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Tueurs de dames (The Ladykillers), film britannique de Alexander Mackendrick, sorti en 1955

Distribution:

  • Alec Guinness : Professeur Marcus
  • Cecil Parker : Claude (Major Courtney)
  • Herbert Lom : Louis (M. Harvey)
  • Peter Sellers : Harry (M. Robinson)
  • Danny Green : One-Round (M. Lawson)
  • Jack Warner : Le Superintendent
  • Katie Johnson : Mme Wilberforce
  • Philip Stainton : Le Sergent
  • Frankie Howerd : The Barrow boy

Fiche technique:

  • Titre original : The Ladykillers
  • Réalisateur : Alexander Mackendrick
  • Scénariste : William Rose et Jimmy O'Connor
  • Production : Michael Balcon et Seth Holt, pour
    Ealing Studios et The Rank Organisation
  • Musique originale : Tristram Cary
  • Photographie : Otto Heller
  • Montage : Jack Harris
  • Pays : Royaume-Uni
  • Durée : 91 minutes
  • Dates de sortie : décembre 1955 Royaume-Uni
    20 février 1956 États-Unis

Tueurs de dames, troisième film de Mackendrick, rassemble tout à la fois le film de gangster, la coquette vie britannique (Madame Wilberforce, veuve d'un officier de marine, vit seul avec ses perroquets) et, élément fondamental, le jeu. Jeu des faux-semblants (les musiciens sont des gangsters, la vieille dame est plus vive qu'elle n'en a l'air, les gangsters eux-mêmes ne sont pas aussi forts qu'ils le laissent paraître au premier abord). Mackendrick laisse le comique parler à la première personne, c'est-à-dire, parler de manière légère des choses graves, et réciproquement , et laisser libre cours à l'élément humain.

Car c'est bien lui qui vient perturber toute l'intrigue. Si le plan, parfaitement élaboré par le professeur Marcus , ne parvient pas à ses fins, c'est bien à cause d'un hasard, d'un petit quelque chose de parfaitement imprévisible parce que bénin et incontrôlable. Qui aurait pu prédire que la simplicité même de cette vieille dame à moitié gâteuse, qui joue à Pierre et le loup avec la police, deviendrait la muraille que les gangsters ne peuvent franchir. Cette simplicité confrontée à la brutalité dissimulée des gangsters donne ainsi des étincelles et donne au film ses plus belles séquences : poursuite d'un perroquet à travers la maison, l'heure du thé quand l'heure n'est pas à la détente, vaisselle faite par les gangsters pour amadouer la vieille dame.

Si Alec Guinness, avec ses airs de Dracula diabolique, tient évidemment le premier rôle, on sent derrière lui naître Peter Sellers, encore loin de ses prestations chez Kubrick ou dans la Panthère rose, mais dont la double facette maladroit-simplet laisse déjà présager ses futures pretations comiques, faisant de lui, au moins dans quelques films, un digne successeur de Alec Guinness.

Les méchants seront punis, et l’honnêteté sera, plus que largement, récompensée, dans ce film exemplaire de la comédie anglaise des années 1950. Rythme alerte, gags visuels à gogo, répliques pince-sans-rire, Tueurs de dames incarne l'âge d'or de la comédie anglaise. Le film repose sur un scénario en béton et sur la prestation savoureuse d'acteurs au talent et à l'humour so british.

Ce film est riche en trouvailles visuelles et sonores. Le gag est un effet comique obtenu lorsqu’une attente est résolue par surprise. Au début du film, Margaret Wilberforce se penche sur un landau stationné près du poste de police. Son esquisse de risette est aussitôt ponctuée d’un cri de terreur du nourrisson, tandis que la voiture d’enfant est fortement secouée de l’intérieur. L’effet comique vient de ce que l’on ne voit pas le bébé.

Vers la fin, le professeur Marcus savoure son triomphe après avoir fait disparaître le quatrième cadavre du film. Chaque spectateur commence à se poser la question du dénouement. Alexander Mackendrick ne lui laisse pas le temps de s’attarder à de telles pensées. Le bras d’un signal ferroviaire, bien en vue depuis le début de la séquence, change brusquement de position. En s’abaissant d’un mouvement aussi bref que précis, il précipite mécaniquement Marcus dans l’autre monde et dans le wagon qui passe en contrebas. Personne n’avait prévu une telle intervention du hasard et le rire savoure la trouvaille du scénariste.

Loin d'imposer un film noir, Alexander Mackendrick a su respecter les codes de la bienséance qui s’imposaient dans le genre de la comédie. Ces codes consistent à ne pas montrer les actes criminels, mais à les suggérer par des artifices de mise en scène : utilisation du clair-obscur, de l’ellipse, de la fumée des trains et des éléments de la bande-son.

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