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O'Brother , film américain de Joel Coen et Ethan Coen, sorti en 2000

Distribution:

  • George Clooney : Elliott
  • John Turturro : Pete
  • Tim Blake Nelson : Delmar
  • John Goodman : Big Dan Teague
  • Holly Hunter : Penny
  • Chris Thomas King : Tommy Johnson
  • Charles Durning : Pappy O'Daniel
  • Del Pentecost : Junior O'Daniel
  • Michael Badalucco : George "Babyface" Nelson

Fiche technique:

  • Titre complet : O Brother, Where Art Thou?
  • Réalisation : Joel Coen et Ethan Coen
  • Production : Touchstone Pictures
  • Scénario : Joel Coen et Ethan Coen inspirés par L'Odyssée d'Homère
  • Musique : T-Bone Burnett et Carter Burwell
  • Date de sortie : 30 août 2000 (France), 22 décembre 2000 (USA)
  • Film américain
  • Durée : 106 minutes

3 prisonniers décident de s'échapper de prison pour aller en quête d'un trésor... Ce film est une revisitation de l'Odyssée. On y retrouve certains personnages (Ulysse, éloigné de sa femme et qui cherche à rejoindre son foyer ; le cyclope, évoqué par le vendeur de bibles borgne) et certaines situations, comme la rencontre avec les sirènes.

Inspiré par "L'Odyssée" d'Homère, le film n'a pas d'autre ambition que de nous amuser et il y réussit. Souvent très proche de la comédie musicale en particulier la scène des sirènes, celle des Baptistes ou la cérémonie du K.K.K., O'Brother est allégé de toute noirceur et même de ce qui a toujours fait le succès des deux frères Coen, le sarcasme. Celui-ci s'est transformé en simple ironie, poussant du coup le côté farce beaucoup plus loin.

Les Coen n'ont pas peur de la caricature, au contraire ils en rajoutent toujours une couche. Les trois évadés sont des quasi demeurés: "Ulysse" Everett tout d'abord, le play-boy beau-parleur du groupe qui, se rêvant philosophe, ne cesse de raisonner dans le vide, sans cesse animé d'un optimisme à toute épreuve et obsédé par ses cheveux, sa première inquiétude à chaque réveil et par la gomina dont il ne peut se passer.

Cette idée fixe, bien sûr, détruit allègrement le côté pseudo-intellectuel du personnage. Pete est une sorte de brute abêtie, aux réactions primaires et à la diction de plouc en contraste total avec celle, soignée, d'Everett et qui rêve d'ouvrir un restaurant et d'y être maître d'hôtel en smoking. Delmar, sorte de benêt naïf, complète un trio "à la Pieds Nickelés".

De même, l'apparition délectable du gangster George "Baby Face" Nelson en permanent pétage de plomb ou les deux opposants politiques, candidats au poste de gouverneur: l'un, vieux style, représentant de grands intérêts et entourés d'incapables; l'autre se présentant comme l'ami des "petites gens", menant une campagne moderne mais chef secret du K.K.K.

Les références à L'Odyssée sont bien sûr nombreuses, même si on est loin d'une réelle adaptation de l'oeuvre d'Homère. Les principales se retrouvent dans les personnages d'"Ulysse" Everett et de son épouse... Penny (Pénélope), du géant borgne Big Dan Teague (autrement dit le Cyclope) vendeur de bibles, voleur et membre du K.K.K. ou encore des trois "sirènes". Le film utilise d'ailleurs des procédés propres à la tragédie grecque tant dans les thèmes que dans la forme : prophétie, chœur explicitant les ellipses.

Un film des frères Coen entraîne toujours un grand plaisir visuel, l'image, les couleurs étant particulièrement travaillées. De même ici où la pellicule paraît curieusement décolorée. En fait les couleurs sont désaturées sélectivement, par suppression de teintes et recolorisation numérique.

Mais à cette dimension picturale habituelle pour eux, ils en rajoutent ici une nouvelle, musicale, tout à fait exceptionnelle et ce dès l'ouverture du film: alors que l'écran est encore noir, on entend un superbe blues, mêlé au son caractéristique de masses cassant des pierres. On sait où on est: le Sud profond. L'image apparaît, nous révélant effectivement des bagnards, tous noirs, chantant et accomplissant leur rude tâche.

La musique, le Gospel et le Hillbilly s'ajoutant au blues et au country, ne va plus cesser, cimentant véritablement le film, lui donnant toute son unité au-delà des scènes disparates. Le point d'orgue est peut-être l'enregistrement d'un disque par les trois compères, accompagné de Tommy, un guitariste noir qui " a vendu son âme au diable " . Baptisé " The Soagy Bottom Boys ", soit en français " Les Culs trempés ".

Le personnage de Tommy Johnson a rééllement existé. Si dans le film les personnages principaux rencontrent Tommy Johnson à un carrefour ce n'est pas un hasard. Tommy Johnson a été le premier bluesman à parler du "Pacte avec le Diable". Il a raconté qu'il avait rencontré le diable à un carrefour. Celui-ci lui a appris à jouer le blues en échange de son âme. Cette légende sera reprise plus tard par Robert Johnson.
Le morceau que joue Tommy Johnson au coin du feu est "Hard Time Killing Floor Blues" de Skip James, autre figure emblèmatique du blues des année 20-30.

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