La La Land, film américain de Damien Chazelle, sorti en 2016

Distribution:

  • Ryan Gosling : Sebastian Wilder
  • Emma Stone : Mia Dolan
  • John Legend : Keith
  • J. K. Simmons : Bill
  • Callie Hernandez : Tracy
  • Jessica Rothe : Alexis
  • Sonoya Mizuno : Caitlin
  • Rosemarie DeWitt : Laura, la sœur de Sebastian

Fiche technique:

  • Réalisation et scénario : Damien Chazelle
  • Direction artistique : Austin Gorg
  • Photographie : Linus Sandgren
  • Montage : Tom Cross
  • Musique originale : Justin Hurwitz
  • Production : Fred Berger, Gary Gilbert, Jordan Horowitz et Marc Platt
  • Durée : 126 minutes
  • Dates de sortie : 31 août 2016 (Mostra de Venise)
    • États-Unis : 9 décembre 2016
    • France : 25 janvier 2017

Récompenses :

  • 7 Golden Globes
  • Oscars 2017 : 6 récompenses dont
    • Meilleur réalisateur pour Damien Chazelle
    • Meilleure actrice pour Emma Stone
LA pour Los Angeles. Dans un embouteillage sur une autoroute bondée de la ville, Mia, serveuse dans un bar près des studios de Hollywood et actrice débutante, insulte Sebastian , un jeune pianiste qui vient de klaxonner derrière elle. Cette première séquence est surement la meilleure du film, avec un long plan-séquence de danse sur et entre les voitures. Peu après, elle passe une audition qui se révèle infructueuse. Le soir, Mia se rend avec ses amies dans une fête organisée dans une villa sur les hauteurs de Hollywood Hills. En voulant rentrer chez elle, elle s'aperçoit que sa voiture a été emmenée à la fourrière.

Durant un concert dans un restaurant où il est employé, Sebastian se laisse aller à jouer des improvisations de jazz au lieu de jouer des chansons de Noël comme l'exige le propriétaire. Alors qu'elle entre dans le restaurant, Mia entend son morceau et semble transportée. Le patron interrompt Sebastian et le renvoie. Touchée par sa musique, Mia essaie d'aborder Sebastian pour le complimenter mais, furieux, il quitte la salle en la bousculant.

Plusieurs mois plus tard, Mia croise à nouveau Sebastian dans une soirée où celui-ci joue dans un groupe de reprises de chansons des années 1980. Elle se moque de lui et de sa carrière stagnante ; il réplique en se moquant de sa carrière d'actrice. Après le concert, ils repartent ensemble chercher leurs voitures, et se plaignent d'avoir passé la soirée ensemble, malgré une évidente bonne entente entre eux.

Devenus amis, ils se font découvrir leurs passions respectives : Mia emmène Sebastian visiter les studios de Hollywood et lui fait part de la joie qu'elle éprouve en jouant ; il l'invite dans un club de jazz et déclare qu'il souhaiterait un jour ouvrir son propre établissement. Ces visites scellent leur profonde amitié. Sebastian invite alors Mia à une projection de La Fureur de vivre ; elle accepte dans un premier temps, avant de se voir rappeler au dernier moment qu'elle a déjà un rendez-vous avec Greg, son petit ami. La soirée avec Greg et ses amis se révélant ennuyeuse, elle s'enfuit et court rejoindre Sebastian au cinéma juste avant le début du film. Leur soirée s'achève par une danse dans le planétarium de l'Observatoire Griffith, lieu-clé du récit de La Fureur de vivre. C'est là qu'ils s'embrassent pour la première fois.

Après de nouvelles auditions ratées, Mia, qui commence à déprimer, décide d'écrire un one-woman-show pour se faire connaître. Sebastian décroche un emploi dans un club de jazz et emménage avec Mia. Keith, un vieux camarade de Sebastian, lui propose de rejoindre son groupe de jazz. Sebastian est réticent, peu attiré par le style musical du groupe, mais Mia lui signale que ce serait peut-être une belle occasion de se faire connaître. Il accepte en raison de l'important salaire promis, mais découvre trop tard qu'il s'agit d'un groupe de musique pop pour adolescents. Mia assiste à un de leurs concerts et est très déçue de voir son compagnon ne pas exploiter pleinement son talent. Seb part en tournée avec son nouveau groupe et Mia reste seule pendant des mois.

Un soir, Mia rentre chez elle et découvre que Sebastian est rentré lui aussi : d'abord heureuse, elle déchante lorsqu'il lui apprend que leur groupe connait un franc succès et que la tournée risque de se prolonger longtemps - probablement plusieurs années. Il regrette d'avoir à effectuer cette longue tournée, mais reconnait qu'elle lui rapporte enfin un revenu stable. Mia ne souhaite pas le voir partir à nouveau et lui suggère de démissionner. Seb lui fait remarquer que c'est elle, à l'origine, qui lui a conseillé de rejoindre ce groupe. La discussion s'envenime : il affirme qu'elle l'aimait davantage quand il était un artiste fauché. Vexée, Mia quitte l'appartement. Le soir de la première de son one-woman-show, Mia est déçue ; Sebastian, qui avait promis de venir, est retenu par une séance photo avec son groupe et seule une dizaine de personnes assiste à son spectacle. En entendant les critiques de quelques spectateurs, Mia craque et décide d'abandonner ; elle renonce à être actrice et retourne vivre chez ses parents à Boulder City au Nevada.

