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Krzysztof Kieslowskicinéaste polonais (biographie) (filmographie)
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Perturbé par la maladie de son père (tuberculose), il vit
une enfance solitaire et se plonge dans la lecture.
À 16 ans, à la mort de son père, il entre au Collège des techniciens du théâtre
de Varsovie, où il apprend la décoration. Il se passionne pour la mise en scène
de théâtre et entre finalement à l'Académie du film de Lodz.
Il se fait remarquer pour ses dons et son charisme. Il en sort diplômé
en 1969.
Il n'aborde pas la fiction, considéré alors comme un mode bourgeois, mais le
documentaire, plus en conformité avec le modèle économique de la Pologne
de l'époque.
Il en réalise une vingtaine, sous forme de court-métrages, de moyens-mètrages
ou de documentaires de télévision . Bien intégré dans la société polonaise,
Kieslowski n'est pas un communiste aveugle. Il y croit , mais il est conscient
des lacunes et des erreurs du communisme.
Il se servira de ses films pour montrer les incohérences internes du système.
On trouve ainsi généralement dans ses documentaires d'un côté, des individus,
riches de leurs forces, de leur détermination et de l'autre la bureaucratie
décalée et inopérante par rapport à cette force vive.
Il ne développe jamais de critique fondamentale du système ( impossible de toute
façon dans le système de production locale) mais se penche toujours sur le rapport
de l'humain à la société.
Progressivement, sa vie privée filtre dans les sujets qu'il aborde. Quand
sa femme est enceinte, il tourne l'histoire d'un couple non marié dont la femme
tombe enceinte et suit le couple jusqu'à la naissance ("Premier amour").
S'interrogeant sur le métier d'artiste, il en créé un dossier pour "Curriculum
Vitae" (court-métrage), dossier qui sera le sujet de discussion d'un groupe
du Parti qui s'interroge sur l'exclusion d'un artiste.
C'est après que son père soit atteint de tuberculose qu'il entreprend "La
radiographie" (court-métrage)
La transition vers la fiction a lieu avec "La cicatrice", très proche encore du documentaire social avec les passages "réunions du parti". Ses films possèdent de grandes qualités mais Kieslowski ne reçoit aucune reconnaissance intellectuelle, et l'Occident l'ignore.
Ce sont les dix films du Décalogue qui lui apportent la célébrité mondiale en 1988. Seulement, la gloire et la célébrité lui laissent un goût amer dans la bouche. Ces films du Décalogue ne sont pas forcément de meilleure qualité que ses films précédents et pourtant, eux, suscitent une avalanche de louanges en Europe de l'Ouest.
Kieslowski réalise ensuite la trilogie Bleu, Blanc, Rouge, portant sur
les trois termes de la devise de la France: Liberté/Égalité/Fraternité.
Ces films sont co-produit en France par Marin Karmitz. Il connaît de nouveau
le succès.
A ce sujet il déclare:"J'ai réalisé ces trois films
dans l'ordre, pour permettre au spectateur de les voir lui aussi dans l'ordre,
c'était comme un signe, mais ce n'est pas nécessaire. Ce sont trois histoires
séparées, bien que liées et évoluant ensemble. Je respecte beaucoup mes spectateurs
et je leur laisse la liberté de les découvrir dans l'ordre, de n'en voir qu'un
seul ou même aucun ! Bien sûr, il y a une progression, et pour accéder à d'autres
significations, il faut tirer le deuxième, le troisième ou le quatrième rideau.
Mais il y a aussi le premier rideau, et là, c'est juste une histoire. Je n'ai
jamais pensé à un triptyque comme en peinture ; plutôt à trois nouvelles rassemblées
dans un même volume. On pourrait imaginer qu'un auteur les aurait écrites pour
un hebdomadaire et ensuite publiées dans un recueil. Bien sûr, les spectateurs
peuvent être amenés à établir des correspondances ou des liaisons entre ces
trois films. D'ailleurs, si l'on étudie les entrées en salles, on se rend compte
que lorsqu'un nouveau film de la trilogie sort, pendant deux semaines les spectateurs
du précédent film augmentent. Si le même phénomène se produit pour Rouge, cela
voudra dire que le public aura envie de découvrir des choses nouvelles"
(extrait d'un entretien paru dans Positif, septembre 1994).
De santé fragile, fatigué par l'artificialité du milieu cinématographique et se sentant trop décalé par rapport à la "vraie vie", il annonce à Berlin sa décision de ne plus réaliser de film. Il veut se tourner vers l'écriture et la production. Il démarre ainsi l'écriture d'une nouvelle trilogie: "le paradis, l'enfer et le purgatoire".
Il décède prématurément, le 13 mars 1996 à l'âge de 55 ans. De sa dernière
trilogie, il aura eu le temps d'écrire le premier épisode qui sera adapté avec
succès, après son décès, par Tom Tykwer, "Heaven", sorti en 2002.