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Mars Attacks! , un film américain de Tim Burton, sorti en 1996

Distribution:

  • Jack Nicholson : Le Président américain, le directeur du casino
  • Glenn Close : La femme du président
  • Annette Bening : Barbara Land
  • Pierce Brosnan : Le Professeur Donald Kessler
  • Danny DeVito : Rude Gambler
  • Martin Short : l'attaché de presse Jerry Ross
  • Sarah Jessica Parker : Nathalie Lake
  • Michael J. Fox : Jason Stone
  • Rod Steiger : Le Général Decker
  • Tom Jones : Lui-même
  • Jim Brown : Byron Williams
  • Lukas Haas : Richie Norris
  • Natalie Portman : Taffy Dale
  • Jerzy Skolimowski : Docteur Zeigler
  • Barbet Schroeder : Le Président français

Fiche technique:

  • Titre : Mars Attacks!
  • Réalisation : Tim Burton
  • Scénario : Jonathan Gems
  • Production : Tim Burton, Larry J. Franco, Laurie Parker, Paul Deason et Mark S. Miller
  • Musique : Danny Elfman
  • Photographie : Peter Suschitzky
  • Montage : Chris Lebenzon
  • Pays d'origine : États-Unis
  • Durée : 106 minutes
  • Dates de sortie : 12 décembre 1996 (première à Hollywood)
    26 février 1997 (France)

L’Amérique vit une époque morne, faite de désillusions et d’espoir d’un monde meilleur. Dans ce climat morose et quelconque, une découverte sensationnel ouvre de nouvelles perspectives à l’humanité : des vaisseaux spatiaux en provenance de Mars s’approchent de la Terre. Bien que tout à fait ignorants des intentions des extra-terrestres, les humains procèdent dans l’enthousiasme aux préparatifs de leur arrivée imminente.

Lors que de la première rencontre dans le désert américain alors que tout semblait bien se dérouler, les Martiens prennent peur et transforme cet événement historique en un abominable massacre. Le premier d’une longue série.

Le film est une parodie de plusieurs autres films du genre science-fiction, et une réaction à Independence Day, film patriotique sorti la même année, remplie d'humour noir et de clins d'œil aux films des années 1950 (par exemple La Mort aux trousses). Les armes des martiens ressemblent plus à des jouets pour enfants qu'à de vraies armes. En effet, dans ce film les terriens sont assez primaires et les extra-terrestres puissants et sans pitié. C'est une satire sociale qui fait un grand pied de nez à nos valeurs: d'une part à l'armée puisque la seule chose tuant les martiens est la musique, mais également à la science puisque l'expert, convaincu de la gentillesse des martiens, fait totalement fausse route et devient lui même le cobaye d'expériences étranges. La maison blanche est également moquée: l'attaché de presse introduit des prostituées dans le bâtiment, Jack Nicholson joue le rôle du président et celui d'un directeur de casino de Las Vegas.

La plupart des adultes de ce film apparaissent comme déraisonnables voire complètement dérangés. On constate même que les "héros" du film sont des jeunes: Richie est le premier à vaincre les martiens avec de la musique, les deux fils de Byron sauvent le Président et Taffy est la seule survivante de l'autorité du pays. En plus de l'humour spécial de Tim Burton, Mars Attacks! dispose d'un casting très bien fourni puisque la plupart des seconds rôles sont joués par des stars des années 1990 (à noter l'apparition de Tom Jones dans son propre rôle, embarqué dans un groupe de citadins cherchant à fuir Las Vegas).

Ce film peut être perçu comme le parfait antidote à l'insupportable et fascisant Independence Day. Bien que non conçu à cet effet (les deux films furent tournés en même temps), il semble en reprendre la trame de A à Z et la dynamiter dans une joyeuse et folle parodie. L'attaque des Martiens, très agressifs, la défense de la Terre assurée par les seuls Etats Unis d'Amérique, la vision de la destruction des principaux bâtiments du pays (Maison Blanche, Capitole, etc.), l'anéantissement de capitales européennes (Paris, Londres), l'importance des rôles du scientifique et du héros noir, le récit de forme chorale, etc, etc., les deux films suivent en fait très exactement le schéma des séries B du genre des années de guerre froide. Mais là où Independence Day jouait au premier degré, Mars Attacks explose tout par l'humour.

