Parasite, film sud-coréen réalisé par Bong Joon-ho, sorti en 2019


Récompenses

  • Festival de Cannes 2019 : Palme d'or
  • Oscars 2020 :
    • Meilleur film (premier film en langue étrangère à remporter l'Oscar)
    • Meilleur film international
    • Meilleur réalisateur
    • Meilleur scénario original
  • César 2020 : Meilleur film étranger

Distribution:

  • Song Kang-ho  : Ki-taek, le père
  • Jang Hye-jin  : Chung-sook, la mère
  • Choi Woo-sik : Ki-woo, le fils
  • Park So-dam  : Ki-jung, la fille

Fiche technique:

  • Titre original : ??? - Gisaengchung
  • Réalisation : Bong Joon-ho
  • Scénario : Bong Joon-ho et Han Jin-won
  • Photographie : Hong Kyeong-pyo
  • Montage : Yang Jin-mo
  • Musique : Jeong Jae-il
  • Sociétés de production : Barunson E&A ; CJ Entertainment
  • Durée : 131 minutes
  • Dates de sortie : 21 mai 2019 (Festival de Cannes)
    • 5 juin 2019 (sortie nationale)

Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Ils vivent entassés dans un appartement insalubre en sous-sol. Ils piratent le réseau Wi-Fi de leurs voisins et survivent en pliant des boîtes à pizza cartonnées.

Un jour, ils reçoivent la visite d’un étudiant qui demande à Ki-woo, son ami, de le remplacer pour donner des cours privés d'anglais à une jeune fille, Da-hye : il est amoureux de celle-ci et ne fait pas confiance aux autres étudiants. Ki-jung, douée pour les arts, fabrique un faux diplôme de l'université Yonsei pour Ki-woo, qui va se présenter au superbe domicile des parents de la jeune fille. Vite accepté, il séduit rapidement la fille et met en confiance la mère, Mme Park, une femme au foyer un peu naïve. Comme celle-ci voit des chefs-d’œuvre à la Basquiat dans les gribouillages de son fils Da-song, un petit garçon très instable depuis le jour où il a vu un « fantôme » sortir de la cave, Ki-woo la persuade d'embaucher comme professeur de dessin sa sœur Ki-jung, qu'il présente comme Jessica, une art-thérapeute très recherchée formée aux États-Unis.

Ki-jung s'impose tout aussi rapidement dans la maison. Reconduite un soir au métro par le chauffeur de M. Park, qui tente vainement de la séduire, elle ôte discrètement sa culotte et la dépose sur le sol de la voiture. Son plan réussit : M. Park, découvrant le sous-vêtement, renvoie son chauffeur pour avoir « franchi la ligne » en couchant avec une femme sur le siège où lui-même est transporté. Ki-jung parle alors à M. Park d'un excellent chauffeur qu'elle a connu autrefois, un peu âgé mais distingué : c'est en réalité son père, embauché à son tour.

Enfin c'est la mère, Chung-sook, qui, sur la recommandation de Ki-taek, entre elle-même dans la maison à la place de la gouvernante de la maison, lorsque les trois acolytes manipulent Mme Park en lui faisant croire que cette dame, allergique à la peau de pêche, est tuberculeuse et ne doit plus être mise en contact avec des enfants.

Dès lors, les deux familles vivent partiellement sous le même toit et profitent de leurs salaires. À l'occasion d'une sortie de la famille Park pour un week-end de camping pour l'anniversaire de Da-song, les quatre employés profitent de la maison vide. Ils se saoulent dans le salon, regardant l'orage par la grande baie vitrée, quand survient l'ancienne gouvernante, qui se rend dans la cave sous un prétexte : elle cherche en réalité à accéder au bunker souterrain pour apporter de la nourriture à son mari, qu'elle y héberge en secret depuis plusieurs années pour fuir des créanciers réclamant de l'argent qu'il a perdu dans une affaire dans laquelle Ki-taek même était impliqué. Après une altercation, l'ancienne gouvernante manque d'envoyer une vidéo révélant la parenté des nouveaux employés, mais les Kim reprennent le dessus et elle est finalement enfermée dans le bunker avec son mari, gravement blessée.

