Le film évoque des éléments peu connus de la biographie de Viktor Tsoi
et se déroule l'été 1981 à Leningrad. En amont de la Perestroïka, les
disques de Lou Reed et de David Bowie s’échangent en contrebande, et une
scène rock émerge.
La trame de l'intrigue est la rencontre et la relation du jeune Tsoi ,
âgé de dix-neuf ans, de Mike Naumenko (du groupe Zoopark), qui a vingt-six
ans, et de Natalia Naoumenko, l'épouse de Mike . Il raconte aussi la création
de la salle de concert Leningrad Rock Club et l'enregistrement du premier
album du groupe Kino intitulé 45.
Le film s'inspire en partie de l'autobiographie de Natalia Naumenko
qui raconte son histoire avec Viktor Tsoi.
Leto nous fait découvrir tout un pan de l’histoire du rock russe, largement
ignorée. Et avec elle un formidable courant d’énergie, d’ébullition créatrice,
malgré la chape de plomb soviétique. Dès la première image de concert,
on est dans l’ambiance : il est interdit au chanteur d’hurler, et le public
est sommé de rester assis, sans bouger. Autant dire que les rockers de
Leto sont bridés. Un narrateur sarcastique surgit parfois, tel un joker,
au milieu des séquences, pour dire et montrer tout le désordre punk, en
version anglo-saxonne, qu’aurait pu provoquer telle ou telle friction,
dans le train ou dans la rue. Non, ce n’est pas l’Angleterre, mais la
Russie de Brejnev.
Ce qui rend encore plus vitale et précieuse cette passion du rock, vécue
en loucedé, sans être non plus clandestine, le film est savoureux sur
les pourparlers avec le comité de censure. Ce qui est en echo avec les
démèlés actuels du réalisateur. Malgré son assignation à résidence pour
fraude durant la réalisation, cela ne l'a pas empêché de poursuivre cette
réalisation, sans violer les interdictions imposées par le tribunal, du
fait qu'il pouvait travailler sur ordinateur. Plusieurs scènes techniquement
inachevées ont été réalisées sur base de ses notes et des répétitions
qui avaient précédés et s'est poursuivi jusqu'à fin août 2017.
«Film hommage sans une once de solennité, film amoureux, tout en
noir et blanc, dressant le tombeau joyeux de l’époque et de ses modèles,
grand poème libre et gracieux, Leto annonce le passage d’une génération
à l’autre. Moins la Perestroïka qu’une vague soudaine venue gonfler la
vie.» Sophie Avon, Sud Ouest, 11 mai 2018
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