Directement inspiré par les vignettes "Mars Attacks !" de son enfance, Tim Burton s'amuse comme le gamin qu'il n'a jamais cessé d'être. Il sait bien qu'en reprenant au plus près le scénario et le visuel de ces histoires, il ne pourrait à aucun moment être crédible s'il les montrait sérieusement. Rien que les Martiens eux-mêmes, parfait cliché du genre, petits, énormes têtes avec cerveaux surdimensionnés et apparents surmontant des visages proches de celui d'un squelette, combinaisons spatiales vertes (bien sûr !), ne pouvaient guère prêtaient à hésitation.

Mais les Martiens ne sont pas seulement drôles par leur apparence physique, ils le sont aussi par leur langage ("Yak, yak, yak !" ) et leur comportement sauvage. Riant comme des bossus à leurs propres blagues sinistres et à leurs expériences horribles, ils échangent les têtes d'une journaliste de télévision (Sarah Jessica Parker) et de son chihuahua ou inhalent littéralement une explosion nucléaire, ce qui les fait parler d'une voix haut perchée, ils se promènent en slips à l'intérieur de leur soucoupe volante et savent mieux que quiconque verser des larmes de crocodile.

Bien entendu, Tim Burton se livre à un vrai jeu de massacre dans la peinture de ses divers personnages, au moins aussi radical que celui perpétré par les petits hommes verts envers les Terriens. Le Président, parfait politicien qui croit (ou fait semblant de croire...) à la vertu des belles paroles, servi par un Jack Nicholson génial, son épouse superficielle et méprisante (Glenn Close au meilleur de sa forme), le scientifique idéaliste, blouse blanche, baguette en main et pipe vissée aux lèvres, beau et vain garçon au charme duquel ne résistera pas la journaliste énamourée, ces deux protagonistes vivant une folle histoire d'amour, allant même jusqu'à en perdre la tête, tous passent à la moulinette goguenarde et cinglante du réalisateur.

Chez les "petites gens", le pompon du massacre revient à cette famille de bouseux, très "Amérique profonde", vivant dans une caravane chromée et dont la mère affirme, fusil en main, "qu'ils [les Martiens] n'auront jamais sa télé !". Le fils aîné, brute au front bas, s'engage dans l'armée pour aller "leur botter le cul", mais c'est de la grand-mère, gâteuse en maison de retraite et admiratrice inconditionnelle de la musique country la plus insupportable, que viendra la solution qui sauvera la planète.

Tim Burton a situé son film dans un contexte extra-temporel, empruntant à la fois aux années 50 et à notre propre époque. Il n'y a pas dans Mars Attacks ! de "morale" contrairement à Independence Day ni de sous-texte, à l'inverse des films de bon nombre de films de S-F des années de la guerre froide et du McCarthysme, où les Martiens et autres monstres envahisseurs illustraient très nettement la paranoïa anti –"Rouges".

Mars Attacks ! n'est qu'un film de pur divertissement, même s'il n'oublie pas en chemin une belle charge contre la bêtise, d'où qu'elle vienne. La satire du peuple américain lui-même, le refus de montrer des héros sauveurs de la planète (le noir ancien champion de boxe, joué par Jim Brown, ou Tom Jones dans son propre rôle, ne sauvent qu'eux-mêmes), à l'inverse, là encore, des films du genre et de Independence Day, explique plus que toute autre chose le cinglant échec du film aux USA. Le spectateur états-unien moyen, l'esprit formaté par les produits hollywoodiens très manichéens , ne supporte pas de ne pas se voir en sauveur universel à l'écran.

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