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Le juge et l'assassin, un film français de Bertand Tavernier , sorti en 1976

Distribution:

  • Philippe Noiret : Le juge Rousseau
  • Michel Galabru : Joseph Bouvier
  • Isabelle Huppert : Rose
  • Jean-Claude Brialy : Villedieu
  • Renée Faure : Madame Rousseau
  • Cécile Vassort : Louise Lesueur
  • Yves Robert : Le professeur Degueldre
  • Jean-Roger Caussimon
  • Jean Bretonniere
  • Monique Chaumette : Mme Lesueur
  • Jean-Pierre Sentier
  • Gérard Jugnot

Fiche technique:

  • Réalisation : Bertrand Tavernier
  • Scénario : Jean Aurenche
     Pierre Bost
     Bertrand Tavernier
  • Musique :Philippe Sarde
  • Date de sortie : 10 Mars 1976    
  • Genre : drame
  • Durée : 110 minutes
  • Production : Lira Films
  • Images : Pierre-William Glenn

Un ancien sergent d'infanterie, Joseph Bouvier a été traumatisé par une déception amoureuse. Esprit simple et exalté, nourri de slogans anarchistes, il va parcourir les villages en égorgeant et violant bergers et bergères, entre deux airs d'accordéon. Ces scènes se passent dans la campagne ardéchoise, en 1893.
Un juge de province le suit patiemment à la trace et, après un interrogatoire serré, parvient à le confondre. Bouvier sera exécuté, sans se départir de sa faconde, et aura les honneurs des gazettes. Par contagion, ou par dépit, le juge ira sodomiser honteusement sa petite amie.

Partant d'un fait divers criminel assez sordide , l'affaire Vacher , dont il a respecté la trame générale, en l'assaisonnant de vérités historiques à sa façon, Tavernier a réussi la prouesse de brosser le tableau exact d'une époque.
Cinéaste des coups de coeur, très marqué par l'« ancienne vague » française, Bertrand Tavernier (né en 1941) aime les imageries violentes, les scénarios solidement charpentés, les histoires d'hommes, où peut se glisser en filigrane une idéologie frondeuse, axée sur un gauchisme naturaliste.
Ce qui passionne Bertrand Tavernier, c'est l'affrontement de deux violences. Une violence démente, incontrôlable, et une autre légale, répressive, insidieuse. L'une comme l'autre sont révélatrices des dérives d'une époque grisée de fanatismes. Tavernier dénonce une justice de classe et les excès du pouvoir. Bouvier, le tueur dévot, ne sera pas tant jugé parce qu'il trucidait les chairs fraîches que parce qu'il émettait des théories dangereuses pour la société bourgeoise. Comme le dit le procureur, un royaliste maurrassien et antisémite : « C'est un pauvre, il n'a aucune chance ! » C'est l'époque où les dames font signer des pétitions « patriotiques contre le traître Dreyfus » aux clochards contre une assiette de soupe, où l'on brûle les livres de Zola en place publique.
À travers les rapports ambigus, de classe et de comportement, qui se nouent entre un trimardeur anarchiste et un magistrat puritain se dessinent les contours d'une société étriquée, réactionnaire, complice de toutes les répressions passées et à venir, qui dévore ses propres enfants.
Une œuvre tonique, dont les maladresses n'entament pas la sympathique intégrité.

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