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Bellas Mariposas, film italien de Salvatore Mereu, sorti en 2012

 

Distribution :

  • Sara Podda : Caterina
  • Maya Mulas : Luna
  • Davide Todde : Gigi
  • Micaela Ramazzotti : La Coga Aleni
  • Luciano Curreli : Père de Caterina
  • Maria Loi : Mère de Caterina
  • Rosalba Piras : Signora Sias
  • Simone Paris : Tonio
  • Anna Karina Dyatlyk : Samantha
  • Giulia Coni : Luisella
  • Silvia Coni : Mandarina

Fiche technique:

  • Titre original : Bellas Mariposas
  • Réalisation : Salvatore Mereu
  • Scénario : Salvatore Mereu inspiré par le roman de Sergio Atzeni
  • Photographie : Massimo Foletti
  • Montage : Paola Freddi
  • Production : Carlotta Manzoli
  • Sociétés de production : Viacolvento & Rai Cinema
  • Durée : 100 minutes
  • Dates de sortie : 6 septembre 2012 (festival de Venise)
  • Distinction : Rotterdam International Film Festival, Big Screen Award

 

Dans le quartier pauvre St Elia de Cagliari, Caterina, 12 ans, veut fuir le minuscule appartement familial, son entourage à problèmes et son père tyrannique. Aujourd’hui son frère Tonio veut tuer son voisin Gigi, seul digne de son amour. Caterina et sa meilleure amie Luna vont vivre la plus longue journée de leur vie.

Les familles nombreuses connaissent bien le vacarme terrible qui peut régner dans une maison. Mais le cinéma aime la nuance, et la famille que vous verrez dans ce film cache derrière son bruit une gravité silencieuse. C’est Caterina, une jeune Sarde de 12 ans, qui nous raconte sa journée, heure par heure, minute par minute. Ils sont une dizaine à habiter dans son appartement familial aux alentours de Cagliari, donc impossible de s’y ennuyer : le père veut tuer la voisine d’en haut, cantatrice ratée, qui se met à chanter à 4h du matin, Tonio veut tuer le fils de la voisine d’en face parce que sa sœur s’énamoure pour lui, tandis que la mère lutte pour entretenir un semblant d’ordre dans cette cacophonie italienne. Le tout dans une pauvreté omniprésente, quasi banale.

Bellas Mariposas conduit le spectateur à la découverte du microcosme d'un quartier et des rues d'une ville de Sardaigne, avec une saine curiosité, montrant le laid et le beau sans moraliser ni esthétiser, en prenant le partie de la pureté de vue d'une préadolescente, encore naïve mais déjà pleine d'expérience. Le film est vécu à travers le regard et les commentaires de la jeune Caterina. est d’une telle légèreté, d’une telle insouciance, qu’elle nous fait presque oublier la gravité du propos, à peine cachée en arrière-plan. Soit elle ne s’en rend pas compte, soit la force de l’habitude a agi sur elle comme un tranquillisant ; ce n’est pas la misère qui empêche de rêver, rire, espérer. Et comme insouciance rime souvent avec insolence, elle ne se gêne pas pour nous parler à nous, spectateurs, d’un regard malin, face camera.

Le film s’inscrit donc dans la longue lignée des auteurs et des réalisateurs qui, au cinéma comme au théâtre, ont cassé la séparation entre le spectacle et les spectateurs. Ce procédé ajouté du réalisme en faisant croire à un documentaire, mais peut-être aussi pour faire rire, ou pour gêner, ou peut-être encore pour rappeler que tout cela n’est que fiction. Le rythme effréné de cette longue journée ne laisse personne de côté; Salvatore Mereu sait imposer de splendides moments de silence : la caméra plonge sous l’eau, où personnages et spectateurs sont en apnée, le souffle coupé par la beauté et la tranquillité de la mer. Le film alterne avec maestro des séquences de grand vacarme à l’italienne, dans la style agité des grands vaudevilles sociaux et des moments plus contemplatifs du paysage sarde.

Tiré d'un roman de Sergio Atzeni, Salvatore Mereu réalise un film fascinant, à l'équilibre délicat; Il possède l'inconscience qui permet d'oser et la prudence raisonnable qui le retient d'exagérer. Dans la plus pure tradition italienne de films comme Affreux, sales et méchants ou le plus récent Gomorra, Salvatore Mereu montre la pauvreté et la misère, la vivacité de Caterina qui tend plutôt vers une adaptation contemporaine de Zazie dans le métro, débordant d’imprudence enfantine et d’optimisme coûte que coûte.

Ce film original n'a pas connu de diffusion digne de ses qualités. Salvatore Mereu a choisi de ne pas confier son film aux grands circuits de distribution. Projeté et remarqué dans de nombreux festivals, Mostra de Venise, Göteborg, Copenhague, Taïwan, Festival du film de La Rochelle, il a connu une petite carrière dans les cinéma indépendants d'Italie. sa sortie en salle en France n'est pas programmée

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