Les pages de Ciné-Passion . . .

Hortense, une jeune femme noire de vingt-sept ans, vivant à Londres, part à la recherche de sa véritable génitrice, après le décès de sa mère adoptive.
Celle-ci s'avère être une Blanche, Cynthia, ouvrière dans une quartier populaire et qui a eu d'un second lit deux enfants, Roxanne, employée à la voirie, et Maurice, photographe de mode.
L'existence monotone de Cynthia va être bouleversée par l'arrivée de cette intruse. Le premier moment de stupeur passé, une complicité joyeuse s'instaure entre les deux femmes, mais le cercle de famille est nettement plus réticent.
Peu à peu cependant la générosité et l'esprit de tolérance prévaudront sur le conformisme petit-bourgeois et les préjugés racistes.

Secrets et mensonges a obtenu deux récompenses prestigieuses à Cannes en 1996 (Palme d’Or et prix de l’interprétation féminine pour Brenda Blenthyn). Mike Leigh a atteint la maîtrise parfaite de son talent en terme de direction d’acteur et de mise en scène.

Secrets et mensonges est un film très classique. Il s’attarde simplement aux chassés-croisés des personnages qui se meuvent dans une structure narrative linéaire. Techniquement, Mike Leigh explore les voies traditionnelles d’un mélodrame typique, mais la sobriété volontaire de sa technique permet de laisser toute la place à sa direction d’acteur.

Malgré ses apparence de réalisme, Secrets et mensonges se situe davantage comme un exercice de style hautement sophistiqué. Il utilise les techniques cinématographiques communes et les redéfinit afin de leur donner une signification particulière.
Par exemple, son utilisation du champ contre-champ classique qu’il rend délibérément apparent afin de diviser physiquement et psychologiquement ses personnages.

Le récit est fragmenté en parties distinctes qui se retrouvent dans un point culminant. Le tout brossé dans un univers quotidien artificiel, faux et outrancier. Le cinéma de Mike Leigh ne repose peut-être en rien sur un formalisme enivrant. En fait, sans parler de «réalisme», Leigh film toujours avec un immense souci de sobriété qui dégage l’inquiétante seconde nature qui se cache souvent derrière la surface des choses. Cependant, Mike Leigh s’attarde davantage à chercher la matière première que peut dégager un acteur dans la quintessence de son jeu.

La force de l’interprétation dépasse tout et s’accomplit encore plus en raison de la simplicité technique. Le talent de Mike Leigh s’était fait connaître internationalemment surtout grâce à Naked (prix de la mise en scène et prix d’interprétation de David Twewlis à Cannes en 1993).