Un jour, Sebastian reçoit un appel d'une directrice de casting qui a assisté au spectacle de Mia et a été fortement impressionnée ; elle souhaite la convier à une audition. Sebastian roule jusqu'à Boulder City pour annoncer la bonne nouvelle à Mia mais, traumatisée par ses échecs, elle préfère ne pas y aller pour éviter une humiliation supplémentaire. Sebastian parvient finalement à la convaincre. Durant l'audition, les recruteurs demandent à Mia de raconter une histoire : elle commence en parlant, puis chante une chanson sur sa tante, qui l'a convaincue de devenir actrice . Certain que Mia a réussi son audition, Sebastian lui conseille de tenter à nouveau sa chance dans le cinéma. Ils se promettent alors de s'aimer toujours, sans savoir de quoi le lendemain sera fait.

Cinq ans plus tard, Mia est devenue une actrice célèbre mais est désormais mariée à un autre homme , avec qui elle a une fille. Un soir, après avoir dîné au restaurant, elle et son mari vont boire un verre dans un club de jazz. En entrant, elle remarque le logo du bar : Seb's. Elle s'installe dans le public et regarde Sebastian jouer au piano. Celui-ci joue la chanson qu'il jouait lorsqu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Durant cette chanson, Mia repense à ce qu'aurait pu être leur histoire si les choses s’étaient passées différemment. À la fin de la chanson, Mia se lève et part avec son mari ; sur le seuil de la porte d'entrée, elle et Sebastian s'adressent un dernier sourire.

Le film se nourrit de diverses influences, bien que la principale soit la comédie musicale hollywoodienne de l'âge d'or. La La Land comprend ainsi plusieurs références à des classiques hollywoodiens tels que Broadway qui danse, Chantons sous la pluie (1952) ou Tous en scène (1953) . La photographie et l'ambiance du film sont quant à eux inspirés par Les Parapluies de Cherbourg (1964) et Les Demoiselles de Rochefort (1967) de Jacques Demy - et notamment par ce dernier, qui comprend plus de danse et dont la bande originale est plus proche du jazz.
Chazelle déclare également s'inspirer des films musicaux des années 1920 dédiés à une ville, comme Manhattan (1921) ou L'Homme à la caméra (1929), qui filment respectivement New York et plusieurs villes soviétiques. Outre la référence au film La Fureur de vivre (1955), avec la scène de l'observatoire Griffith, le film fait allusion à Magic in the Moonlight de Woody Allen (2014), où jouait déjà Emma Stone. Dans ce film, Stanley (Colin Firth) et Sophie (Emma Stone) trouvent refuge pendant l’orage dans l’observatoire de Nice, situé au sommet du mont Gros à Nice. Enfin le thème des amours divergents renvoie à Café Society du même Woody Allen.

La La Land est une utopie, un lieu magique qui par définition n’existe pas, et où les rêves se déploient dans un imaginaire a priori sans limites; c’est aussi le surnom ironique donné à Los Angeles, LA, l’usine à rêves. La première perfection de ce film est donc son titre, puisque son réalisateur, Damien Chazelle, n’y raconte rien d’autre que la quête de ce lieu, et ce qu’il en coûte pour y poser le pied.

Le mérite de Damien Chazelle est non pas réellement de moderniser le genre du film musical, mais plutôt d'en proposer une vision suffisamment fédératrice pour redorer son blason commercial. Cet art très maîtrisé du pastiche, jusqu’à laisser volontairement des imperfections dans le chant ou la danse, serait un peu vain s’il n’était nourri d’une véritable vision, puissamment mélancolique, qui était en germe dans son précédent Whiplash, mais ne trouve son accomplissement qu’à l’issue de ce film-ci.

Ce qui semble obséder jusqu’ici Chazelle, c’est en effet la question du geste, de sa répétition, de la soumission qu’il implique, des désirs contradictoires qu’il convoque. Whiplash montrait, avec une grande ambiguïté, comment un apprenti jazzman sacrifiait tout pour l’obtention d’un jeu techniquement parfait mais artistiquement éteint. Dans un dialogue capital, Sebastian s’entend reprocher son conservatisme par un collègue apôtre, lui, d’un jazz impur : “Tu t’accroches au passé, alors que les artistes que tu révères cherchaient à faire la musique du futur”, lui explique-t-il en substance. Et Sebastian en reste bouche bée. C’est que ce personnage moderniste, est celui par lequel Chazelle, introduit sa propre problèmatique d'auteur : il est, comme ses héros, obsédé par le passé, par la pureté, par la perfection, mais il sait, au fond de lui, que cela ne fait pas le génie.

Aussi, lorsqu’il montre, dans un finale poignant, au prix de quels sacrifices on atteint cette île utopique appelée La La Land, il est impossible de ne pas voir, derrière le rideau de fumée, une grande amertume. Une tristesse que le rêve ne soit finalement que ça. Le spectacle est brillant, l’intégrité artistique est sauve, le petit club de jazz plutôt que les mornes Zénith, le public est sous hypnose, les yeux embués, mais les regards de Sebastian et Mia qui se croisent, eux, ne disent qu’une chose : est-ce que cela en valait vraiment la peine?? Et le vrai trait de génie du cinéaste est de transmuer cette amertume en quelque chose d’autre, en une forme de bienveillance réciproque qui console les amants consumés.

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