Dans un recoin de ce monde ( Kono sekai no katasumi ni) film japonais de Sunao Katabuchi, sorti en 2016


Distribution (voix VO):

  • Non (Rena Nonen) : Suzu Urano/Hojo
  • Megumi Han : Sumi Urano
  • Yoshimasa Hosoya : Shusaku Hojo
  • Natsuki Inaba : Harumi Kuromura
  • Nanase Iwai : Rin
  • Minori Omi : Keiko Kuromura
  • Daisuke Ono : Tetsu MIzuhara

Fiche technique:

  • Titre original :この世界の片隅に, Kono sekai no katasumi ni
  • Réalisation : Sunao Katabuchi
  • Scénario : Sunao Katabuchi et Fumiyo Kono
  • Musique : Kotringo
  • Durée : 128 minutes
  • Dates de sortie : Japon, 28 octobre 2016
    • France : 12 juin 2017 (Festival international du film d'animation d'Annecy)
    • 6 septembre 2017 (sortie nationale)

Suzu, au sortir de l’adolescence, épouse un gentil jeune homme et emménage auprès de sa belle-famille dans la ville portuaire de Kure. Là, mouille le cuirassé Yamato, qui fait la fierté de l’empire japonais. C’est l’été 1944. Elle abandonne ainsi sa famille restée non loin de là, à Hiroshima. Polie, calme et maladroite, Suzu aime plus que tout flâner avec un carnet à dessin ou se perdre dans la contemplation d’un plafond avant de devoir se conformer à ce que ses proches attendent d’elle, endosser le rôle de femme au foyer responsable, capable de coudre un kimono et d’agrémenter des repas faits de privations. Les combats sont encore loin, mais une détonation, des lettres qui restent sans réponse ou le rationnement empêchent de les tenir complètement à distance.

En 1945, les avions américains attaquent fortement les installations navales et les habitants de Kure. Une bombe va tuer une proche de Suzu, la petite Harumi, et Suzu, gravement blessée, est mutilée. Suzu veut revenir à la sécurité relative de la ville d' Hiroshima à temps pour le festival d'été local le 6 août. Cependant, elle est encore à la maison à Kure ce jour-là, et Suzu ne perçoit que de loin d'abord la terrible calamité qui frappe Hiroshima. La bombe atomique tue d'innombrables personnes, y compris les parents de Suzu à Hiroshima. Après la guerre, Suzu perd sa propre raison de vivre. Elle se rend à la maison de sa grand-mère, dans une ville rurale à l'ouest d'Hiroshima et hors de la zone détruite, pour voir sa sœur Sumi, la seule survivante de la famille de Suzu, détruite par la bombe d'Hiroshima. Sumi informe Suzu du sort de leurs parents. Sumi est tombée gravement malade irradiée par la la bombe atomique. Mais à mesure que les temps changent rapidement, Suzu retrouve une motivation pour vivre. Suzu voit une petite fille qui a perdu sa famille à cause de la bombe atomique,et qui mendie à Hiroshima, Suzu adopte l'orpheline, qui entre dans sa famille à Kure.

A la fois vaste et modeste, le film embrasse tout, de la limpidité d’une balade à marée basse à l’énergie d’une dispute ou d’une lessive au grand air, de la confusion d’une alerte à la bombe à la culpabilité absolue du deuil. En même temps tragédie et comédie, la chronique est aussi un inoubliable portrait féminin. Rêveuse, touchante, toujours en mouvement, l’héroïne a la grâce, entre légèreté du trait et complexité, d’autant que le réalisateur lui laisse le temps d’évoluer.

