Comme aujourd'hui le passage à la 3D relief et au tout-numérique. D'une révolution à l'autre, Hazanavicius interroge la notion de modernité. Les nouveaux mondes qu'elle ouvre, mais aussi tous ceux qu'elle ferme à jamais. Une scène de cauchemar, peut-être la plus belle, en dit long : le son y fait une irruption brève et brutale. Bruit d'un verre qu'on pose, bourdonnement du studio de tournage. Le héros, lui, reste désespérément aphone. Désormais exclu, obsolète, réduit au véritable silence : l'oubli. L'angoisse de l'artiste par excellence. La bande originale du film a été composée par Ludovic Bource. Le compositeur a dû relever le même challenge que toute l'équipe du film, faire du neuf avec du vieux. « On est parti des grandes références du cinéma hollywoodien et même si le film se déroule au début des années 1930, on a étalé nos choix sur une période beaucoup plus longue. On a écouté beaucoup de choses - de Chaplin, Max Steiner et Franz Waxman, jusqu'à Bernard Herrmann, et j'en passe... On a écouté et analysé tous ces trésors, on est revenu aux sources aussi, aux compositeurs romantiques du 19e siècle... Donc principalement de la musique symphonique. Une musique extrêmement puissante, orchestrée, jouée par 80 musiciens. Il m'a fallu du temps à moi qui suis autodidacte et pas un spécialiste de la musique symphonique, pour digérer tout ça avant de pouvoir composer le premier thème... Michel a commencé à s'attacher à des thèmes forts de grands compositeurs de grands films pour mieux les contourner et les oublier ensuite. On est parti du fantasme pour ramener tout cela aux images de son film. En même temps, ça reste un hommage, une déclaration d'amour aux grands compositeurs du grand cinéma hollywoodien. » |
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