Le film se déroule pendant la seconde guerre mondiale, à
Java, dans un camp de prisonniers. Des soldats anglais sont détenus par
des soldats japonais. Le capitaine Yonoï dirige le camp, secondé par le
sergent Gengo Hara .
Le colonel John Lawrence , anglais bilingue, joue l'intermédiaire entre
les japonais et les anglais.
Un premier incident ébranle la routine du camp lorsqu'un garde coréen
ayant eu des relations sexuelles avec un prisonnier hollandais se fait
hara-kiri.
Yonoi suspend la cérémonie funéraire pour assister au procès d'un
officier, le troublant Major Jack Celliers, pour lequel il voue une troublante
passion. Assistant au jugement du Major , le capitaine Yonoï lui permet
d'échapper à la peine de mort et de rester prisonnier au camp. A parti
de là, se nouent des jeux d'oppositions et d'attirances, des histoires
d'amour homosexuelles et d'interdit.
Le film se situe où s'établissent les codes de la guerre, entre honneur
du code et tabou. Une des premières discussions qui a lieu entre le sergent
Hara et Lawrence à propos de l'homosexualité entre le coréen et l'hollandais
montre le fossé entre japonais et anglais. - Hara : " Vous avez tous
peur des pédés. Un samouraï n'en a pas peur ! " - Lawrence : "
La guerre renforce l'amitié entre les hommes. Mais tous les soldats ne
deviennent pas pédés. " - Hara : " Vous n'êtes que des prisonniers.
Pas des soldats. Vous n'avez aucune discipline. C'est pour ça que vous
m'implorez. C'est honteux. "
Lawrence représente le personnage qui semble comprendre les japonais.
C'est ce que ceux-ci lui laisse croire jusqu'à ce qu'il ne saisisse plus
leur comportement.
Quand Lawrence va voir Yonoï qui s'entraîne au sabre pour lui demander
d'arrêter son entraînement qui gène les malades , au moment où Lawrence
et Yonoï semblent s'accorder par une discussion sur des souvenirs communs
au Japon, le passé de Yonoï ressurgit avec ses devoirs.
Il prépare aussitôt l'exécution du soldat coréen. Et la rupture s'établit
lorsque, devant l'autel où Hara officie au rite funéraire du soldat qui
s'est suicidé de n'avoir pas pu tuer Celliers, Yonoï expose le jeu de
mort et de vie qui s'établit sur l'ordre du crime à la punition, accusant
Lawrence de l'introduction de la radio dans le camp .
Lawrence est donc le personnage qui possède le plus de compassion
envers les japonais et qui cherche à les rejoindre, si ce n'est dans leur
logique, au moins les retrouver sur un plan humain. Ce que Lawrence n'attend
plus se passe lorsque Hara, saoul, libère Lawrence et Jack et leur souhaite
un joyeux noël. Moment d'échange, quand l'alcool libère des inhibitions.
Mais, là où la relation s'arrête entre le sergent Hara et Lawrence, Celliers
va plus loin dans sa relation avec Yonoï. Si Lawrence s'arrête aux codes
de l'amitié, Celliers dépasse la raison pour accéder à l'amour.
Apogée de la relation ambigu entre Celliers et Yonoï, lorsque le capitaine
va trancher la tête de l'officier qui dirige le groupe d'évadés
anglais, Jack s'avance vers Yonoï dans un instant où le temps semble s'être
arrêté. Il l'agrippe et l'embrasse sur les deux joues. Images saccadées,
mouvement fraternel et plus, message d'adieu et d'amour. A partir de là,
le film rassemble les pardons des personnages qui gravitent autour de
Jack. Il retrouve son frère en rêve qui l'excuse. Yonoï revient de nuit
chercher une touffe de cheveux pour le commérer sur son autel. Tout un
processus respectueux, où chaque personnage appose ses mouvements dans
un temps d'observation de l'autre.
La fin du film se place quatre ans plus tard. La guerre est finie
et Lawrence rend visite au sergent Hara en prison, toujours à Java.
Ici, les rôles s'inversent, et la compassion de Lawrence n'a fait qu'augmenter.
Deux répliques résument bien le choc des cultures.
Au début du film, Hara dit à Lawrence prisonnier: 'Je vous admirerais
plus si vous vous suicidiez. Comment un officier de votre rang peut-il
supporter d'avoir été capturé?'
En 1946, quand les rôles sont inversés, Lauwrence lui répond: 'Vous
êtes maintenant victime d'hommes qui sont certains d'avoir raison, avec
une certitude aussi absolue que la vôtre jadis.'
Oshima a fait des choix surprenants mais très efficace pour
ses acteurs.
Lawrence est interprété par Tom Conti, un acteur de théâtre qui a notamment
joué dans Les Duellistes de Ridley Scott.
Hara, personnage à la fois jovial et cruel, qui symbolise le peuple, par
Takeshi Kitano, aujourd'hui acteur et réalisateur bien connu, mais à l'époque
comique populaire seulement au Japon.
Yonoï est un samouraï. Pour l'incarner, Oshima a choisi Ryuichi Sakamoto,
du Yellow Magic Ochestra, qui débute au cinéma. Il est aussi l'auteur
de la magnifique et hiératique bande-son , que Bowie a refusé de composer
pour pouvoir être totalement crédible en tant qu'acteur.
Bowie, depuis toujours fasciné par le Japon, donne donc la réplique à
une sorte d'alter ego nippon. Bowie et Sakamoto, deux visages, l'un occidental,
l'autre oriental, d'une même identité artitisque, celle de la scène pop,
jointe à une même singularité, celle d'une recherche visuelle menée en
parallèle d'une recherche musicale.
Le tournage s'est déroulé à Rarotonga, dans les îles Cook. Le scénario
est tiré d'une nouvelle de Laurens Van Der Post, auteur britannique
qui fut prisonnier de guerre pendant quatre ans dans un camp japonais.
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