Longs Adieux , film soviétique de Kira Mouratova , sorti en 1971 |
|||
Distribution:
|
![]() |
Fiche technique:
|
|
Mouratova s’intéresse aux relations flottantes et contradictoires entre une mère et son fils, à peine sorti de l’adolescence. la réalisatrice, à travers de longues séquences assez virtuoses, parvient à captiver le spectateur par la manière dont elle fait circuler ses personnages dans un espace à la fois réel et affectif. Une longue séquence au bord de la mer où se croisent, dans la première moitié du film, une kyrielle de personnages est sans doute le sommet du film, tant elle parvient à créer, avec une infinie subtilité un monde fugace et pourtant frappé d’une sorte d’éternité, par la seule force d’une mise en scène insaisissable. Après une bréve sortie, ce film est censuré pendant 16 ans. Les conditions de production de l’époque, étroitement liées au système politique tout entier, n’étaient pas en mesure d’accueillir le monde de Mouratova. Rien de sciemment contestataire à l’égard du régime mais une farouche volonté de filmer les marges, femmes en exil intérieur, mendiants, dormeurs, indigènes, bouffons, jeunes vagabonds. Mouratova se range dès lors du côté de celles et ceux dont la vitalité serait pleine mais contrariée. Dans ce monde, rien n’est ainsi logique et cohérent. Ce chaos, le film l’explore par un infini de trouvailles formelles, désynchronisation volontaire des voix, effets de répétition ou de rupture, jaillissement du passé dans le présent. « Il n'y a pas plus de héros dans les films de Mouratova qu'il n'y a de Soviétiques. On est en Russie, un pays que le cinéma a cessé de filmer depuis des années. Et c'est justement parce que Kira Mouratova, dans son entêtement de cinéaste lunaire, ne s'est intéressée, pendant toutes ces années, qu'aux sentiments des habitants de l'Union soviétique qu'elle a réussi, en douce, en fraude, avec une obsession d'artiste amoureuse, à filmer à travers l'URSS ce qui reste encore et toujours de la Russie éternelle : ses habitants. » Kira MouratovaKira Gueorguievna Muratova est une réalisatrice, scénariste et actrice roumaine puis soviétique et enfin ukrainienne, née en 1934 à Soroca en Bessarabie roumaine et morte le 6 juin 2018 à Odessa (Ukraine). Après la réalisation d'un court métrage, son premier grand film, Brèves rencontres (Короткие встречи) en 1967, épinglant ouvertement la bureaucratie soviétique, est peu apprécié par la censure soviétique. Son film suivant, Longs Adieux (Долгие проводы) est lui censuré jusqu'en 1987. Par la suite, l'activité créatrice de la réalisatrice sera partiellement bridée jusqu'au début de la Perestroïka, en 1986. Avec la ressortie de ses films précédemment censurés, en 1987, la popularité de Kira Mouratova grandit, en URSS, comme à l'étranger. Elle est ainsi membre du jury lors de la Mostra de Venise 1990. Cette notoriété lui permettra de continuer à réaliser y compris pendant les années de crise succédant à la dislocation de l'Union soviétique. Elle signe alors certains de ses meilleurs films, comme Le Syndrome asthénique (Астенический синдром), primé au Festival de Berlin, 1990. En 1994, elle reçoit un Léopard d'honneur au Festival international du film de Locarno. À partir de 1997, elle participe pleinement au renouveau des cinémas russe et ukrainien. Filmographie comme réalisatrice et scénariste
Récompenses
|
Licence : reproduction libre sous conditions
Créative Commons Ciné-Passion
. . . . . . . . . . . . . . . . . Sommaire général