Le film se situe à Londres à la fin du XIXème siècle.
Le docteur Jekyll est un gentleman respectable. Il se livre dans son laboratoire
à de redoutables expériences scientifiques, qui doivent lui permettre
de séparer chez l'être humain le Bien du Mal. Se servant de lui-même comme
cobaye, il se transforme la nuit en Mr Hyde, une créature simiesque aux
instincts de brute.
Sous cette forme, il terrorise une prostituée, lvy Parsons. Un jour, il
ne pourra plus redevenir le digne Jekyll et mettra en danger son entourage,
qui devra l'abattre.
La conception du mythe Jekyll /Hyde par Mamoulian est originale :
« Ce qui m'intéressait, dit-il, c'était de montrer les rapports entre
la Nature et la Civilisation, sans porter de jugement moral. »
Son Jekyll est un puritain refoulé, Hyde un primate jouisseur. Mamoulian
reconstitue avec minutie le climat de l'Angleterre victorienne, peaufine
le maquillage de son interprète, Fredric March, multiplie les effets de
caméra subjective et les truquages sonores.
Une scène est restée fameuse : le lent déshabillage d'Ivy devant Hyde
fasciné. La caméra s'attarde sur la jambe gainée de soie de la fille qui
oscille lentement. C'est un modèle de suggestion érotique compatible avec
le code moral du cinéma de l'époque.
Remakes:
L'impact spectaculaire du roman fantastique imaginé par R. L. Stevenson
est si évident qu'il inspira une version théâtrale peu de temps après
sa publication. Le cinéma prit le relais dès 1908, et depuis lors les
adaptations se sont multipliées (on en a dénombré une cinquantaine).
La plus somptueuse , avec celle de Rouben Malounian, est signée Victor
Fleming (États-Unis), en 1941. La plus cocasse Dr Jerry et Mr. Love,
de Jerry Lewis (1961), la plus personnelle, Le testament du Dr. Cordelier
de Jean Renoir (France, 1959). On peut néanmoins
tenir le film américain de 1932 pour la version de référence. Son auteur,
Rouben Mamoulian (1898-1987), était l'une des personnalités les plus fortes
de Hollywood.
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