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Superman III, de Richard Lester, sorti en 1983

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Distribution:

  • Christopher Reeve (VF : Pierre Arditi): Superman/Clark Kent/Kal El
  • Richard Pryor (VF : Med Hondo): Gus Gorman
  • Jackie Cooper : Perry White
  • Marc McClure : Jimmy Olsen
  • Annette O'Toole : Lana Lang
  • Annie Ross: Vera Webster
  • Pamela Stephenson : Lorelei Ambrosia
  • Robert Vaughn : Ross Webster
  • Margot Kidder : Lois Lane

Fiche technique:

  • Titre original : Superman III
  • Réalisation : Richard Lester
  • Scénario : Jerry Siegel et Joe Shuster (créateurs de la franchise), Mario Puzo
  • Musique : Ken Thorne
  • Durée : 125 minutes
  • Dates de sortie : 17 juin 1983 (USA) ;
    10 août 1983 (France)

Gus Gorman, afro-américain sans le sou et sans talent, se découvre un don pour l'informatique. Ross Webster, patron d'une puissante société et génie du mal à ses heures, entend utiliser son génie pour dominer le monde grâce aux ordinateurs, et détruire Superman. Ce dernier se retrouve bientôt exposé à une kryptonite artificielle qui transforme sa personnalité et en fait un être maléfique. Le film est plus orienté comédie que les autres films Superman, reposant en particulier sur Richard Pryor.

Superman est une sorte de divinité solaire qui n’a que trois faiblesses véritables: son origine, sa vie affective et sociale et enfin, son intellect, qui ne le distingue pas spécialement. Superman est certes doté de bonnes capacités scientifiques, mais pour le reste, il tombe dans tous les pièges et ne s’en tire jamais que par sa force physique. Il n’a aucune vie intellectuelle et méprise un peu son métier civil, le journalisme, qui n’est pour lui qu’une couverture.

L’intelligence est donc une arme de choix pour les ennemis de Superman et ce n’est pas pour rien que deux de ses plus grands adversaires sont Lex Luthor, un génie du mal qui ne dispose d’aucun super-pouvoir particulier, et Brainiac, un ordinateur humanoïde à la peau verte et au périmètre crânien cerclé de diodes clignotantes qui figurait d’ailleurs dans les premières ébauches du scénario de Superman II. Dans Superman.III, l’homme d’acier est aux prises avec un ersatz de ex Luthor, le milliardaire Ross Webster , et à un informaticien, August “Gus” Gorman. C’est le rapport de Superman à l’informatique, l’ordinateur étant considéré comme une machine intelligente qui fonde l'intérêt du film. Superman III est sorti en 1983, c’est à dire dans une période où l’informatique et notamment l’informatique personnelle étaient en pleine effervescence.

Dans la séquence d’introduction du film, on voit Gus Gorman tenter de continuer à toucher son allocation chômage. Nous apprenons qu’il n’a pas travaillé depuis trente-six semaines et que chacune de ses expériences professionnelles a très mal tourné. Gus est inadapté au travail. Mais le film démarre véritablement avec une scène de réaction en chaîne un peu molle. Une belle fille a distrait des passants, des cambrioleurs s’enfuient et une cascade d’accidents potentiellement graves est déclenchée. Tout s’arrange avec l’intervention de Superman. La belle fille, Lorelei Ambrosia, est la compagne faussement ingénue de Ross Webster. Le couple vit avec Vera Webster, la soeur revêche et vieille fille de Ross.

Acculé à travailler, Gus Gorman découvre une publicité pour une école d’informatique, publicité qui dit ceci : Earn big money ! Become a computer programmer. C’est à dire Gagnez des gros sous, devenez un programmeur informatique. August Gorman s’inscrit à l’Archibald school of data processing. Et très rapidement, il brille. Quand le professeur dit qu’il est impossible de réaliser une certaine opération, Gus y parvient et explique qu’il n’a aucune idée de la manière dont il est parvenu. C’est le premier cliché informatique contenu dans Superman III, celui de l’idiot-savant informaticien, qui maîtrise la machine sans la comprendre et qui est le premier étonné des résultats qu’il obtient. C’est une idée étrange car dans le registre de la programmation, il semble obligatoire de comprendre ce que l’on fait. Il y a certes des utilisateurs qui apprennent plus rapidement que d’autres, qui ont une tournure d’esprit particulièrement adaptée à la discipline ou qui se lancent sans appréhensions, mais pour autant, rien de magique ni d'intuitif.

