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Jean Renoircinéaste français, puis américain (biographie) (filmographie)
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Jean Renoir est né à Montmartre (Paris) le 15 septembre 1894. Il est le
second fils du peintre impressionniste Pierre-Auguste Renoir. Il apparaît sur
de nombreuses toiles de son père, en particulier dans les bras de sa mère Gilberte
ou aux cotés de son frère Claude (Coco)
Ses films, longtemps incompris et mésestimés, apparaissent aujourd'hui comme
ayant profondément marqué les mutations du cinéma français entre 1930 et 1950,
avant d'ouvrir la porte à la Nouvelle Vague du cinéma français. François
Truffaut sera particulièrement influencé par Jean Renoir.
Après des études médiocres, Jean Renoir s'engage dans le corps des dragons
en 1912.
Soldat en 1914, il sert dans l'aviation à partir de 1916. Il rapporte de la
guerre une blessure à la jambe qui le fit boiter toute sa vie.
En 1920, il épouse l'un des modèles de son père, Andrée Heuchling, et s'installa
comme céramiste. La sortie, en 1921, du film d'Erich von Stroheim Folies de
femmes (Foolish Wives) décide de la suite de sa carrière.
Soutenu par sa famille, il réalise son premier long-métrage, la Fille de l'eau
(1924), une fable bucolique à l'esthétique impressionniste, dans lequel jouent
sa jeune épouse -qui avait pris le pseudonyme de Catherine Hessling- et son
frère aîné, Pierre Renoir.
L'accueil mitigé réservé au film ne décourage cependant pas le cinéaste, qui
se lance peu après dans une production coûteuse, Nana (d'après Émile Zola, 1926),
puis dans une série de réalisations aux inspirations très diverses (la Petite
Marchande d'allumettes, d'après Andersen, (1928); Tire-au-flanc, comédie militaire,
1928) qui ne surent pas toujours convaincre le public.
En 1931 il réalise "On purge Bébé", d'après Feydeau, le tournage est bouclé
en six jours seulement ( un exploit dans l'histoire du cinéma) et le film rencontre
un vrai succès populaire.
La Chienne (1931) marque un tournant dans œuvre de Jean Renoir. C'est un
des premiers films parlants, adapté d'un roman de Georges de la Fouchardière.
La Chienne offrait à Michel Simon l'un de ses plus beaux rôles , celui d'un
petit-bourgeois jaloux, assassin et veule.
Après la Nuit du carrefour (d'après Georges Simenon, 1932), dans lequel Pierre
Renoir interprétait le commissaire Maigret, le réalisateur tourne une série
impressionnante de chefs-d'œuvre: Boudu sauvé des eaux (avec, de nouveau, Michel
Simon, 1932), le Crime de M.Lange (avec Jules Berry, 1935), Une partie de campagne
(1936, sorti en 1946) dont son neveu, Claude Renoir, signe la photographie,
et les Bas-fonds (avec Louis Jouvet, 1936).
Puisant son inspiration dans les romans de Gorki ou dans les nouvelles de Maupassant,
Jean Renoir fait preuve d'un sens aigu du réel, qu'il met au service d'un véritable
naturalisme poétique.
Il fait peu à peu appel à des collaborateurs (Jacques Prévert, Roger Blin)
qui donnent à sa production une dimension ouvertement politique, marquée par
les idées du Front Populaire: La vie est à nous, (1936); le Crime de Monsieur
Lange, la Marseillaise, (1936).
Cette tendance allait ouvrir la voie au néoréalisme italien. Avant la Seconde
Guerre mondiale, Jean Renoir essaye, avec "la Grande Illusion" (1937), de promouvoir
un message de paix entre les nations européennes, en faisant tourner, en guise
d'hommage, son père spirituel Erich von Stroheim aux côtés de Jean Gabin.
Dans la Bête humaine (1937), il s'efforce de mettre en scène les enjeux sociaux
de l'époque. Dans son chef-d'œuvre, la Règle du jeu (1939), il prévoyait l'effondrement
des valeurs humanistes et brossait un tableau sans complaisance des mœurs de
la société bourgeoise française.
Le film participe à la naissance d'un nouveau style cinématographique, aussi
bien dans le découpage de l'espace que dans le montage discontinu du temps de
l'action.
Devançant l'arrivée des troupes allemandes, il s'exile aux États-Unis en
1940 (laissant inachevée une adaptation de la Tosca par Victorien Sardou, qui
sera finalement tournée par Carl Koch).
Jean Renoir prend la nationalité américaine. Il s'adapte difficilement au système
hollywoodien, il réalise néanmoins plusieurs films de commande, notamment des
films de propagande (Vivre libre! / This Land is mine, avec Charles Laughton
en 1943; Salut à la France / A Salute to France, 1944) et des adaptations littéraires
(le Journal d'une femme de chambre/ The Diary of a Chambermaid, d'après Octave
Mirbeau, 1946), avant de partir en Inde tourner "le Fleuve" (The River, 1951),
film en couleurs, contemplatif et serein, d'un humanisme parfois désenchanté.
Ce film eut une influence durable sur le cinéma indien lui-même.
De retour en Europe au début des années 1950, Jean Renoir tourne encore
le Carrosse d'or (d'après Prosper Mérimée, 1952), French Cancan (avec Jean Gabin
et Françoise Arnoul, 1955), Elena et les Hommes (avec Ingrid Bergman et Jean
Marais, 1956) et le Caporal épinglé (d'après Jacques Perret, 1962), donnant
ainsi le pendant désenchanté de "La grande Illusion".
Rencontrant des difficultés de plus en plus importantes à produire ses films,
il se tourne alors vers la télévision (le Petit Théâtre de Jean Renoir, 1969-1971)
et se consacre plus largement à l'écriture : il publie un livre sur son père,
Renoir, mon père (1962), son autobiographie, Ma vie et mes films (1974), un
essai (Écrits 1926-1971, 1974), quelques pièces de théâtre (Orvet, 1955) ainsi
que plusieurs romans (les Cahiers du capitaine Georges, 1966; le Crime de l'Anglais,
1979). En 1970, il prend sa retraite à Beverly Hills, où il meurt en le 12 février
1979.