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Wadjda film saoudien et allemand de Haifaa al-Mansour , sorti en 2012


Distribution:

  • Waad Mohammed : Wadjda
  • Reem Abdullah : la mère de Wadja
  • Abdullrahman Al Gohani : Abdullah, le jeune voisin
  • Ahd : Mlle Hussa, la directrice de l'école
  • Sultan Al Assaf : le père de Wadjda
  • Dana Abdullilah : Salma
  • Rehab Ahmed : Noura
  • Rafa Al Sanea : Fatima

Fiche technique:

  • Titre original : Wadjda (  وجدة )
  • Réalisation : Haifaa al-Mansour
  • Scénario : Haifaa al-Mansour
  • Producteurs : Gerhard Meixner et Roman Paul pour Highlook Communications Group (Arabie saoudite et Razor Film Produktion GmbH, (Allemagne)
  • Musique : Max Richter
  • Directeur de la photographie : Lutz Reitemeier
  • Montage : Andreas Wodraschke
  • Durée : 98 minutes
  • Dates de sortie : Festival de Venise, 31 août 2012
    • France : 6 février 2013

    Récompense : Prix C.I.C.A.E. au Festival de Venise

 


Bande annonce

Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Elle profite des derniers mois avant sa puberé pour ne pas porter la tenue plus rigoureuse des filles plus agées. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes, comme les voitures, sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles. Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses propres moyens, Wadjda gagne un peu d'argent avec de petits trafics, mais elle est loin de la somme nécéssaire. Elle décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour la gagnante, la somme tant désirée.

Très peu de films sortent d'Arabie Saoudite, surtout réalisée par une femme. Aucune salle de cinéma publique n'existe dans ce pays. La réalisatrice étonne par son aplomb tranquille, à l'image de son héroïne, qui sait obtenir ce qu'elle veut. Par son récit tout simple, mais riche de détours inattendus, son aspect de fable réaliste, Wadjda réalise un film d'une fraicheur surprenante. On y découvre la vie d'une école, l'enseignement des versets chantés du Coran, les différentes règles concernant le port du voile. Et, à travers la maman de Wadjda, ce que peut être l'existence d'une mère de famille qui travaille, ses problèmes de transport, ses rapports compliqués avec son mari, lequel convoite une seconde épouse. Elle semble d'abord accepter avec légèreté cette rivale, puis décide de lutter. Quand elle comprend que cette lutte est sans espoir, elle se résigne, mais accorde à sa fille le droit d'avoir son vélo.

Haifaa Al-Mansour égratigne le fondamentalisme et la polygamie, sans les dénoncer vraiment, pour ne pas risquer la censure ou pire une fatwa. Plus doux qu'un réquisitoire, son film encourage l'indépendance de la femme comme le droit à la différence. Et avec humour : le concours de récitation coranique où Wadjda annonce qu'elle veut un vélo est un joli pied de nez qui montre que la franchise est bien mal récompensée. Le film est sensible et intense

Haifaa al-Mansour épingle tout en finesse le machisme rétrograde. Malgré ces "petites pressions", résume-t-elle, Haifaa al-Mansour, aujourd'hui mariée à un diplomate américain et mère de deux enfants, n'a curieusement jamais eu à combattre l'interdit moral ou politique. "Mon plus gros souci a été la formation. Comment étudier la mise en scène dans un pays où le cinéma n'existe pas?" Haifaa al-Mansour apprend son métier à Sydney, en Australie, avant de revenir au pays pour signer des courts-métrages et un documentaire récompensé dans le monde entier, ''Femmes sans ombres'', où elle épingle tout en finesse le machisme rétrograde régnant.

Huitième d'une famille de 12 enfants (cinq garçons, sept filles), elle a eu la chance d'avoir des parents libéraux. "Mon père m'a toujours répété qu'avec de la rigueur et de la détermination on peut surmonter n'importe quel obstacle". Et c'est justement parce qu'elle use de "finesse", et même d'"autocensure", qu'Haifaa Al-Mansour parvient à ses fins. "Il faut dire les choses, mais, avant tout, il faut savoir comment les dire." Elle se compare à la situation en Iran "A cause d'une très forte censure, les Iraniens redoublent d'imagination pour délivrer des messages en divertissant, loin de toute polémique."

Wadjda a obtenu les autorisations de tournage. "J'ai dû diriger à distance, enfermée dans une camionnette. Dans les rues de Riyad, il aurait été mal perçu de voir une femme à la tête d'une équipe composée d'hommes."

Sur l'absence de salles dans son pays, elle déclare : "Le public ira le voir dans un pays limitrophe, ou il le découvrira en DVD. Je suis sûre que l'ouverture des salles en Arabie saoudite est imminente. Evidemment, il y aura une entrée pour les hommes et une autre pour les femmes."

Elle déclare à propos du film :
Wadjda, c'est ma nièce, ou à peu près. Enfant, elle était incroyablement fougueuse, elle adorait le foot ! En grandissant, elle s’est résignée à faire ce que ses parents conservateurs attendaient d’elle : se marier et abandonner ses rêves d’épanouissement personnel. C’est triste. Mais en Arabie saoudite, il y a beaucoup de jeunes filles pleines d'allant et de potentiel qui, demain, seront appelées à jouer un rôle de premier plan dans le royaume. L'adolescente qui interprète Wadjda est de cette trempe : elle est arrivée au casting en jeans, baskets, avec ses écouteurs dans les oreilles. Elle ne parle pas anglais mais elle appartient à cette jeunesse connectée et globale

J’ai toujours voulu faire des films émouvants qui divertissent les gens. C’est mon côté mainstream... Pendant le tournage de Wadjda, j'ai vu beaucoup de films. Ceux de Jafar Panahi, Hors-jeu notamment : il dit beaucoup sur la société iranienne avec une histoire très simple de jeunes femmes voulant assister à un match de foot. Cela m’a ouvert les yeux sur la façon dont le cinéma pouvait parler des questions de société. Il y a aussi Rosetta (1999) de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Cette jeune fille qui n’abandonne jamais, résiste et garde sa dignité malgré les obstacles : elle a joué un grand rôle dans ma vie. Autre influence majeure : le néo-réalisme italien et Le Voleur de bicyclette (1948) de Vittorio de Sica en particulier. J’adore son côté authentique, presque documentaire. J’ai voulu moi aussi faire un film réaliste, le portrait honnête d'une société complexe méconnue des Occidentaux.

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