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Toi, le venin de Robert Hossein, sorti en 1959

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Distribution:

  • Marina Vlady : Éva Lecain
  • Robert Hossein : Pierre Menda
  • Odile Versois : Hélène Lecain
  • Henri Crémieux : le médecin
  • Héléna Manson : Amélie
  • Charles Blavette : l’inspecteur de police
  • Henri Arius : Titin
  • Pascal Mazzotti : l’homme de la discothèque
  • Lucien Callamand : Lucien, le jardinier

Fiche technique:

  • Titre : toi, le venin
  • Titre italien : Nella notte cade il velo
  • Réalisation : Robert Hossein d’après le roman de Frédéric Dard C'est toi le venin, paru en 1957
  • Scénario : Robert Hossein
  • Musique originale: André Hossein
  • Directeur de la photographie : Robert Juillard
  • Montage : Gilbert Natot
  • Producteur : Jules Borkon
  • Sociétés de production : Champs-Élysées Productions (France), Filmauro SRL (Italie)
  • Format : noir et blanc — son monophonique
  • Durée : 92 min
  • Dates de sortie : France 27 mars 1959

Une nuit d’été, Pierre Menda, un homme qui paraît être à la dérive et marche sans but le long d’une petite route de la Côte d'Azur, est accosté par un luxueux cabriolet blanc. Sans un mot, sa conductrice, une femme dont il ne distingue que la longue chevelure blonde, l’invite à monter, se dénude et se donne à lui. Mais, après qu’il a été abruptement invité à quitter le véhicule, sa conductrice, après avoir tenté de l’écraser, réussit à prendre la fuite.

Pierre demeure en colère, très en colère. Il occupe une chambre d’hôtel dont il tarde à régler la note, il est fauché voire à bout du rouleau, mais il garde sa dignité et se renseigne sur l’immatriculation de la voiture. Il retrouve l’adresse et il découvre, surpris, que deux ravissantes jeunes femmes Éva et Hélène Lecain, sont les propriétaires. L’une demeure réellement réservée, du moins semble-t-il, tandis que l’autre est paralytique à cause de la polio.

Pierre cherche à savoir pourquoi il a été victime d’une tentative d’accident volontaire mais la jeune femme, qui garde sa sœur, lui jure qu’elle n’a pas conduit la nuit. L’autre soeur se révèle diablement intelligente voire manipulatrice. On sent que son handicap aurait même augmenté ses capacités intellectuelles et elle fait tout pour retenir Pierre, que les deux sœurs désirent. Lui-même se pique au mystère fait de petites manipulations puisqu’il y a forcément une explication logique dans cette maison.

Robert Hossein a su intelligemment utiliser la ressemblance de ses deux actrices, Marina Vlady et sa soeur, dans le film comme dans la vie, Odile Versois. Également blondies pour la circonstance, les deux soeurs entretiennent savamment le mystère en jouant de leurs regards slaves qu’elles savent rendre énigmatiques à souhait. Le noir et blanc et la partition musicale jazzy d’André Hossein contribuent à donner au film la tonalité sombre des œuvres cinématographiques policières anglo-saxonnes tirées des romans de Raymond Chandler ou de James Hadley Chase.

Mais l’identité de cette histoire machiavélique signée Frédéric Dard reste bien française et même provençale avec l’intervention des « vedettes marseillaises », notamment Charles Blavette en policier et Henri Crémieux en médecin.

Toi le venin demeure une petite perle de film noir, pas au sens du genre policier, mais bien de personnages ou d’une situation qui ne sont pas ce qu’ils paraissent être. Nous sommes pris dans une quête de la vérité, une spirale qui implique le spectateur donc, en même temps que ce pauvre Robert Hossein qui ne sait plus à quelle beauté se vouer. Le scénario de Frédéric Dard distille juste ce qu’il faut d’informations pour que l’on soit désorienté, tout comme Pierre. Le petit défaut de toi le venin demeure qu’elles sont un petit peu trop prévisibles.

Un atout supplémentaire du film est l'art du réalisateur à capter l’air du temps. La fin des années 50 demeure un arrière plan constant qui donne un cachet intéressant à toi le venin.

Déclarations de Marina Vlady :

« Assise au volant d’une grosse américaine, une femme, dont les longs cheveux blonds masquent le visage, drague, sur le bord de mer, en pleine nuit. La radio diffuse une musique lascive. Un homme marche au loin. Sitôt qu’elle l’a doublé, elle arrête le moteur, ouvre la portière. L’homme s’approche et, lorsqu’il se penche, la femme entrouvre son manteau de fourrure et se montre nue…

Cette scène de toi, le venin restera l’une des plus érotiques du cinéma d’alors ! Nous avons longuement discuté, ma soeur Odile et moi, pour savoir si nous accepterions d’apparaître dans cette tenue qui nous impliquait toutes les deux, l’intrigue du film reposant sur la ressemblance complète entre les deux soeurs : laquelle sortait la nuit pour se donner à des inconnus ? Odile, très pudique, était réticente, mais je finis par la convaincre. Montrer une femme en dessous, comme elle le proposait, aurait frisé le ridicule.

Le succès populaire est venu confirmer les qualités de Robert Hossein comme réalisateur, acteur et surtout homme de spectacle. Il avait su réunir autour de nous une équipe soudée, conduite avec l’énergie dont il ne s’est jamais départi : un auteur formidable, Frédéric Dard, un opérateur hors-pair et ses assistants , Julliard, Robin, Diot, qui deviendront à leur tour des « grands » , Jean André, décorateur, Aminolla Hossein, dit André Gosselin, compositeur, son propre père.

Ce rôle ambigu et attrayant me donnait enfin la possibilité de renouer, après des années de personnages de « pimbêche », avec celui d’une vraie garce comme j’en avais interprété en Italie dans mon adolescence. La majorité des critiques et chroniqueurs de cinéma ne connaissaient pas grand-chose à ma carrière. Pour Robert aussi, j’étais une belle créature assez douée, sans plus. Toi, le venin fut le révélateur, malheureusement tardif, du type d’emploi qu’il aurait pu me confier ultérieurement dans ses films et ses spectacles. […] Le succès de toi, le venin nous propulsait au faîte des listes des meilleurs scores en termes d’entrées. »

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