La Nouvelle Vie de Paul Sneijder film français de Thomas Vincent, sorti en 2016 |
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Distribution:
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Fiche technique:
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Suite à un rarissime mais terrible accident d'ascenseur, Paul Sneijder ouvre les yeux sur la réalité de sa vie de « cadre supérieur » à Montréal : son travail ne l’intéresse plus, sa femme l’agace et le trompe, ses deux fils le méprisent. Sa fille, qui l'accompagnait, est morte de ses blessures. Il se rend au funérarium pour prendre l'urne de son enfant qu'il avait délaissée. Il rentre chez lui où l'attend son épouse, une carriériste acariâtre. Elle le harcèle pour qu'il porte plainte. Elle compte bien utiliser l'argent ainsi récupéré pour payer les études à Harvard de leurs fils. De son côté, Paul pense plutôt à se reconstruire et renâcle à s'enrichir «grâce» au décès de sa fille. Comment continuer à vivre dans ces conditions ? En commençant par changer de métier : promeneur de chiens par exemple ! Ses proches accepteront-ils ce changement qui le transformera en homme libre ? Le rythme du film est mesuré, prend son temps, notamment à filmer Thierry Lhermitte, qui vaut vraiment le coup d’être regardé. Son visage mangé par une barbe reste la plupart du temps impassible dans toute la première moitié du film. Ses rides apparaissent, il fait son âge, il ne cherche pas à le cacher. Tout passe alors par ses yeux et c’est absolument bouleversant. Car Paul retient ses larmes et c’est ce qui va retenir notre attention pendant une bonne heure, la plus belle du film. Celle où il rencontre des gens qui lui posent des questions auxquelles il ne sait pas répondre parce qu’il n’est pas en état de répondre. Celle où il se lie avec un avocat, d'abord son adversaire puis faisant preuve d’une amitié charmante, désuète. Où il se fait embaucher, par un jeune homme sympathique fan de nombres premiers, comme promeneur de chiens, parce qu’il ne veut plus rester enfermé dans un bureau de cadre. L’agoraphobie et la claustrophobie de Paul Sneijder, provoquées par son accident, ne sont jamais psychologisées, et c’est aussi une des qualités du film que de nous épargner tout langage grossier, toutes notions de “refaire sa vie”, “faire son deuil”, “se reconstruire”. Paul ne reconstruira rien, et il tentera de s’enfuir du monde où il vit, peut-être comme l’avait fait son père, cet homme qui s’était installé en France parce qu’il était un “maverick” ? Il fuira un monde qui le prend littéralement pour fou parce qu’il ne veut pas violer sa morale individuelle. Pourtant Paul n’est pas un héros, c’est un homme qui, comme il le crie, voudrait qu’on lui laisse sa liberté. Thomas Vincent a su restituer l'humour décalé et absurde du livre, Le Cas Sneijder, l'un des meilleurs romans de Jean-Paul Dubois, aussi drôle que noir. Tourné en grande partie dans l'atmosphère ouatée de l'hiver québécois, le film reste très juste dans sa représentation de la dépression et des névroses. Et Géraldine Pailhas, pour une fois dans un rôle de teigne, fait merveille dans un registre burlesque inattendu. |
Ciné-Passion
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