La Promesse de l'aube, film français d'Éric Barbier, sorti en 2017


Distribution:

  • Pierre Niney : Roman Kacew, dit Romain Gary
  • Nemo Schiffman : Roman Kacew, 14-16 ans
  • Charlotte Gainsbourg : Mina Kacew, la mère de Romain Gary
  • Didier Bourdon : Alex Gubernatis
  • Jean-Pierre Darroussin : Zaremba, l'artiste polonais

Fiche technique:

  • Réalisation : Éric Barbier
  • Scénario : Éric Barbier et Marie Eynard, d'après le roman de Romain Gary publié en 1960
  • Photographie : Glynn Speeckaert
  • Montage : Jennifer Augé
  • Musique : Renaud Barbier
  • Production : Éric Jehelmann et Philippe Rousselet ; Adrian Politowski (coproducteur)
  • Durée : 131 minutes
  • Date de sortie : 20 décembre 2017

Tout en étant assez fidèle au roman, Eric Barbier, évite la lourdeur de la reconstitution, non par l’épure mais au contraire en surchargeant ses plans de figurants, d’objets, de détails, que l’on sent minutieusement choisis sans que le cinéaste ne s’appesantisse jamais sur eux, préférant insuffler un mouvement constant, une vitalité assez réjouissante. A cela s’ajoute, malgré les filtres jaunes et les couleurs délavées, une lumière souvent surprenante, des éclairages inventifs et certaines belles trouvailles visuelles.

Mais surtout, le scénario a l’intelligence de ne jamais perdre de vue le fait que le roman de Romain Gary relève autant de l’affabulation que de l’autobiographie. La mère de l’écrivain est une actrice ratée, excessive, envahissante, et Charlotte Gainsbourg, meilleure dans l’excès ou le comique que dans la subtilité, se révèle convaincante en Slave théâtrale surjouant sa vie et celle de son fils. Ce fils qui tente d’accéder à une grandeur programmée par elle, courant après l’aventure et la gloire en s’y cassant presque toujours le nez.

Pierre Niney incarne très bien la part d’adolescence nigaude qui persiste dans ce personnage poussé trop tôt à devenir un homme viril et héroïque par une mère aveuglée d’admiration pour sa créature. Alors, ce qui pourrait sonner faux ne fait que souligner la part de jeu et de théâtre qui dicte les péripéties de Romain, qui a toujours l’air un peu déguisé, un peu trop jeune et en deçà de ce qu’il vit.

Le roman

Dans le roman, Romain Gary fait le récit de son enfance et de sa jeunesse auprès de sa mère, ancienne actrice russe portée par un amour et une foi inconditionnels en son fils. L'histoire, pleine d'humour et de tendresse, raconte la lutte sans trêve qu'elle mène contre l'adversité, l'énergie extravagante qu'elle déploie pour qu'il connaisse un destin grandiose et les efforts de Romain, qui est prêt à tout pour faire coïncider sa vie avec le rêve naïf de celle qu'il aime .

La première partie commence par les rêveries d'un Romain mûr, se rappelant comment par amour pour sa mère, il a décidé de défier la bêtise et la méchanceté du monde. Elle relate ensuite ses années d'enfance dans la ville polonaise de Wilno (aujourd'hui Vilnius). La mère de Romain lui inculque ses rêves de triomphe : il sera un grand homme, admiré et adulé, un grand séducteur, un grand artiste. Ils iront en France, pays qu'elle pare de toutes les vertus. Au cours d'une brève période de prospérité, liée au succès d'une « maison de haute couture » menée tambour battant par sa mère, il bénéficie d'un train de vie extravagant et d'une kyrielle de professeurs. Sa mère le pousse sans succès dans diverses activités artistiques et lui-même fait tout son possible pour se découvrir des talents. Il commence à écrire . Il révèle qu'il est devenu ce que sa mère prédisait : un écrivain reconnu, un héros de guerre, en évoquant la période désargentée qui avait suivi leur arrivée à Wilno. Sa mère, à sa grande honte, clamait aux voisins ses ambitions, et était abreuvée en retour de quolibets. La faillite de la maison de couture les ramène à des temps difficiles. Ils s'installent à Varsovie, de passage avant de retourner vers ce qu'ils considèrent comme leur « vrai » pays, la France. Une humiliation à l'école, il n'a pas réagi alors que sa mère était traitée de « cocotte », décide de leur départ pour Nice.

