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Pauline à la plage, un film français de Éric Rohmer , sorti en 1983

 

Distribution:

  • Amanda Langlet : Pauline
  • Arielle Dombasle : Marion
  • Pascal Greggory : Pierre
  • Féodor Atkine : Henri
  • Simon de La Brosse : Sylvain
  • Rosette : Louisette
  • Marie Bouteloup : Marie
  • Michel Ferry : un copain

Fiche technique:

  • Réalisation : Éric Rohmer
  • Scénario : Éric Rohmer
  • Musique : Jean-Louis Valéro
  • Date de sortie : 1983
  • Genre : comédie romantique
  • Durée : 94 minutes
  • Production : Les Films Ariane
    Les Films du Losange
  • Images : Néstor Almendros
  • Montage : Cécile Decugis

Pauline, 15 ans , accompagne pour les vacances, à la fin de l’été, dans une villa normande, près de Granville, sa cousine fraîchement divorcée Marion .
Sur la plage, elles rencontrent un ancien amoureux de Marion, Pierre. Il leur propose des leçons de planche à voile et les présente à Henry un ethnologue marié et père de famille, qui vit comme il l’entend et se trouve là seul. Marion s’éprend d'Henry et passe une nuit avec lui.
Pierre est jaloux. Sur la plage, Pauline rencontre un garçon de son âge, Sylvain. Henry courtise Louisette, la petite marchande de bonbons, l’emmène dans sa chambre et fait croire à Marion, qui l’a surpris, que la fille était avec Sylvain.

Pauline à la plage est le troisième opus de la série Comédies et proverbes et illustre la devise de Chrétien de Troyes "Qui trop parloit, il se mesfait"
Mais il est ordinaire, dans les films de Rohmer, de parler d'abondance.

Une première conversation fixe un enjeu provisoire : confronter différentes conceptions de l'amour. Pierre attend le grand amour, Henri préfère le défilé des plaisirs, fussent-ils éphémères, Marion tortillée dans son fauteuil, caressant son épaule nue, opte quant à elle pour la passion ardente.
Et Pauline, en un ballet millimétré, navigue d'un siège à l'autre, finit par apporter son point de vue, au demeurant plus réfléchi que ceux de ses aînés, malgré sa jeunesse. Mais enfin, les jeux sont faits : Marion s'éprend d'Henri et passe la nuit avec lui, sous l'oeil jaloux de Pierre, qui s'évertue, sans succès, à discréditer son rival.

Comme souvent chez Rohmer, le noeud de l'intrigue est, non pas une parole, mais une image muette. Et comme souvent, c'est un tiers, un personnage secondaire, qui est au centre de cette image.
Tandis que Marion et Pauline sont en excursion et que Pierre rentre de la plage, celui-ci aperçoit par la fenêtre d'Henri une fille toute nue, Louisette, la marchande de cacahuètes. Nous savons qu'elle batifole avec Henry pendant que Sylvain regarde la télévision au rez-de-chaussée. Pierre, qui n'a vu que la seule Louisette par la fenêtre, le devine seulement.

Henri a mis au point un stratagème pour faire croire à Marion que c'était Sylvain dans la chambre, avec Louisette. Tant pis pour Pauline, qui s'imagine alors être trompée.
Aucune chance, pour Pierre, de convaincre Marion de la veulerie de son amant estival. Cette fenêtre qui cadre arbitrairement une scène en font un ersatz d'écran de cinéma. L'écran, comme lieu du malentendu. Malentendu qui engage pour chacun une position, des choix, des actions. Il faut composer avec ce rectangle, ce malin génie qui montre (Louisette) autant qu'il cache (Henri), révèle autant qu'il trompe. Aux personnages, enfin, de confronter leur point de vue à celui de la caméra, en y mettant leurs propres motivations.

Rohmer nous raconte l'éternelle équivoque des rapports humains. La transparence est l'art du cache, l'ensemble des faits, un royaume à tiroirs. Jamais éteinte, la possibilité d'ignorer la vérité. Jamais innocente, la déclaration vraie qui se retourne immédiatement contre qui la lance (Pierre, ici). Il y a mille manières de composer avec pareille énigme, et Marion et Pauline s'entendent sur un compromis : chacune garde sa version des faits, même si l'une sait ce que l'autre ne fait que redouter.

Pauline a la plage a remporté l' Ours d'argent du meilleur réalisateur au Festival international du film de Berlin 1983.

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