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Julia film français de Érick Zonca, sorti en 2008


Distribution:

  • Tilda Swinton : Julia
  • Saul Rubinek : Mitch, fidèle ami de Julia, ancien participant aux alcooliques anonymes
  • Aidan Gould : Tom, le garçon de 8 ans enlevé par Julia
  • Kate del Castillo : Elena, la voisine mexicaine de Julia et mère de Tom
  • Bruno Bichir : Diego Rodriguez, la première rencontre de Julia à Tijuana
  • Horacio Garcia Rojas : Santos, le ravisseur mexicain
  • Jude Ciccolella : Nick, l'ex de Julia qui refuse de collaborer à l'enlèvement
  • Gaston Peterson : Miguel, le « taxi » qui sert d'intermédiaire avec les kidnappeurs mexicains
  • Eugene Byrd : Leon, fournit le révolver à Julia
  • Kevin Kilner : Johnny
  • John Bellucci : Phillip

Fiche technique:

  • Réalisateur : Érick Zonca
  • Scénario : Aude Py et Érick Zonca
  • Adaptation du scénario : Roger Bohbot et Michael Collins
  • Collaboration artistique : Camille Natta
  • Directeur de la photographie : Yorick Le Saux
  • Producteur : Allen Bain, Jeremy Burdek, Bertrand Faivre
  • Coproduction: France | USA | Mexique | Belgique
  • Durée : 138 minutes
  • Date de sortie : 12 mars 2008
Fiche IMDB

Julia est une femme à la dérive, alcoolique et solitaire. Ses seuls contacts sociaux sont les réunions des alcooliques anonymes, auxquelles elle se rend sans conviction, et les hommes d'un soir, aussitôt oubliés dès l'ébriété dissipée. Après qu'elle a été renvoyée de son travail, elle se retrouve endettée et sans ressources.

Elle accepte alors la proposition d'Elena, une autre âme égarée, de l'aider à kidnapper le fils qui lui a été retiré pour être confié à son grand-père. Quand elle s'aperçoit qu'Elena n'a pas l'argent promis, elle enlève seule l'enfant pour réclamer une rançon au grand-père, un riche industriel.

De drame sentimental, le film se transforme alors en road movie. Julia se lance dans un périple, tant géographique qu'intérieur, qui la mènera de Los Angeles à Tijuana. Lorsque le garçonnet, pour lequel elle n'a manifesté jusque là aucune tendresse, est enlevé par des ravisseurs mexicains, elle fait tout pour le retrouver, quoi qu'il doive lui en coûter.

Érick Zonca réalise Julia plus de 10 ans après le succès de La Vie rêvée des anges, son dernier film. Julia est en grande partie inspiré par Gloria (1980) de John Cassavetes. Dans La Vie rêvée des anges, déjà, Erick Zonca ne lâchait jamais ses héroïnes, effaçait leur psychologie au profit des sensations qu'elles éprouvaient et des actes qu'elles commettaient. Ce sentiment de dissection, on l'éprouve en contemplant cette soeur américaine des « anges », qui démarre au plus bas : quadragénaire totalement alcoolique, démolie autant par elle-même que par la vie, elle kidnappe le gamin, petit-fils d'un milliardaire mourant et fils d'une femme aussi paumée qu'elle, à qui elle avait promis son aide.

La mise en scène de Érick Zonca se distingue dans sa façon d'utiliser le moindre détail, chaque visage de figurant, pour créer l'inquiétude. Et plus la mise en scène se fixe, plus Julia agit. Elle entame un périple. Elle qui cahotait, zigzaguait, s'effondrait, file droit, désormais, moins pour l'argent que pour renaître à ses yeux et aux nôtres.

Ce film de deux heures et demie doit beaucoup à la personnalité de son interprète principale, Tilda Swinton. Cette Julia, c’est elle, comme la Gloria de John Cassavetes se confondait avec Gena Rowlands. Il y a beaucoup de points communs entre ces deux femmes encombrées d’un enfant qui n’est pas le leur et la façon dont elles sont filmées. Le réalisateur se focalise sur une situation et en observe toutes les péripéties. Chez lui, ce sont les personnages qui priment.

Julia est à la fois un Road Movie, à savoir un film qui avance en accompagnant ses protagonistes, mais aussi un thriller, en raison de son point de départ, et une étude de mœurs, dans la mesure où Zonca accorde une attention particulière à ses personnages. Mais le décor est aussi un personnage, le film se déroule aux États-Unis et au Mexique, au carrefour de deux mondes. En traversant l’Atlantique, Zonca a suivi la voie de cinéastes européens comme Michelangelo Antonioni avec Zabriskie Point ou, plus tard, Bruno Dumont dans Twentynine Palms, qui ont souhaité goûter au parfum d’une autre terre dont les grands espaces appartiennent à l’imaginaire de n’importe quel cinéphile.

La durée de son film est dictée non par le sujet, qui peut se raiter en quatre-vingt-dix minutes, mais par le rythme qu’il imprime à chaque séquence, notamment par sa façon de diriger Tilda Swinton. Celle-ci peut ainsi investir son rôle avec une intensité rare, sans se contenter de jouer une partition déjà écrite. Du coup, les plus belles scènes sont celles au cours desquelles elle se livre totalement. Le revers de cette méthode, c’est que ses partenaires ne disposent que des miettes, y compris son jeune partenaire, en fait relégué à une fonction subalterne. Tout l’intérêt de Julia réside précisément dans ce portrait de femme sublimé par une interprète au sommet de son art.

 

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