Autour d’elle, chacun, belle-sœur aux rêves brisés, mari sentimental, voisins, parents, fait l’objet du même soin de la part du cinéaste. On retrouve un peu d’Ozu dans cet art du détail sensible, dans cet attachement aux motifs minuscules au sein d’un grand tableau. On perçoit les contraintes et les violences du contexte, le statut des femmes, les terreurs, les pertes et les privations de la guerre, mais aussi ses aspects plus inattendus, la solidarité, l’humour, la chaleur humaine. La petite histoire palpite dans la grande, comme les dessins de Suzu, toujours crayon en main, s’insèrent dans des paysages foisonnants, aériens. Les cieux immenses, les villes doucement ramassées sur elles-mêmes et la nature frémissante aux couleurs douces forment une description de l'un des plus beaux recoins de ce monde.

La tragédie gronde dans ce recoin du monde, mais ce qui frappe en premier lieu, c'est la douceur délicieuse du design, rond et enfantin, pour décrire un quotidien insouciant, même lorsque les fantômes surgissent. Mais peu à peu, la noirceur de la guerre contamine le quotidien. Comment représenter la guerre et dénoncer son horreur sans en faire un spectacle ? Hayao Miyazaki en avait fait une illustration pertinente dans Le Vent se lève. Sunao Katabuchi poursuit cette représentation avec son film, les scènes de combat sont l'occasion de ruptures formelles où l'animation traditionnelle laisse place à la peinture, et les terribles bombes qui s'abattent sont déréalisées en de multiples explosions colorées. D'une réflexion sur la représentation de la guerre, Dans un recoin de ce monde fait aussi une réflexion sur l'usage de l'animation, sur la distanciation avec le réel pour mieux l'explorer, sur l'artifice inhérent à l'animation et qui pourtant permet d'investir l'horreur et la douleur qu'elle implique de façon authentique.

Le réalisateur Sunao Katabuchi

Sunao Katabuchi est né en 1960 à Hirakata dans la préfecture d'Osaka. Après des études secondaires effectuées à Funabashi, dans la préfecture de Chiba, Katabuchi intègre l'université Nihon à Tokyo. Il y étudie le cinéma et en particulier l'animation. En 1981, encore étudiant, il collabore au scénario de plusieurs épisodes de la série Sherlock Holmes réalisés par Hayao Miyazaki. Il rejoint ensuite Telecom Animation Film où il a comme formateurs Yoshifumi Kondo, Yasuo Otsuka, Isao Takahata et Kazuhide Tomonaka.

En 1987, le studio Ghibli lui confie dans un premier temps la réalisation du film Kiki la petite sorcière. Hayao Miyazaki, producteur du film, est toutefois peu satisfait du travail du scénariste Nobuyuki Isshiki et s'implique davantage dans le projet, reprenant à son compte scénario et réalisation. Il garde toutefois Katabuchi à ses côtés, en tant qu'assistant réalisateur. En 1989, il part travailler à Studio 4°C et commence à développer un projet de film, Princesse Arete (en). Le film sort en 2001, après huit ans de conception et trois ans de production, et remporte un prix lors du salon Tokyo International Anime Fair de 2002.

En 2001, il est l'invité de la biennale Nouvelles Images du Japon au Forum des Images qui lui consacre une rétrospective. La carrière de Katabuchi se poursuit à Madhouse, studio pour lequel il réalise de nombreux storyboards. En 1998, son court métrage Upon This Planet est sélectionné à l'Animafest Zagreb et est projeté au Festival international du film d'animation d'Annecy. En novembre 2007, il est l'invité de la Fête de l'animation de Lille qui organise une rétrospective de son œuvre. Il participe à cette occasion à une masterclass. En 2009, son second film, Mai Mai Miracle, gagne un prix au Festival international du film d'animation d'Ottawa.

Filmographie

  • 2001 : Princess Arete - Réalisateur, scénariste
  • 2006 : Black Lagoon (série télévisée) - Réalisateur, scénariste
  • 2009 : Mai Mai Miracle -réalisateur,scénariste
  • 2016 : Dans un recoin de ce monde - Réalisateur, scénariste, Storyboard

Tous les films. . . Sommaire
Pour nous joindre, déposer vos questions ou remarques: Ciné-Passion