Les pages de Ciné-Passion . . .

Ces pages sont rédigées par et pour des passionnés du cinéma.
Pour nous joindre, déposer vos questions ou remarques: Ciné-Passion . . . . Les autres films cultes


Le Saut dans le vide ( Salto nel vuoto) film italien de Marco Bellocchio , sorti en 1980

Distribution:

  • Michel Piccoli : Mauro Ponticelli
  • Anouk Aimée : Marta Ponticelli
  • Michele Placido : Giovanni Sciabola
  • Gisella Burinato : Anna
  • Anna Orso : Marilena
  • Antonio Piovanelli : Quasimodo

Fiche technique:

  • Titre original : Salto nel vuoto
  • Réalisation : Marco Bellocchio
  • Scénario : Marco Bellocchio, assisté de Piero Natoli et Vincenzo Cerami
  • Musique originale : Nicola Piovani
  • Image : Giuseppe Lanci
  • Montage : Brigitte Sousselier
  • Production : Anna Maria Clementelli, et Silvio Clementelli
  • Sociétés de production : Clesi Cinematografica et Odyssia, MK2 (co-production), RAI et Polytel International Film (associées)
  • Durée : 120 minutes
  • Dates de sortie : Italie 14 février 1980
    • France : 21 mai 1980

    Récompenses : Prix d'interprétation féminine pour Anouk Aimée et masculine pour Michel Piccoli au Festival de Cannes 1980

Mauro Ponticelli, juge célibataire, vit à Rome avec sa sœur Marta qui prend soin de lui depuis qu’il est enfant. Il n’en peut plus de la relation de dépendance qui le lie à Marta. Celle-ci, à l’approche de la ménopause, devient de plus en plus instable, affectée de problèmes psychologiques et d’envies de suicide. Elle semble sortir de sa dépression lorsque son frère favorise sa rencontre avec Giovanni Sciabola, acteur brillant aux limites de la légalité. Lui vient une idée. Et si Sciabola l’aidait à se débarrasser de sa sœur ?

Le Saut dans le vide, premier film romain du cinéaste, revient à la famille aliénante, comme dans Les Poings dans les poches, le mécanisme d'aliénation a lieu à l'intérieur d'un tandem bourgeois, frère et sœur d'un certain âge, lui juge célibataire, elle presque vieille fille, presque folle.

Le fou, chez Bellocchio, est celui qui enferme, celui qui dit et provoque la folie de l'autre et non pas celui qui est enfermé. Ainsi, le juge quinquagénaire respectable devient hystérique si l'on touche à ses « Mickey reliés », et opprime sa sœur, censée reproduire la folie paternelle que l'on découvre par des flash-backs semi-oniriques montrent une fratrie décalée. Et il va la jeter dans les bras de Giovanni, mi-acteur, mi-gigolo, dans le but précis que cette liaison exacerbe sa folie et la pousse au suicide.

Ce film bizarre, presque abstrait, ostensiblement antinaturaliste, marqua son temps et le jury de Festival de Cannes. Le jury, n'ayant pas eu l'audace de lui décerner la Palme d'Or, lui attribua un double Prix d'interprétation pour les deux acteurs, ce qui n'était jamais arrivé avant et ne s'est pas reproduit depuis.

Rien n'est clairement énoncé, tout est théâtralisé, aliénation et machination obligent. La psychanalyse irrigue doucement cette histoire d'enfermement et de culpabilité. C'est un film de l'agacement, de l'obsession, du harcèlement. Les sorties du huit-clos sont rares et négatives, comme pour ce baptême qui finit mal ou pour voir l'artiste saltimbanque cracher du feu. L'appartement tient du piège ou du sanctuaire. Le frère ouvre, cadenasse, écoute aux portes ; la sœur se calfeutre.À travers l'agencement du décor, les pièces qui communiquent, le couloir et les fenêtres, Bellocchio orchestre une cérémonie de la claustration.

Licence : reproduction libre sous conditions Créative Commons Ciné-Passion . . . . . . . . . . . . . . . . . Sommaire général