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Sanjuro , un film japonais de Akira Kurosawa, sorti en 1962

Distribution:

  • Toshirô Mifune : Sanjûrô Tsubaki/Le Samurai
  • Tatsuya Nakadai : Hanbei Muroto
  • Keiju Kobayashi : L'espion
  • Yuzo Kayama : Iori Izaka
  • Reiko Dan : Chidori
  • Akihiko Hirata : Un samurai
  • Takashi Shimura : Kurofuji
  • Kamatari Fujiwara : Takebayashi

Fiche technique:

  • Titre original :   椿三十郎, Tsubaki Sanjûrô
  • Réalisation: Akira Kurosawa
  • Scénario: Ryuzo Kikushima, Hideo Oguni et Akira Kurosawa, d'après le roman Jours de Paix de Shugoro Yamamoto
  • Production : Ryuzo Kikushima et Tomoyuki Tanaka
  • Musique : Masaru Satô
  • Photographie : Fukuzo Koizumi
  • Montage : Akira Kurosawa
  • Pays d'origine : Japon
  • Format : Noir et blanc - Mono
  • Durée: 96 minutes
  • Date de sortie : 1er janvier 1962 (Japon)

Ce film peut être considéré comme la suite de son film de , Le Garde du corps, sorti l'année précédente en 1961.

Le film combine des éléments d'action et d'humour avec Sanjuro Tsubaki, un ronin errant qui s'intégre dans un conflit entre clans.

Un groupe de jeunes samouraï essaie de sauver leur gouverneur des mains d'un clan rival et corrompu. Leur manque d'expérience interpelle Sanjuro, un samurai vagabond, expérimenté mais au style terre-à-terre et cynique. Sanjuro leur évite une mort certaine en leur offrant son aide. Le petit groupe arrive à libérer les femmes qui avaient été capturées. Après diverses péripéties, Sanjuro arrive à s'introduire au sein du camp adverse mais la fougue de ses jeunes compagnons l'oblige à changer de plan.

Sanjuro décide de partir en éclaireur, pour éviter que l'imprudence des jeunes samouraïs les poussent à se jeter dans les griffes du loup. Après la victoire, alors que, tel le cow-boy de la bande dessinée, le samouraï solitaire s'éloigne, et que le groupe le suit pour pouvoir le remercier, Muroto, le chef des hommes de Kikui, rattrape Sanjuro et lui demande de se battre en duel: son honneur est froissé. Alors qu'il n'aurait sûrement pas hésité une seule seconde avant l'aventure, Sanjuro refuse. Mais Muroto persiste: "si je meurs, je retrouverai au moins la paix". Les deux hommes se regardent pendant de longues secondes puis, dans un geste fulgurant, Sanjuro sort son sabre et transperce le cœur de son adversaire, dans une scène de combat la plus courte du cinéma.

Le film devait à l'origine être réalisé par Hiromichi Hori-kawa, mais la Toho demanda à Kurosawa de le tourner lui-même. Après le drame et la comédie mêlés du Garde du corps, Kurosawa passe au stade suivant de la parodie, en jouant avec virtuosité de tous les moyens à sa disposition : portraits physiques et psychologiques, conflits entre personnages, direction des comédiens, musique teintée d'ironie. Humour et rythme caractérisent la facture du film, au mépris parfois du réalisme, moins important ici que le spectacle.

Le contraste entre le groupe de jeunes nobles tirés à quatre épingles et un Sanjuro baillant, débraillé, est saisissant. Kurosawa s'en donne à coeur-joie : ce film lui permet d'ironiser sur le film de combat, sur les valeurs guerrières, qu'il a en horreur. Alors que Sanjuro, tout à sa mission, tue à qui mieux mieux tout ce qui lui passe sous la main, la femme du gouverneur, dans un instant de répit, lui demande: "Etait-il vraiment nécessaire de tuer les gardiens ? ", puis ajoute: "Certes, vous maniez très bien l'épée, mais les meilleurs épées doivent rester dans leur fourreau". Cette réflexion touche Sanjuro qui, changé, se confondra en excuses à chaque fois qu'il devra faire usage de son arme.

Comme signal de l'attaque, la fille du gouverneur propose que le ronin fasse passer dans le ruisseau qui sort de la maison des fleurs de camélias, qu'elle trouve magnifique. On atteint ici le comble de l'ironie: le brave samouraï, qui a tué tant de personnes, en est réduit à cueillir des fleurs à pleines poignées, pour lancer l'assaut final.

Les hommes qui se battent dans les films de Kurosawa le font parce qu'ils sont obligés de le faire, et n'éprouvent aucune satisfaction après la victoire. Au contraire, ils sont désolés ou se fondent en excuses (Sugata Sanshiro dans La légende du grand judo, Kambei dans Les Sept samouraïs, Goro Murakami dans Chien enragé...).

Akira Kurosawa déclare:
« Lorsque je tourne, le scénario n'est pas forcément précis dans les moindres détails, bien qu'en général tout soit prêt pour que je tourne exactement comme je l'avais prévu. Pour la séquence du duel final de Sanjuro des camélias entre Toshiro Mifune et Tatsuya Nakadai, je n'avais rien écrit, sauf ceci : "Je ne peux rien écrire" »

 

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