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Panique , un film français de Julien Duvivier , sorti en 1947

Distribution:

  • Michel Simon : Monsieur Hire (le docteur Varga)
  • Viviane Romance : Alice, la maîtresse d'Alfred
  • Paul Bernard : Alfred, le véritable assassin
  • Charles Dorat : Michelet, le secrétaire du commissaire
  • Lucas Gridoux : Mr Fortin, le pharmacien
  • Lita Recio : Viviane
  • Jenny Leduc : Irma
  • Michèle Auvray Mme Branchu
  • Josiane Dorée : Mouchette
  • Max Dalban : Mr Capoulade, le boucher
  • Madeleine Gidon : Mme Mathilde Capoulade
  • Emile Drain : Mr Breteuil dit: le petit caporal
  • Guy Favières : Mr Sauvage, le percepteur
  • Louis Florencie : L'inspecteur Marcelin
  • Marcel Perès : Cermanutti

Fiche technique:

  • Réalisation :Julien Duvivier
  • Scénario : Julien Duvivier & Charles Spaak
    d'après le roman de Georges Simenon "Les fiançailles de monsieur Hire"
  • Dialogue : Charles Spaak
  • Assistants réalisateur : Georges Régnier, Ilse Goldblatt
  • Directeur technique : Ralph Habib
  • Image : Nicolas Hayer, assisté de André Germain, Paul Souvestre et Claude-Noël Martin
  • Montage : Marthe Poncin, assistée de Mme Kegels
  • Musique : Jean Wiener, chanson de Jacques Ibert
  • Chef de production : Pierre O'Connel
  • Directeur de production : Pierre Duvivier
  • Tournage dans les studios de La Victorine à Nice
  • Durée : 100mn
  • Date de sortie : 15 janvier 1947

Dans un quartier populaire d' une agglomération de banlieue parisienne, alors que s'installent des forains, un crime vient d'être découvert. Une vieille demoiselle a été assassinée et le vol semble avoir été le mobile du meurtre. Le quartier est bouleversé, à l'exception de M. Hire, un célibataire original et qu'on n'aime guère. L'assassin, Alfred, un vaurien gominé, et sa maîtresse Alice font porter le chapeau à l'étrange M. Hire. Le bizarre et presque inquiétant Monsieur Hire est soupçonné, c'est un coupable idéal.

La police délègue sur les lieux l'inspecteur Michelet, qui s'attache à vérifier le comportement d'Alfred. Il vit avec une certaine Alice, belle fille hardie et provocante, qui a remarqué combien elle trouble M. Hire. Celui-ci l'aborde, lui fait comprendre qu'il a découvert qu'Alfred est coupable. Quand Alice affolée interroge son amant, le mauvais garçon avoue. Alice décide de séduire M. Hire; elle se fait passer pour une victime, multiplie les rencontres, amène le misanthrope à se déclarer et finit par dissimuler le sac de la victime dans la chambre du vieux garçon.

Cependant, les gens du quartier voient l'enquête piétiner, ils s'irritent, leur rancœur envers M. Hire augmente et explose. On force sa porte, on commence à déménager ses meubles et on trouve la pièce à conviction. L'inspecteur doit se rendre à l'évidence. Alice va se charger de faire arrêter M. Hire. Dans un dernier sursaut celui-ci joue son va-tout. Traqué, Hire se réfugie sur les toits d'où il tombe et se tue. Toutefois, le regard de l'inspecteur Michelet ne quitte pas le couple qui s'imagine avoir conquis l'impunité.

Un remake du film a été réalisé en 1989 par Patrice Leconte. Dans Monsieur Hire, le rôle titre était repris par Michel Blanc.

Julien Duvivier aimait filmer la vérité à l'état brut. Panique est un chef-d'œuvre absolu, aussi riche par son fond, noir comme l'encre de la délation et le rimmel des garces, que dans ses trouvailles visuelles, d'une modernité qui laisse encore pantois aujourd'hui.

Duvivier met sa noirceur légendaire au service de beaux moments de cinéma. Le panoramique qui démarre du haut de l’immeuble pour découvrir le pied de la morte via le camion des forains, la séance des autotemponeuses qui préfigure la scène finale, où Hire tente de s’échapper par les toits mais finit par s‘effondrer au sol.

Duvivier est certainement un cinéaste naturaliste : la pulsion de mort est rappelée par le boucher qui remarque que Hire demande du steak saignant et l’impossibilité de s’échapper par le haut (le ciel, l’île, le rêve) pour être ramené à la terre et aux loups (L’île qu'il a désertée n’est pas celle de l’amour mais des loups) et y mourir.

C'est en plans serrés que Duvivier nous force à regarder suinter la médiocrité et la veulerie sur le visage des hommes. Les femmes ne valent pas mieux, capables du pire par amour ou par bêtise, ce qui revient souvent au même chez ce cinéaste sans illusions. Et quel sens de l'espace chez ce technicien pointilleux qui savait, à l'occasion, rectifier un décor ou remplacer un chef opérateur.

Après que la spirale infernale a été enclenchée, que la foule a révélé sa face hideuse, pour parfaire encore l'ambiance de cauchemar éveillé, il laisse M. Hire seul sur la place. Pantin pathétique pris de vertige au centre d'un cercle de haine. Puni d'avoir cru, un moment, à la bonté du monde. Victime expiatoire d'une foire populaire qui peut passer de la liesse au lynchage.

Jean Renoir voyait en Duvivier un poète. Panique est un poème cru(el) et désespéré, sa grande œuvre au noir

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