Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites) de Miguel Gomes, film portugais, en 3 parties, sorti en 2015 |
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Distribution:
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Fiche technique:
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Dans un pays d'Europe en crise, le Portugal, un réalisateur se propose d'écrire des fictions inspirées de la misérable réalité dans laquelle il est pris. Mais incapable de trouver un sens à son travail, il s'échappe lâchement et donne sa place à la belle Schéhérazade. Il lui faudra bien du courage et de l'esprit pour ne pas ennuyer le Roi avec les tristes histoires de ce pays ! Alors qu'au fil des nuits l'inquiétude laisse place à la désolation et la désolation à l'enchantement, elle organise ses récits en trois volumes. Elle commence ainsi : « Ô Roi bienheureux, on raconte que dans un triste pays parmi les pays... » Volume 1, l'Inquiet Volume 2, le désolé Volume 3, l'enchanté Comme Miguel Gomes le répète à chaque début des trois volumes , « ce film n’est pas une adaptation du livre Les Mille et Une Nuits mais il s’inspire de sa structure ». Schéhérazade est là, elle doit toujours raconter des histoires afin d’éviter que le roi de Perse, Shahryar, ne se lasse d’elle et la tue. Mais ces histoires ne sont pas celles du conte, et si elles contiennent des voleurs et des voyageurs, ceux-ci sont des Portugais de 2014. Car le personnage principal du film est le peuple portugais, victime de la politique d’austérité. Le premier volume de ces Mille et Une Nuits , intitulé « L’Inquiet » est sans doute le plus déconcertant. Les vingt premières minutes évoquent très sensiblement les expérimentations et la mise en abyme et puis l’entêtante chanson « Perfidia » accompagne une princesse sur un hors- bord, et c’est le premier récit qui commence. La fragmentation en récits, plus ou moins féeriques et drôles, austères ou décalés, à la limite du documentaire ou s’en éloignant fortement, est loin d’être artificielle tant les Portugais portent à eux seuls l’unité de la fresque. Le premier volume est à la fois le plus enfantin et le plus politique, le burlesque et le ridicule entourent ainsi l’absence d’états d’âme des membres du gouvernement, tandis que les incendies qui ont ravagé le pays durant l’été 2014 se trouvent être au cœur d’un triangle amoureux pré-adolescent. Le dernier récit de ce volume opère alors un brusque retour à la réalité, où l’on trouve à la fois le plus long plan du film et le plus beau. Le pari fou du film, écrit et improvisé pendant le tournage au gré des rencontres, le mélange des genres et l’impossible exhaustivité lorsque l’on traite un tel sujet ( seulement quelques nuits sont évoquées) n’empêchent pas l’émotion car le regard de Miguel Gomes est profondément humain. Son film est social et politique sans être inutilement militant ou revendicateur. |
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