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Nous sommes tous des assassins, un film français d'André Cayatte, 1952

 

Distribution:

  • Marcel Mouloudji (René Le Guen)
  • Raymond Pellegrin (Gino Bollini)
  • Antoine Balpêtré (Dr. Albert Dutoit)
  • Julien Verdier (Bauchet)
  • Claude Laydu (Philippe Arnaud)
  • Georges Poujouly (Michel Le Guen)
  • Jacqueline Pierreux (Yvonne Le Guen)
  • Lucien Nat (L'avocat général)
  • Louis Arbessier (L'avocat pour enfants)
  • René Blancard (Albert Pichon)
  • Léonce Corne (Le colonel instructeur)
  • Henri Crémieux (L'avocat de Bauchet)
  • Yvette Etiévant (L'épouse de Bauchet)
  • Paul Frankeur (Léon)
  • Renée Gardès (La mère Le Guen)
  • Line Noro (Madame Arnaud)
  • Marcel Pérès (Malingré)
  • André Reybaz (Le père Simon)
  • Alexandre Rignault (Le gendarme)
  • Louis Seigner (L'abbé Roussard)

Fiche technique:

  • Réalisation: André Cayatte
  • Scénario: André Cayatte et Charles Spaak
  • Photo: Jean Bourgoin
  • Musique: Raymond Legrand
  • Décorateur Jacques Colombier
  • Producteur JOLLY FILMS ,
    LABOR FILM et UGC.
  • Producteur délégué François Caron
  • Date de sortie en France : 21/05/1952
  • Durée: 115 min
  • Noir et Blanc

Durant la Seconde Guerre mondiale, René Le Guen, petit truand parisien est recruté dans la Résistance française. Il est alors conditionné à tuer l’ennemi. Puis à la fin de la guerre, il liquide, dans des conditions troubles, un résistant, puis sous l'emprise de la boisson il tue par accident un de ses chefs.
Ces morts restent sans conséquence, mais lorsque la guerre est terminée, il continue d’appliquer ce qu’on lui a appris : il tue pour son compte, il est arrêté et condamné à mort. Attendant dans sa cellule la date exacte de son exécution, il espère toujours que le Président lui accordera la grâce. Son avocat, jeune et brillant débutant plein d'illusion, tente de démontrer que les meurtres de Le Guen ont pour source une grave lacune, un problème de société.

Dans un style direct et très efficace, Cayatte se lance dans une longue description des différents cas qui peuvent conduire dans cette cellule des condamnés à mort.
Le Guen y côtoie le Corse qui a poursuivi une vendetta, encouragé par sa mère et dont l'exécution ne fera que relancer la série des meurtres d'honneur.
Il y rencontre aussi l'infanticide, exaspéré par les cris de son fils et par la promiscuité due aux conditions de logement précaire.

L'hypocrisie de l'administration pénitentiaire est soulignée par l'acharnement à soigner les condamnés après une tentative de suicide, faisant tout pour les "sauver" afin que leur mort soit celle choisie par la société et non par eux-même.
On voit au passage un médecin courageux qui tente de plaider l'atténuation de responsabilité d'un condamné malade mental et la possibilité d'une guérison.
Celui-ci est à l'opposé du médecin charognard attendant l'exécution pour prélever un organe en vue d'une greffe pour un patient privilégié.

On assiste aussi au vain plaidoyer de la veuve d'une victime pour que l'assassin de son mari soit épargné et travaille le reste de sa vie afin de réparer son crime.
L'attitude ambiguë de l'Église est soulignée à travers deux personnages opposés. Le vieux prêtre, du coté du pouvoir, pense que la société a le droit de punir sans restriction et n'offre aux suppliciés qu'une compassion formelle.
Le jeune prêtre, plus proche des Évangiles, pense que seul Dieu a le droit de retirer la vie, que chacun peut se racheter et obtenir le pardon. Mais son message est brouillé par son manque de courage pour assister aux derniers moments des condamnés.

En 1952, la société française était majoritairement favorable à la peine de mort. Cayatte a eu le courage de faire une démonstration claire et complète en faveur de son abolition.
Tous les bons arguments sont exposés.
En particulier les conditions sociales très difficiles de l'époque sont bien analysées et l'enchaînement qui peut conduire au crime puis au châtiment fatal décrit.
La non-exemplarité de la peine est expliquée par deux biais: le caractère secret et presque honteux des exécutions au petit matin, en comité restreint et le prestige dont jouissent dans les prisons ces condamnés. On nous montre même une sorte de culte secret à la gloire de ceux-ci.

Il faudra attendre François Mitterand et Robert Badinter en 1981 pour que cesse en France ce rituel inutile et morbide.

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