Peu après, à cause de l'orage, la famille Park revient à la maison. Chung-sook les accueille tandis que son mari et ses enfants se cachent comme ils le peuvent.

Le lendemain, Mme Park décide d'organiser, pour l'anniversaire de son fils, une grande réception à laquelle elle invite de manière impromptue un grand nombre d'amis. Ki-taek doit participer à une fausse bataille d'Indiens dont le jeune fils de M. Park triomphera, ce qui l'humilie. Pendant ce temps, Geun-sae, le mari de l'ancienne gouvernante, écrasé de douleur par la mort de sa femme poussée dans l'escalier par Chung-sook, attaque Ki-woo qui était descendu au bunker. Geun-sae, déterminé à se venger, blesse le jeune homme à la tête, laissant celui-ci inanimé au sol, puis il s'empare d'un couteau de cuisine et sort dans le jardin familial, où il tue Ki-jung et blesse de nombreux convives au hasard avant d'être lui-même tué d'un coup de broche par Chung-sook. Dans la confusion générale, M. Park veut fuir pour emmener son fils inconscient à l'hôpital, ignorant la blessure grave de Ki-jung, et cherchant à ramasser les clés de la voiture tombées par terre au moment de la rixe entre Geun-sae et Chung-sook en se bouchant le nez. Devant cet ultime geste de mépris, Ki-taek saisit le couteau, poignarde M. Park et disparaît sans laisser de trace.

Un mois plus tard, Ki-woo sort de l'hôpital. Malgré les chefs d'inculpation, il n'est condamné qu'à une peine de prison avec sursis comme sa mère. En observant l'ancienne maison des Park depuis une colline, il se rend compte qu'une lumière clignote ; se rappelant que le mari de la gouvernante utilisait une commande électrique pour communiquer par morse avec le fils Park, il comprend que son père est caché lui-même dans le bunker et utilise ce procédé pour lui envoyer un message à tout hasard. Ki-woo rédige lui-même une lettre pour son père ; il y explique qu'il est décidé à obtenir une bonne situation pour devenir riche et racheter la maison, imaginant le jour de l'emménagement où son père pourra enfin sortir du bunker.

Cette famille n'a pas le moindre scrupule. Et pourtant, il est difficile de condamner ces individus. Le seul fait de les voir en famille les rend inévitablement sympathiques. On ne s’inquiète pas de voir se monter l’arnaque, puisque celle-ci se construit de manière assez classique. Il faut attendre, tout en profitant de cette mécanique délicieusement machiavélique, au moins une demi-heure avant que l’entreprise ne commence à se montrer suspecte. Autant dire que le public a largement le temps de s’attacher à ces personnages avant de s’inquiéter de leurs limites morales. Mais les choses continuent à s’aggraver peu à peu, et le suspense du film ne fait qu’augmenter, jusqu’à atteindre un niveau que l’on peut aisément qualifier d’horrifique.

Tout le génie de Bong Joon-ho réside dans ce mélange de genres qu’il organise subtilement. S’embarquer dans Parasite, c’est accepter de se perdre dans ses repères cinéphiliques et moraux. Lorsque la violence sociale, qui apparaît au début comme le véritable antagoniste de cette banale histoire d’arnaque, devient violence physique que le film connaît sa première variation. Ce thriller social ultra violent laisse le spectateur face à ses réactions. Doit-on s’attacher aux personnages parce qu’ils ne font qu’essayer de sortir d’un carcan social ou doit-on les détester parce qu’ils laissent derrière eux des victimes ?

?"En réunissant dans la même demeure deux familles opposées, Parasite réalise une sorte de condensé social, qui désigne clairement une société à deux vitesses où les places à l'ombre des riches se payent par une aliénation absolue à leur mode de vie. La mise en scène incroyablement dynamique de Bong Joon-ho atteint des sommets. Les rapports entre les classes sociales passent ici par les niveaux d'habitation, la distribution du haut et du bas, du sol et du sous-sol, du propre et du sale. Car la hauteur sociale des uns ne va jamais sans s'appuyer sur des fondations douteuses, inavouables, une profondeur refoulée où toute l'horreur de la domination est contenue à l'état pur.?»
Mathieu Macheret, Le Monde, 22 mai 2019

 

 

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