Mon tissu préféré, film français de Gaya Jiji, sorti en 2018


Distribution:

  • Manal Issa : Nahla
  • Ula Tabari : Mme Jiji
  • Souraya Baghdadi : Salwa
  • Mariah Tannoury : Myriam

Fiche technique:

  • Réalisation : Gaya Jiji
  • Scénario : Gaya Jiji, Zoé Galeron et Eiji Yamazaki
  • Photographie : Antoine Héberlé
  • Montage : Jeanne Oberson
  • Musique : Peer Kleinshmidt
  • Producteur : Laurent Lavolé
  • Production : Gloria Films
  • Durée : 95 minutes
  • Dates de sortie : 11 mai 2018 (Festival de Cannes 2018, section "Un certain regard")
    • 18 juillet 2018 (sortie nationale)

Le film se situe à Damas, en mars?2011, juste avant les premières manifestations qui conduiront à la guerre civile. Nahla, une jeune fille sensuelle, éprise de liberté, souhaite quitter la Syrie. On lui présente Samir, un Syrien expatrié aux États-Unis et potentiel conjoint. Mais Samir lui préfère sa jeune sœur, Myriam, plus docile. Nahla se rapproche alors de la nouvelle voisine, Madame Jiji, qui vient d'emménager dans l'immeuble avec son petit garçon et se livre discrétement à à de la prostitution à domicile.

Gaya Jiji, cinéaste exilée à Paris, a tourné son film en Turquie. Son mérite est de dépasser le cadre sociologique et de ne pas s’être cantonnée dans la lourdeur démonstrative du film féministe à message. Le film capte avec subtilité le désir féminin, quand Nahla tente de nouer un lien amical avec sa sulfureuse voisine. L’œuvre prend une tournure délibérément onirique quand Nahla imagine la présence d’un amant que l’on croit réel au début de la narration.

Gaya Jiji s’autorise d’audacieux partis pris de mise en scène, quand les plans fixes sont privilégiés dans l’appartement familial, face à des personnages oppressés, alors que la caméra se révèle plus libre à l’étage du dessus, suggérant le sentiment de rêve et de mouvement des désirs.

Ce premier film ambitieux est une rêverie tortueuse, qui peine à trouver sa cohérence, entre la quête intime de l'héroïne et la peinture d'une Syrie au bord du gouffre. Un puzzle féminin, qui révèle le talent de l'actrice libanaise Manal Issa, et finit par s'assembler.

«?Mon tissu préféré explore par les moyens du cinéma l'écheveau des émotions d'une famille composée uniquement de femmes, mère et filles, et à laquelle s'ajoutent les occupantes de l'appartement voisin, transformé en bordel. Onirisme et érotisme, violence intérieure et trouble des sens ne cessent d'ouvrir des propositions, qui déploient une intensité critique autour du monde dans lequel est née la révolution syrienne.
Jean-Michel Frodon, Slate, 10?mai 2018

 

 

 

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