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Godzilla ( ゴジラ , Gojira ) film japonais de Ishirô Honda , sorti en 1954

Le monstre Godzilla


Distribution:

  • Akira Takarada : Hideto Ogata
  • Momoko Kôchi : Emiko Yamane
  • Akihiko Hirata : Daisuke Serizawa-hakase
  • Takashi Shimura : Kyohei Yamane-hakase
  • Fuyuki Murakami : le professeur Tanabe
  • Sachio Sakai : le journaliste Hagiwara
  • Toranosuke Ogawa : le directeur de la société Nankai
  • Miki Hayashi : le président du comité
  • Takeo Oikawa : le chef des secours
  • Seijiro Onda : le parlementaire Oyama
  • Tsuruko Mano : la mère de Shinkichi
  • Toyoaki Suzuki : Shinkichi, le jeune frère de Masaji
  • Ren Yamamoto : le pêcheur Masaji
  • Kokuten Kodo : le vieux pêcheur
  • Kin Sugai : Ozawa-san

Fiche technique:

  • Titre original : ゴジラ , Gojira
  • Réalisation : Ishiro Honda
  • Scénario : Ishiro Honda et Takeo Murata
  • Musique : Akira Ifukube
  • Photographie : Masao Tamai
  • Montage : Kazuji Taira
  • Production : Tomoyuki Tanaka
  • Société de production : Tôhô
  • Format : Noir et blanc - Mono - 35 mm
  • Durée : 98 minutes
  • Date de sortie : 3 novembre 1954

Encore traumatisé par les attaques de Nagasaki et Hiroshima, le Japon trouve à travers Godzilla un moyen de montrer les ravages causés par la bombe. Plusieurs scènes, plusieurs images y sont directement liés, la ville détruite, en flamme, après le passage du monstre ou alors l'impuissance de l'armée japonaise face au dinosaure radioactif. D'autres scènes bien plus dures, semblent s'inspirer directement de la réalité. L'une des plus poignantes : une infirmière mesurant le taux de radioactivité sur des enfants, faisant un signe d'impuissance de la tête, ou encore l'hôpital surpeuplé, les enfants en larme. Tout ceci est renforcé par deux choix de mise en scène essentiels : un scénario filmé comme un documentaire, alternant les annonces officielles, les discussions de savants, les plans sur les quotidiens nationaux, mais aussi un noir et blanc austère donnant aux décors détruits beaucoup plus de poids. D'ailleurs la ressemblance entre les photos d'Hiroshima après la bombe et les décors du film, sur deux ou trois plans particuliers, est totale.

Godzilla, le célèbre dinosaure radioactif, est né en 1954 avec le film du même nom le mettant en scène. Suite aux explosions nucléaires des bombes qui détruisirent Hiroshima et Nagasaki, certains organismes connurent des mutations, Godzilla bien sûr, mais aussi d'autres monstres qui feront leur apparition dans les films suivants. Godzilla symbolise la folie des hommes et leur inconscience à manipuler des armes meurtrières comme la bombe atomique. Le message que veut faire passer Hinoshiro Honda, le réalisateur, est humaniste, et on peut voir une certaine morale dans ce film, au-delà de l'aspect monstre en plastique.

En 1952, King Kong connaît une re-sortie mondiale sur grand écran, et rapporte une fortune au box-office. Cette bonne affaire commerciale ne passe pas inaperçue aux yeux des producteurs du monde entier, y compris au Japon, du côté de la Tōhō. En 1953,  le film de monstre est une bonne source de revenus, et divers projets sont mis en chantier par les studios. Le producteur japonais Tomoyuki Tanaka qui venait de voir un gros projet abandonné, pense à faire un film de monstre. Plusieurs types de monstres sont alors proposés (un poulpe géant puis petit à petit celui d'un monstre gorille-baleine voulu par Tanaka), sous le nom de Gojira. Mélange de Gorira (gorille) et Kujira (baleine).

Le nom d'origine japonais de Godzilla est Gojira (ゴジラ), il est formé d'une combinaison de deux autres mots japonais : gorira (ゴリラ, "gorille") et kujira (鯨 (くじら), "baleine"). Ce nom serait issu d'une phase de plans préparatoires où Godzilla fut décrit comme « un croisement entre un gorille et une baleine » en référence à sa taille, sa force et ses origines aquatiques.

C'est Tomoyuki Tanaka (1910-1997) qui créa Godzilla pour la société Tōhō en 1954. Le premier film fut tourné sous la direction de Ishiro Honda, moins de dix ans après les attaques américaines au moyen de la bombe atomique sur les villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki. Ce film fut fortement censuré aux États-Unis où il fut remonté, notamment pour y inclure des scènes tournées avec l'acteur Raymond Burr. La diffusion de ce film en vidéo par la société HK, dans les années 1990 en format VHS, a repris son montage originel.

