Les pages de Ciné-Passion . . .

La Casbah d'Alger dans les années 1930 présente un réseau inextricable de ruelles, de tripots clandestins et de louches trafics, mèlant toutes les origines.
Pépé le Moko, un truand de souche métropolitaine, y règne avec les membres de sa bande, narguant la police impuissante. Pour le capturer il faudrait qu'il quitte son fief, inaccessible aux forces de l'ordre. C'est à quoi s'emploie un autochtone, le rusé inspecteur Slimane. Profitant de l'idylle qu'a nouée Pépé avec une touriste, Gaby, et de la jalousie de sa maîtresse en titre, Inès, il attire le truand hors de sa tanière. Pépé, qui espérait s'embarquer pour la France, se suicidera devant les grilles du port.

À la veille de la guerre, une psychose de l'échec s'abat sur la production et les mentalités françaises.
La typologie des personnages (le grand caïd, la petite fripouille, le commissaire retort, la femme fatale ... ) pourrait facilement tomber dans la caricature mais témoigne de cette génération en désarroi. Et les dialogues d'Henri Jeanson visent juste.
Quelques séquences, comme l'exécution du mouchard près du piano mécanique ou la descente de Pépé vers la mer, sont des morceaux d'anthologie.

Julien Duvivier (1896-1967) est un cinéaste déjà confirmé quand il tourne Pépé le moko. Il a débuté en 1919 et a à son actif de belles réussites commerciales : Poil de Carotte, La bandera, La belle équipe. Après la guerre, il signera encore quelques oeuvres de valeur : Panique, La fête à Henriette, Voici le temps des assassins.