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The Artist , film français (et un peu américain) de Michel Hazanavicius , sorti en 2011


Distribution:

  • Jean Dujardin : George Valentin
  • Bérénice Bejo : Peppy Miller
  • James Cromwell : Clifton, le chauffeur / valet
  • John Goodman : Al Zimmer, le patron des studios Kinograph
  • Penelope Ann Miller : Doris, la femme de George
  • Missi Pyle : Constance, la partenaire de George dans le film A Russian Affair
  • Malcolm McDowell : « The Butler »
  • Beth Grant : la domestique de Peppy
  • Ed Lauter : le premier chauffeur de Peppy
  • Uggy : le chien

Fiche technique:

  • Titre original : The Artist
  • Réalisation : Michel Hazanavicius
  • Scénario : Michel Hazanavicius
  • Direction artistique : Gregory S. Hooper
  • Photographie : Guillaume Schiffman
  • Montage : Michel Hazanavicius, Anne-Sophie Bion
  • Musique : Ludovic Bource
  • Production : Thomas Langmann
  • Sociétés de production : La Petite Reine, La Classe Américaine, France 3 Cinéma, Studio 37
  • Société de distribution : Warner Bros
  • Pays d'origine : France États-Unis
  • Muet (sauf quelques répliques ) avec intertitres anglais
  • Noir et blanc - 35 mm
  • Durée : 100 minutes
  • Dates de sortie : 15 mai 2011 (festival de Cannes)
  • France: 12 octobre 2011
  • Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 2011 pour Jean Dujardin
  • Palme dog pour le chien Uggy au Festival de Cannes 2011
  • 2 Spotlight Awards au Hollywood Film Festival pour Jean Dujardin et Bérénice Bejo
  • Prix du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Michel Hazanavicius aux New York Film Critics Circle
  • Prix du cinéma européen de la meilleure musique de film
  • Prix du meilleur film de l'année aux Washington D.C. Area Film Critics Association
  • Film de l'année 2011 par le Time Magazine
  • 9 Prix aux Phoenix Film Critics Society Awards dont ceux de meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice dans un second rôle et meilleur scenario original.

Récompenses

  • Prix Lumière du meilleur film
  • Prix Lumière de la meilleure actrice pour Bérénice Bejo
  • Guild of America Award du meilleur réalisateur pour Michel Hazanavicius
  • Producers Guild Award du meilleur film pour Thomas Langmann
  • Screen Actors Guild Award du meilleur acteur dans un premier rôle pour Jean Dujardin
  • Golden Globe du meilleur film musical ou comédie
  • Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour Jean Dujardin
  • Golden Globe de la meilleure musique de film pour Ludovic Bource
  • Critics Choice Awards 2012 du meilleur film
  • Grand Prix de l'Union de la critique du cinéma
  • 10 nominations aux Oscars du cinéma 2012 ; 5 Oscars:
    • Meilleur réalisateur Michel Hazanavicius
    • Meilleur film
    • Meilleur acteur Jean Dujardin
    • Meilleure musique de film Ludovic Bource
    • Meilleurs costumes
  • 10 nominations aux César du cinéma 2012; 6 récompenses:
    • Meilleur film
    • Meilleur réalisateur Michel Hazanavicius
    • Meilleure photographie Guillaume Schiffman
    • Meilleure actrice Bérénice Bejo
    • Meilleure musique Ludovic Bource
    • Meilleurs décors

Le propos:

À Hollywood, en 1927, George Valentin est un acteur très célèbre. De son côté, Peppy Miller est une jeune figurante. L'arrivée du cinéma parlant va bouleverser leur vie. Lui, autrefois véritable vedette, va tomber dans l'oubli, alors qu'elle va devenir une véritable star du cinéma parlant. Leur histoire d'amour rencontre alors de nombreux obstacles.

The Artist est entre autres un hommage aux films muets des années 1920-1930, s'inspirant d'ailleurs de la véritable histoire de John Gilbert et Greta Garbo, et reprenant la structure de scénario des différentes versions d'Une étoile est née. Le film est aussi un hommage à Charlie Chaplin et à ses films Les Lumières de la ville et Les Temps modernes, derniers films muets sortis en plein essor du parlant.