Derrière le cliché il y a une réalité, synthétisée de manière loufoque ici, qui est celle du bouleversement social qu’a amené la micro-informatique, facteur d’ascension sociale rapide où le simple passionné peut atteindre le niveau professionnel du diplômé des meilleures écoles, où le collégien peut pirater une banque. Ce bouleversement a été fortement ressenti en son temps ainsi que le prouve la presse non-spécialisée de l’époque qui, à tort ou à raison, a présenté l’informatique personnelle comme un moyen fulgurant pour changer de vie, une sorte de ruée vers l’or, type de conte particulièrement ancré dans l’imaginaire collectif américain.

Troisième rôle pour Gus Gorman après celui de “parasite de la société”, ainsi que le nomme une antipathique employée des services sociaux et celui d’idiot-savant, il devient «.hacker.». En effet, ayant trouvé un emploi dans la société qui possèdent Ross et Vera Webster, Gus s’aperçoit que le manque de précision des calculs décimaux fait s’envoler dans la nature un demi-cent par fiche de paie. Discrètement, il programme l’ordinateur central de la société pour que tout cet argent perdu atterrisse sur son compte à lui. Ce n’est pas un grand exploit puisque son intervention consiste à écrire, dans le bon code «.Transférer tous les demi-cents vers mon compte….». Cela fonctionne très bien, mais Gus se montre terriblement imprudent, il utilise les dizaines de milliers de dollars facilement gagnés pour acheter une grosse voiture rouge qui a tôt fait d’attirer l’attention sur lui.

Comme son journal cherche un sujet sur l’Amérique profonde, Clark Kent est envoyé dans la ville qui l’a vu grandir, Smallville, pour effectuer un reportage sur une fête d’anciens lycéens où il retrouve son amie d’enfance Lana Lang. ana, divorcée, vit avec son fils Ricky. Clark retrouve aussi Brad, ancienne terreur du lycée, devenu un veilleur de nuit alcoolique. Pendant ce temps-là à Métropolis, Gus Gorman a un problème, son employeur Ross Webster l’a démasqué et le convoque. Webster est un homme qui veut toujours plus mais il a déjà tout, et les quelques dizaines de milliers de dollars récupérés par Gus ne l’émeuvent pas réellement. C’est le talent de Gus qui l’intéresse.

Webster passe un marché avec Gus : il ne lui reprochera pas son piratage informatique à condition qu’il se place désormais à son service. Pour commencer, le milliardaire demande à son employé de pirater un satellite météorologique et militaire soviétique dans le but de provoquer un cataclysme en Colombie, évènement qui fera à coup sûr grimper les cours du café. Afin que la manœuvre soit discrète, Gus se rend dans une filiale de la société de Webster, Wheatking, une petite société située à Smallville. Déguisé en représentant en alcools, Gus parvient à se faire introduire dans les locaux par Brad (l’ancien camarade de classe de ana et Clark, devenu alcoolique) et à saouler ce dernier jusqu’à ce qu’il s’endorme. Une fois le gardien de nuit hors d’état, Gus peut librement utiliser le matériel informatique de la société Wheatking.

Il tente diverses choses un peu au hasard depuis son terminal et provoque des évènements cocasses un peu partout dans le monde. Enfin, il joint le satellite soviétique Vulcain et déclenche un ouragan sur la Colombie. L’idée qu’on puisse faire absolument n’importe quoi sur un clavier pour finir par piloter un satellite avec la plus grande précision semble terriblement naïve, même dans un film grand public de 1983.

Tout se passe comme prévu, serait-ce l’intervention miraculeuse de Superman qui sauve la Colombie du désastre agricole et financier. Pour Ross Webster, ce camouflet de l’homme d’acier appelle une vengeance et le financier décide donc de synthétiser de la kryptonite dans le but de tuer Superman. Là encore, l’ordinateur est mis à contribution pour analyser la composition de la substance extra-terrestre. Il manque néanmoins un élément à la formule des cristaux verts et Gus décide de les remplacer par du goudron. Dans une scène assez bouffonne, il remet la kryptonite à Superman, en lui faisant croire que le cadeau émane du président lui-même, en remerciement du sauvetage de l’usine chimique quelques jours plus tôt. Dans un premier temps rien ne se produit, mais la personnalité du super-héros s’altère sensiblement. Il tente de séduire ana avec un empressement tout à fait inhabituel et en négligeant ses devoirs de héros. Dangereux et rejeté, Superman ne se lave plus et boit des alcools forts dans les bars.

