Lady Bird, film américain de Greta Gerwig, sorti en 2017 |
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Distribution:
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Fiche technique:
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Elle s'appelle Christine mais préfère qu'on l'appelle Lady Bird. Parce que c'est le surnom qu'elle s'est donné, la manière pour cette collégienne d'une école catholique de s'être baptisée. Car Lady Bird n'aime rien ou presque dans sa vie. Ni ses professeurs, ni son lycée, ni sa ville de Sacramento et encore moins sa mère. Lady Bird est en pleine crise d'adolescence, à l'âge où l'on se sent frustré par tout, où le moindre incident peut déclencher une crise, à l'age aussi où on a les yeux grands ouverts sur l'ailleurs mais où l'on est aveugle à ceux qui vous entourent. Connue pour ses délicates performances d’actrice, Greta Gerwig passe à la réalisation avec la même grâce, la même sensibilité fantasque. Chronique plus ou moins autobiographique d’une dernière année de lycée, en équilibre fragile entre les vestiges de l’enfance et les promesses de l’âge adulte, le film embrasse tout avec la même tendresse railleuse, la même lucidité enchantée. Lady Bird s’impose d’emblée comme l’une des adolescentes les plus attachantes du cinéma de ces dernières années. Gerwig parvient à cerner le foutoir qu'est l'essence adolescente, ce besoin d'affirmer son individualité, cette envie de rébellion sans risquer de devenir un paria, ce bouillon d'impulsions. Lady Bird est une parfaite carte d'identité d'une adolescente américaine moyenne passant par les éternels rites sociaux, le permis de conduire, trouver un prétendant pour le bal de fin d'année scolaire, les engueulades et les retrouvailles entre copines, l'ennui dans une petite ville provinciale, sans savoir qu'ils seront fondateurs de sa personnalité profonde, bâtissant déjà un socle. Loin du cinéma d'auteur indépendant urbain dont elle est l'égérie en tant qu'actrice, Gerwig fait ses premiers pas de réalisatrice avec grâce, ne tombe jamais dans le piège de la caricature, par exemple en ne fermant pas les yeux sur les travers d'une demoiselle aussi attachante qu'insupportable à ses heures. Si Lady Bird est aussi attachante, c'est parce que son portrait, d'une rafraîchissante honnêteté, est celui, entre enthousiasmes et coups de cafard, de la plupart des vraies adolescentes. L’imagination en surchauffe, le verbe agile et la psyché en désordre, cette fille de 2002, dans l’Amérique inquiète de l’après-11 Septembre, réussit l’exploit d’être très singulière, tout en exprimant une crise de croissance universelle. Les dialogues sont malins, inspirés, jamais trop écrits, et l’actrice Saoirse Ronan fait des étincelles. Elle habite son personnage avec une énergie vitale, un humour, une vulnérabilité qui éclairent chaque aspect de son quotidien. Son entourage est tout aussi vivant et touchant, à commencer par la meilleure copine ou les petits amoureux, travaillés par leurs propres rêves, le premier n’ose pas s’avouer gay, le second se prend pour un poète beatnik, avec l’arrogante naïveté de la jeunesse. Et, derrière ces aventures faussement banales et vraiment justes, la cinéaste distille une secrète mélancolie, de celles qui accompagnent la fin d’une période, la mutation inévitable d’une famille et d’une relation filiale. Dans son rôle de mère aimante et horripilée, Laurie Metcalf est inoubliable, comme le reste de la distribution. Ce récit d’apprentissage est si habité, si bien ancré dans son contexte, son milieu, son époque, qu’il dépasse le simple portrait féminin pour devenir un grand et beau film choral. |
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