Godzilla a révolutionné le genre des « films de monstres géants » grâce à la série de films à son sujet, produite à partir de 1954. Les animations de Godzilla étaient, en effet, réalisées en remplaçant les marionnettes habituellement utilisées par un acteur au costume assez réaliste pour l'époque. La thématique du monstre exploite aussi des thèmes écologiques et la peur de la bombe atomique, ce qui lui assura, et lui assure toujours un grand succès dans l'archipel nippon.

Un univers de fiction cohérent s'est bâti autour de Godzilla grâce aux très nombreux films où il est décrit comme un monstre qui demeurait enfoui sous terre et fut réveillé par des essais nucléaires. Il détruit alors des villes et affronte plusieurs autres monstres créés pour l'occasion, comme Mechagodzilla et Ebirah, ou des créatures provenant des univers de fiction d'autres « films de monstres », comme Mothra, Rodan et King Kong. Vu à l'origine comme un ennemi de l'humanité qui détruit son environnement naturel souterrain par des expériences nucléaires, Godzilla évolue au fil des scénarios pour devenir l'allié des hommes contre des ennemis extra-terrestres. En plus de ses films japonais d'origine, Godzilla apparait dans de nombreux comic books, des jeux vidéo, et un roman.

Sous la plume du romancier de science-fiction Shigeru Kayana est engagé pour écrire le script. L’histoire prenait une tournure plus « gothique » à la Frankenstein, un thriller mâtiné de maison hantée et de kaiju eiga, directement inspiré de King Kong et du Monstre des Temps Perdus. Ce projet fut abandonné… Mais le monstre qui est retenu par la Tōhō est un dinosaure atomique, mais le nom Gojira fut conservé.

Pour incarner le monstre, on utilisa une technique qui sera propre au genre : un cascadeur costumé. Le sculpteur Sadami Toshimitsu a construit trois prototypes en argile du monstre. Le premier modèle réduit s’approchait de très près du tyrannosaure mais avec une tête plus grande et, de plus, le corps était couvert d’écailles puisque Gojira est une créature amphibie. Le second modèle, surnommé « Gojira bosselé », s’éloignait du tyrannosaure. Plus massif, ses écailles ont été supprimées, remplacées par une peau plein de protubérances. Finalement, le troisième prototype, le « Gojira alligator » fut choisi : Il présentait les caractéristiques et les proportions du « Gojira bosselé » mais le grain de la peau consistait en de nombreuses protubérances épidermiques disposées de façon linéaire et plus composée.

D’après le prototype, Sadami Toshimitsu et Kanzi Yagi construisirent le « costume » de Gojira, sous la supervision de Tsuburaya. Mais Gojira n’est pas seulement joué par Haruo Nakajima dans un costume. On a aussi utilisé une petite marionnette animée par les doigts de la main d’un technicien, ainsi qu’une petite figurine mécanique radiocommandée. Le premier Godzilla fut tourné à Toba et Tōkyō,sous la direction d’Inoshiro ou Ishirō Honda en 1954 et Akira Ifukube à la musique. Ce film est un très gros succès au Japon avec plus de 9 millions de spectateurs.

Le film est une immense métaphore, un amiral japonais ne déclarait-il pas, après l'attaque de Pearl Harbor : ""Nous avons réveillé un géant endormi"". Il se pourrait même que cette phrase ait inspiré directement les scénaristes. Le personnage du savant écologiste est, à ce titre, tout à fait représentatif, il ne veut pas détruire le monstre mais l'étudier, on peut l'interpréter de nombreuses manières, un message écologique simple bien sur, mais aussi une volonté d'empêcher le phénomène de se reproduire, en le comprenant mieux. Comme il le dit, à la fin du film, et, les scénaristes ne pensaient pas encore au succès du film et à ses nombreuses suites : "Il y aura d'autres Godzilla".

Il y a aussi un personnage tout à fait passionnant, le savant inventeur de l'arme qui peut détruire le monstre, sa présence est tout à fait symbolique et à souvent été interprétée comme un avertissement : OK, vous avez la bombe, mais attention, on pourrait trouver pire. Tout à fait dans le ton du film, surtout si l'on considère la fin et en particulier la très belle et très poignante scène du sacrifice.

Malgré la faiblesse de certains  effets spéciaux, les scènes de genre sont plutôt réussies, les maquettes très soignées, l'acteur-déguisé assez souvent crédible ; filmés en accéléré, projetés à une vitesse normale, les mouvements prennent l'envergure nécessaire et enfin, les décors apocalyptiques sont plus qu'honorables.

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