Analyse critique

Michel Hazanavicius avait déjà l'une idée de film muet durant le tournage d'OSS 117 : Le Caire, nid d'espions. Ce projet est d'abord une idée loufoque du réalisateur qui reprend néanmoins la structure du scénario d'Une étoile est née (William Wellman, 1937 ; repris par Georges Cukor en 1954).
Cependant, le financement est difficile à trouver. L'arrivée du producteur Thomas Langmann permet de lancer la production du film. C'est seulement au début du tournage que Jean Dujardin a senti qu'il était à sa place dans le rôle de George Valentin : « C'est le premier jour de tournage que j'ai vraiment compris : Michel avait raison, ce film était pour moi ». « C'est un film d'époque qui se déroule dans les années 1920 aux États-Unis, autour d'une histoire d'amour entre deux personnages qui se croisent. L'un est une vedette du cinéma muet, l'autre est figurant. L'arrivée du parlant va changer leur relatio7. » Le film devait initialement s'intituler Beauty Spot.

George Valentin est une star adulée, un acteur complet. Enfin, presque. Il ne lui manque que la parole. A la fin des années 1920, c'est pourtant l'essentiel. Le cinéma vient d'apprendre à donner de la voix. Malheur à ceux, même parmi les plus illustres, qui ne sauront pas donner la réplique. The Artist rend un hommage muet à cette espèce disparue, les Mary Pickford, John Gilbert, Fatty Arbuckle. Michel Hazanavicius qui a, déjà, pastiché le cinéma populaire des années 1950-1960 dans ses deux OSS 117 a le don du fac-similé, minutieux et ludique.

Pour ''The Artist'", tourné dans les « vrais » studios hollywoodiens, avec une distribution en partie américaine (John Goodman en producteur tout-puissant), on attendait un nouveau canular vintage. Pourtant, dès la première séquence, une mise en abyme, film dans le film, un soir de première, The Artist décolle et devient un drôle d'objet anachronique, un inclassable rêve de cinéphile, porté par un Jean Dujardin qui n'a pas volé son Prix d'interprétation à Cannes. On l'attendait bouffon, il est décalé, juste un rien désuet, il apporte à son personnage une candeur facétieuse, un charme fragile. Drôle, certes, mais aussi capable d'émouvoir, comme dans cette délicieuse séquence sur le tournage d'une scène de bal. Il rate prise sur prise, parce qu'il est en train de tomber amoureux de la petite figurante qu'il tient dans ses bras. La belle, bientôt, le supplantera dans le cœur d'un public volage.

Comme son héros, The Artist est une mosaïque de références, assemblée avec une tendresse érudite : le noir et blanc soyeux rappelle plus les années 1940 que la granuleuse ère du muet. Et lorsque Bérénice Bejo mime une étreinte, à moitié lovée dans le manteau suspendu de Valentin, la poésie de Chaplin n'est pas loin. Un des innombrables clins d'oeil et emprunts au burlesque et au mélo, à Orson Welles, à Fritz Lang ou à Lubitsch.

Cette déclaration d'amour au grand cinéma hollywoodien raconte un irréversible bouleversement technologique et artistique, celui du muet au parlant. Comme aujourd'hui le passage à la 3D relief et au tout-numérique. D'une révolution à l'autre, Hazanavicius interroge la notion de modernité. Les nouveaux mondes qu'elle ouvre, mais aussi tous ceux qu'elle ferme à jamais. Une scène de cauchemar, peut-être la plus belle, en dit long : le son y fait une irruption brève et brutale. Bruit d'un verre qu'on pose, bourdonnement du studio de tournage. Le héros, lui, reste désespérément aphone. Désormais exclu, obsolète, réduit au véritable silence : l'oubli. L'angoisse de l'artiste par excellence.

La bande originale du film a été composée par Ludovic Bource. Le compositeur a dû relever le même challenge que toute l'équipe du film, faire du neuf avec du vieux. « On est parti des grandes références du cinéma hollywoodien et même si le film se déroule au début des années 1930, on a étalé nos choix sur une période beaucoup plus longue. On a écouté beaucoup de choses - de Chaplin, Max Steiner et Franz Waxman, jusqu'à Bernard Herrmann, et j'en passe... On a écouté et analysé tous ces trésors, on est revenu aux sources aussi, aux compositeurs romantiques du 19e siècle... Donc principalement de la musique symphonique. Une musique extrêmement puissante, orchestrée, jouée par 80 musiciens. Il m'a fallu du temps à moi qui suis autodidacte et pas un spécialiste de la musique symphonique, pour digérer tout ça avant de pouvoir composer le premier thème... Michel a commencé à s'attacher à des thèmes forts de grands compositeurs de grands films pour mieux les contourner et les oublier ensuite. On est parti du fantasme pour ramener tout cela aux images de son film. En même temps, ça reste un hommage, une déclaration d'amour aux grands compositeurs du grand cinéma hollywoodien. »

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