La situation laisse à Ross Webster, à Vera, Lorelei et Gus toute latitude pour un nouveau méfait : prendre le contrôle de la production pétrolière mondiale en profitant de ce que les navires qui le transportent sont pilotés par ordinateur. Au passage, Gus réclame à Webster des moyens pour construire un ordinateur parfait et apte à défaire Superman. L’homme d’affaires accepte et lance la construction du super-ordinateur en question, sur des plans épars dessinés par Gus. De son côté, Superman s’engage dans un combat à mort contre lui-même, combat dont le “bon” Superman sort victorieux. Redevenu le héros, il répare les conséquences de ses mauvaises blagues, règle le problème des tankers perdus dans l’Atlantique et décide de s’attaquer de front à son ennemi Ross Webster. Il se rend alors dans le Grand Canyon où le milliardaire et ses trois acolytes inaugurent l’ordinateur inventé par Gus.

Alors que Superman approche de la base secrète de Webster, ce dernier utilise son ordinateur pour contrôler des missiles, qu’il pilote à l’aide d’un jeu vidéo. Le combat contre Superman se déroule donc sur un écran, anticipant la guerre telle qu’on la connaît depuis la première guerre du Golfe, où les faits et leur représentation visuelle se confondent et interagissent, où les frontières entre le jeu, la simulation et la réalité semblent s’estomper. Bon nombre de films strictement contemporains ou à peine postérieurs à celui-ci établissent un parallèle entre jeu vidéo et guerre comme WarGames.

Superman, bien évidemment, s’en tire, et cela sans débauche d’effets spéciaux puisque le combat se déroule principalement sous cette forme de jeu vidéo. L’épilogue bouffon du film, c’est l’arrivée, dans les locaux du Daily Planet, d’une machine de tirage au sort électronique. Celle-ci se dérègle, fume, projette les boules qu’elle était censée sélectionner à la manière d’une machine d’entraînement pour tennismen.

Le film baigne dans une idiotie générale qui est du reste assez proche de l’esprit du comic-book d’origine, mais il n’en constitue pas moins une somme thématique extrêmement riche. Tout d’abord il y a Gus Gorman. Il est l’autodidacte non-qualifié qui s’avère bon informaticien. Mais il est aussi un hacker, un programmeur et pour finir un concepteur d’ordinateurs, il passe d’une initiation au langage Basic à l’architecture informatique en quelques semaines. Ce raccourci, cette confusion amusante, est assez répandue aujourd’hui encore .

Une autre thématique, toujours liée à Gus mais qui parcourt tout le film, c’est celle de l’ordinateur comme moyen de gagner de l’argent rapidement, presque magiquement, et éventuellement de manière malhonnête. Visuellement, les publicités pour l’informatique que diffuse l’école où Gus effectue sa formation ressemblent aux réclames crapuleuses que l’on pouvait lire dans les comic-books de l’époque et qui proposaient des solutions miracles à tout : méthode pour se muscler rapidement, lunettes à rayons X, etc. On voit par ailleurs que c’est avec l’ordinateur que Gus devient un personnage important du récit et finit même par être recommandé professionnellement par Superman lui-même.

Enfin, de nombreux sous-récits contenus dans ce film, qu’ils aient été inventés pour l’occasion ou non, sont devenus à leur manière des classiques, réexploités dans de nombreuses fictions : le piratage informatique de satellites pour dérégler le temps ; les distributeurs de billets de banque devenus fous ; l’arnaque aux demi-cents (repris par exemple dans Office Space, 1999) ; le trafic routier désorganisé ; l’ordinateur qui se défend ; l’être humain qui est contaminé par l’esprit de l’ordinateur Écrit sur mesure pour un acteur comique, Richard Pryor, on ne peut pas dire que Superman.III soit un film d’une grande qualité.Superman III n’a pas remporté un succès important dans son pays mais à l’échelle internationale il reste un des films de l’année 1983 à avoir attiré le plus de spectateurs.

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