Dans la deuxième partie, le narrateur évoque son adolescence à Nice : la mère de Romain, malgré son énergie dans l'adversité, est contrainte de demander de l'aide, on imagine qu'elle s'adresse au père de Romain. Romain se consacre à l'écriture, afin d'atteindre la gloire attendue. Il fait aussi ses premières expériences d'homme, provoquant la fierté de sa mère. Elle trouve finalement la stabilité en devenant gérante de l'Hôtel-Pension Mermonts. L'existence devient heureuse. Toutefois, Romain est gagné par l'angoisse de ne pas réussir à temps à offrir sa victoire à sa mère, quand celle-ci se révèle diabétique, ce qu'elle lui cachait depuis deux ans. Malade, vieillie, elle continue à lutter avec force et à transmettre à son fils sa certitude d'un avenir radieux pour lui. Il part à Aix, puis à Paris faire une licence de droit, et, en 1938, devient élève-officier à l’école de l’air de Salon-de-Provence. Mais sa promotion est refusée car il est naturalisé de trop fraîche date, et il doit alors inventer un mensonge pour éviter à sa mère une trop douloureuse déception. Lorsque la guerre éclate, il part comme simple caporal. Il la revoit en 1940, lors d'une permission, et la laisse très souffrante.

La troisième partie est consacrée aux années de guerre, durant lesquelles il reçoit de sa mère d'innombrables lettres d'encouragement et d'exhortation à la vaillance. Ayant rejoint l’aviation de la France libre, il combat en Grande-Bretagne, en Afrique et termine la guerre avec le grade de capitaine. Il est fait Compagnon de la Libération, officier de la légion d'honneur. Il publie en 1945 Éducation européenne en Angleterre, qui reçoit un écho favorable et se voit proposer d’entrer dans la diplomatie pour « services exceptionnels ». Revenant à Nice à la fin de la guerre, il découvre que sa mère est morte trois ans et demi avant son retour, après avoir chargé une amie de transmettre au fur et à mesure à son fils les centaines de lettres qu'elle avait écrites pour lui les jours précédant sa mort.

La Promesse de l'aube est avant tout un roman sur l'amour maternel. Le véritable objet du livre n'est pas tant de retracer la vie de l'écrivain que de rendre hommage à sa mère, qui est à ce titre le personnage principal du roman, c'est son amour et son ambition pour son fils qui vont le porter au-delà de tout ce qu'il aurait pu espérer pour lui-même. Elle croit en un destin extraordinaire pour son unique fils, nourri de tous ses espoirs déçus d'ex-actrice exilée: « Tu seras un héros, tu seras général… ambassadeur de France ». Cet amour maternel à la fois exubérant et constructeur est le point d'ancrage du livre.
Le titre est de ce passage : « Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. »

Le réalisateur Éric Barbier

Éric Barbier est né le 29 juin 1960 à Aix-en-Provence.

Diplômé de l'Institut des hautes études cinématographiques, il passe à la réalisation en 1991 avec le film Le Brasier. Mélodrame social autour de l'univers minier interprété par Jean-Marc Barr et Maruschka Detmers, ce film est à l'époque, avec environ 100 million de francs, l'un des plus gros budgets du cinéma français. Il connaît cependant lors de sa sortie un échec commercial cinglant. Éric Barbier travaille ensuite dans la publicité.

Il revient en 2000 à la réalisation sur grand écran puis tourne en 2007 un nouveau film à gros budget, le polar Le Serpent, avec Yvan Attal et Clovis Cornillac. Son film suivant, Le Dernier Diamant, est une nouvelle déception commerciale.

Filmographie

  • 1991 : Le Brasier
  • 2000 : Toreros
  • 2007 : Le Serpent
  • 2014 : Le Dernier Diamant
  • 2017 : La Promesse de l'aube

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