Les Misérables , film français réalisé par Ladj Ly, sorti en 2019


Récompenses

  • Festival de Cannes 2019 : Prix du Jury
  • César 2020 : César du meilleur film; César du public; Meilleur montage
  • Nomination Oscar 2020 : Meilleur film international

Distribution:

  • Damien Bonnard : Stéphane
  • Alexis Manenti : Chris
  • Djebril Zonga : Gwada
  • Issa Perica : Issa
  • Jeanne Balibar : La commissaire

Fiche technique:

  • Réalisation : Ladj Ly
  • Scénario : Giordano Gederlini, Ladj Ly et Alexis Manenti
  • Photographie : Julien Poupard
  • Montage : Flora Volpelière
  • Musique : Marco Casanova et Kim Chapiron
  • Société de production : Srab Films
  • Durée : 102 minutes
  • Dates de sortie : France : 15 mai 2019 (Festival de Cannes) ; 20 novembre 2019 (sortie nationale)

Le film commence par des images des Champs-Élysées où la foule fête la victoire de l'équipe de France à la coupe du monde de football en Russie, décrit comme un moment de fraternité provisoire.

Policier, Stéphane a quitté Cherbourg afin de se rapprocher de la mère de son fils et pour intégrer la brigade anti-criminalité de Montfermeil où il fait équipe avec Chris et Gwada. Lors de sa tournée quotidienne, le trio rencontre les personnes influentes du quartier. Stéphane, quant à lui, prend petit à petit ses marques, tandis que Chris le provoque, le met à l'épreuve et agit en caïd auprès de la population.

La journée est marquée par une altercation entre les gitans d'un cirque et les habitants de la cité. Un garçon à la peau noire aurait volé le lionceau Johnny et leurs propriétaires menacent de représailles si le lionceau n'est pas rapporté dans les 24 heures. Le trio de la BAC s'interpose et Chris promet de s'occuper de l'affaire.

Durant leurs recherches, les policiers découvrent, sur un réseau social, des photos du lionceau dans les bras du jeune Issa, qu'ils retrouvent sur le terrain de football et qu'ils tentent d'interpeller ; mais une vingtaine de jeunes s'interposent et permettent à Issa de s'enfuir. Après une poursuite dans les rues de la cité, Issa est rattrapé et menotté. Mais les policiers sont à nouveau pris à parti et caillassés. Dans le feu de l'action, Gwada tire à bout portant au LBD sur Issa, le touchant à la tête.

Le trio réalise alors qu'un drone est en train de les filmer. Pour tenter d'étouffer l'affaire, Chris refuse d'emmener Issa à l'hôpital et ordonne de retrouver d'abord la vidéo. Ils se rendent chez un indic pour obtenir plus d'informations sur le propriétaire du drone, tandis que Stéphane va dans une pharmacie pour tenter de soigner Issa qui reprend peu à peu conscience. Chris parvient à identifier et retrouver le propriétaire du drone, un ado nommé Buzz. À leur arrivée, Buzz s'enfuit. Il se réfugie dans un restaurant kebab et confie la carte mémoire contenant la vidéo à Salah, le gérant du restaurant, délinquant repenti et Frère musulman, respecté dans la cité. Tandis que Chris essaie d'obtenir la carte par la menace et la force, Stéphane négocie avec Salah pour la récupérer. Invoquant un accident, il assure qu'Issa est hors de danger, et qu'un compromis est possible.

Le lionceau est repéré, retrouvé par la BAC et rendu au cirque, sain et sauf. Mais le gérant du cirque prend Issa et s'enferme avec lui dans la cage du lion. Stéphane met alors en joue le lion, menaçant de le tuer, pour assurer la protection d'Issa. Le gérant rend aux policiers Issa apeuré, qui a uriné dans son pantalon. Puis, le trio relâche Issa, Chris lui ordonnant de dire à son entourage qu'il s'est blessé tout seul en tombant. La journée s'achève et chacun rentre chez soi. Plus tard, Stéphane et Gwada se retrouvent dans un bar. Stéphane demande des comptes à Gwada sur la bavure. Gwada lui explique avoir paniqué, pété un câble et tiré sans réfléchir. Stéphane lui reproche de ne pas assumer sa responsabilité, mais néanmoins lui donne la carte contenant la vidéo.

Le lendemain, pendant leur tournée, les policiers remarquent qu'ils sont suivis de près par des jeunes. Après qu'un pétard de feu d'artifice a été tiré dans leur voiture, ils sortent et poursuivent les jeunes dans un immeuble. Mais un piège les attend, ils sont encerclés à un étage et essuyent des jets de projectiles et de feux d'artifice. Malgré les tirs de grenade de désencerclement et de LBD, ils ne parviennent pas à s'échapper. Chris est blessé à l'œil par une bouteille, tandis que Stéphane tambourine à une porte d'appartement, espérant de l'aide. Alors que l'on s'apprête à leur ouvrir, Issa arrive à l'étage supérieur, cocktail Molotov à la main, prêt à le lancer sur eux. Stéphane sort son pistolet et tente de le raisonner, le tenant en joue. Les deux semblent hésiter à passer à l'acte, sous le regard de Buzz, voyant la scène à travers le judas de la porte.

Le film s'achève alors sur une citation des Misérables de Victor Hugo :

« Mes amis, retenez ceci :
il n'y a ni mauvaises herbes,
ni mauvais hommes,
il n'y a que de mauvais cultivateurs. »

Le film de Ladj Ly se veut un drame percutant mettant aux prises le spectateur et la réalité sociale d’un microcosme difficile aux tensions qui semblent presque insolubles. Cependant c’est aussi la petite limite de ce regard qui entend fonctionner comme un uppercut frontal mais que l’on aurait finalement aimé voir plus percutant encore, plus nerveux, plus mordant, plus audacieux dans son entreprise. Ladj Ly dessine finalement des personnages assez archétypaux caractérisant plus une intention générale que des motifs nuancés, Les Misérables n’en demeure pas moins une plongée frontale efficace, portée par une énergie et une sincérité de chaque instant.

Le fait d’avoir choisi un flic naïf fraîchement débarqué dans cette « jungle » ouverte comme porte d’entrée dans ce monde, permet au spectateur d’avoir un point d’ancrage identificatoire au moment de s’amarrer à l’immersion proposée par Ladj Ly.

Ladj Ly tente d’insuffler un parfum de fresque romanesque à son entreprise, tout en gardant le recul d’une observation de la réalité, sans basculer dans le misérabilisme et sans trop prendre parti, quoiqu’il finisse par le faire un peu malgré lui, car son brûlot est davantage social que politique.

« On est saisi, happé par cette histoire de bavure policière en banlieue, à la cité des Bosquets de Montfermeil (93), inspirée d’un fait réel de 2008, dont le réalisateur fut le témoin en tant que vidéaste travaillant et habitant sur place [...]. Ladj Ly, formidable directeur d’acteurs, parvient à faire comprendre les raisons de chacun, et pourquoi l’explosion fatale est possible à tout moment. Avec ce film extrêmement vivant, il se réclame de La Haine de Mathieu Kassovitz et du collectif Kourtrajmé qui en découla indirectement. Mais le réalisateur des Misérables évoque aussi le grand Spike Lee des débuts, sa verve, son humanité et une énergie qui n’est pas, loin s’en faut, de celle du désespoir. »
Louis Guichard, Télérama, 16 mai 2019

 

 

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