Woman at War (Kona fer í stríð) film islandais de Benedikt Erlingsson, sorti en 2018


Distribution:

  • Halldóra Geirharðsdóttir : Halla / Ása
  • Jóhann Sigurðarson : Sveinbjörn
  • Juan Camillo Roman Estrada : Juan Camillo
  • Jörundur Ragnarsson : Baldvin

Fiche technique:

  • Réalisation : Benedikt Erlingsson
  • Titre original : Kona fer í stríð
  • Scénario : Benedikt Erlingsson, Ólafur Egilsson
  • Photographie : Bergsteinn Björgúlfsson
  • Montage : David Alexander Corno
  • Musique : Davíð Þór Jónsson
  • Sociétés de production : Slot Machine, Gulldrengurinn, Vintage Pictures
  • Pays d'origine : Islande, France, Ukraine
  • Durée : 101 minutes
  • Date de sortie: 12 mai 2018 (Festival de Cannes)
  • Distinction : Prix SACD du Festival de Cannes, section Semaine de la critique


Le film s'ouvre en Islande, sur un paysage gorgé d’eau et de pierres, où se découpe la silhouette d’une amazone pointant la flèche de son arc vers les câbles d’une ligne à haute tension. Halla est une guerrière, une militante écologique qui agit seule. Obstinée, déterminée à mettre en difficulté l’industrie locale de l’aluminium, destructrice de l'environnement. L’un des moyens pour y parvenir est de couper l’alimentation en électricité, en provoquant des courts-circuits. Au deuxième jour, Halla, quinquagénaire tranquille, est de retour dans la vie ordinaire où elle enseigne le chant, pratique le yoga et, fait nouveau, s’apprête à devenir maman. Sa demande d’adoption ayant enfin abouti, il va lui falloir aller chercher la petite fille qui l’attend en Ukraine et abandonner définitivement ses entreprises de sabotage. Mais pas avant d’avoir mené une ultime attaque, la plus dangereuse, contre les pollueurs.

L’engagement d’Halla (et du cinéaste) pour l’écologie s’exprime dans chacun de ses agissements, plus que par les discours qu’elle pourrait tenir. Il en est de même pour tous les personnages qu’elle rencontre. Il en va ainsi pour la nature aussi, protagoniste à part entière du film. Hostile quand elle abat ses averses glacées sur Halla qui fuit à travers les Hautes Terres d’Islande. Protectrice quand elle met sur le chemin de la militante la peau d’un mouton mort qui, posée sur son dos, trompera les drones de surveillance. Guérisseuse quand elle la réchauffe dans ses sources chaudes.

Dans ce cadre qui ne perd jamais de vue son propos, ni l’engagement qu’il défend, et en respectant une forme narrative classique, le film se hasarde ensuite à des dérèglements où l’inattendu surgit par des voies diverses. Il multiplie les pistes narratives et les genres, construit un récit foisonnant. Sans trop s’embarrasser de psychologie, considérant que les faits et gestes de ses personnages suffisent à en éclairer les motivations, le cinéaste trace sa route à sa manière, joyeuse et sérieusement attentive à tout ce qu’il peut relever de cocasse et de grand, d’absurde et de poétique dans la nature humaine. C’est, chez lui, cette matière glanée dans l’action qui suscite les sentiments ou les émotions, encourage l’identification. Et finalement fait réfléchir.

La dialectique propre aux sagas islandaises, le destin, l’honneur et la vengeance, se retrouve dans Woman at War, transformée et enluminée par la baguette magique d’une fée. La mise en scène de Benedikt Erlingsson se joue des ressorts du film d’action, d’aventures, de suspense, les mêlant sans en adopter un seul en particulier. Et il s’amuse à placer dans son décor un groupe de musiciens et un chœur ukrainien, susceptibles, quand ils apparaissent au beau milieu d’une scène, d’insuffler courage et inspiration à l’héroïne.

« Comme l'insaisissable Halla, recherchée par la police, le film trace son chemin sans qu'on puisse l'enfermer dans aucun genre. Souvent un orchestre, jouant la musique du film, apparaît au beau milieu d'une scène. Une idée un peu conceptuelle, a priori. Vient alors ce tour de force, la fuite de la femme en guerre dans la terre, la boue, l'eau glacée. Rien de théorique ! Avec cette manière à la fois très réfléchie et très joueuse de faire du cinéma et de parler du monde d'aujourd'hui, Benedikt Erlingsson s'affirme définitivement comme un drôle de zèbre, talentueux et décomplexé. »
Frédéric Strauss, Télérama , 12 mai 2018


Le réalisateur Benedikt Erlingsson

Benedikt Erlingsson est un réalisateur, scénariste et acteur islandais né le 31 mai 1969 à Reykjavik. Il a été diplômé de l' Académie des Arts d'Islande en 1994. Il est metteur en scène au Théâtre National d'Islande.
En 2013, il réalise son premier long métrage Des chevaux et des hommes, qui suit les tribulations, à la fois héroïques et ridicules d’une petite communauté d’éleveurs et de leurs animaux, Benedikt Erlingsson met en scène l’ordinaire d’hommes et de femmes que les actes de bravoure élèvent au rang momentané et parfois fugace de héros.
Le film remporte le Prix du film du Conseil nordique 2014 et le prix du public au Festival international du film de Tromsø en 2014 en Norvège.

 

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