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Aidé de quatre complices, le soi-disant professeur G.H. Dorr veut réaliser le casse du siècle : vider les caisses d'un important casino situé sur un bateau à vapeur du Mississippi. Pour cela, il projette de creuser un tunnel à partir d'une maison située à proximité, maison que G.H. Dorr loue à une innocente et naïve mamma noire, Mrs. Munson. Dorr et sa bande investissent sa cave, se présentant comme des musiciens qui ont besoin de ce lieu pour travailler leur spécialité : la musique de la Renaissance. Mais la mamma n'est pas si demeurée qu'ils l'avaient cru. Le choix des associés est savamment pensé : un spécialiste en explosifs très british, un perceur de tunnel vietnamien, une brute épaisse ratée du football américain et un agent dormant peu discret infiltré sur les lieux du crime, seront ses comparses pour ce qui doit être le casse du siècle. La cave d’une vieille dame très pieuse qui fréquente assidûment l’église baptiste de la ville, Mrs. Munson, est choisie pour accomplir le méfait. Ladykillers, septième production des frères Coen présentée à Cannes, est un remake très personnel du classique Tueurs de dames, réalisé par le britannique Alexander Mackendrick en 1955 avec Alec Guinness et Peter Sellers. Si la structure principale et les rouages du film sont conservés, les spécificités des personnages et le cadre de l’action ont été complètement repensés. C’est ainsi que l’on retrouve le vieux sud cher aux frères Coen, celui qui les avait déjà inspirés pour le très loufoque O’ Brother en 2000. Dès leur tout premier film, Sang pour Sang, les Frères Coen faisaient déjà référence à Tueurs de dames : avec la réplique « Qui a l'air stupide maintenant ? » lorsque le détective privé tire sur le propriétaire du bar. Dans Tueurs de dames, c'est une phrase culte à la fin du film. Evidemment, lorsque cette bande de Pieds nickelés passe à l’action, on redoute le pire : ces hommes sont visiblement des amateurs et loin de parvenir à agir discrètement pour se couvrir, ils commettent bourde sur bourde. Ils ont de plus largement sous-estimé leur hôtesse qui, loin d’être dupe, distribue facilement des baffes et fait la morale quand elle découvre le pot-aux-roses. Il leur faudrait donc se débarrasser de cette vieille dame devenue un peu gênante. La mise en scène de ce film noir est enlevée et Tom Hanks, le successeur d’Alec Guinness, fait merveille en Professeur spécialiste des langues anciennes, grand amateur de poésie qui truffe son anglais de mots français à la moindre occasion et dont le rire tordu déchaîne l’hilarité. Mais que Tom Hanks soit un comédien hors-pair dans tout type de film n’est pas une révélation : la bonne surprise du film en matière d’acteurs revient à Irma P. Hall, très justement distinguée par le prix du Jury lors du festival de Cannes 2004. La panade dans laquelle se retrouve le quintette dans le dernier tiers du film est savoureuse et le burlesque extrêmement bien maîtrisé. Si le film n’est pas l’un des plus grands des frères Coen car moins piquant et subversif que les précédents, l’on passe néanmoins un très bon moment ; la mise en scène très rythmée, les images et la fluidité du montage frisent comme d’habitude la perfection et les performances des deux protagonistes valent à elle seules le détour. L’on s’installe très vite dans cette comédie savoureuse à l’ambiance complètement décalée. A croire qu’une réalisation moyenne d’Ethan et de Joël Coen reste tout de même un grand film et toujours, une véritable leçon de cinéma. |
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