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Deux enfants partent en voyage avec leurs parents dans le nord du Chili. La désolation du paysage et le confinement dans la voiture font jaillir les tensions sous-jacentes du couple tandis que Lucia et son frère voyagent les cheveux au vent. À cet instant, ils ne réalisent pas encore que leur pérégrination est en train de devenir, peut-être, le dernier voyage familial… Road-movie vu par une enfant de 10 ans, le film met en évidence, par petites touches subtiles, un drame qui se joue chez les adultes. La réalisatrice observe la lente déliquescence des sentiments des adultes, l’insouciance de Manuel, le petit frère, comme un contrepoint au désarroi de Lucia, sa sœur.

Lent, tendre et drôle, « De jueves a domingo » est filmé « à hauteur d'enfant », à travers les yeux de l'émouvante Lucía. Le pari de Dominga Sotomayor est de raconter, non la crise qui déclenche cette guerre silencieuse, ni le divorce qui la conclut, mais la lente et subtile dégradation des sentiments en petites touches subtiles : un regard lourd de reproches, un baiser sur le front parce qu'on n'ose plus s'embrasser sur la bouche. « Ce qui m'intéressait, c'était de filmer le processus, souligne la cinéaste, ce qui se passe entre les choses. J'ai préféré faire appel au silence plutôt que de dire des choses trop évidentes. Je suppose que cela vient du cinéma que j'aime : celui d'Antonioni, de Haneke. C'est une forme de naturalisme. »

C'est en retrouvant la photo de deux enfants sur le capot d'une voiture (Dominga et son cousin), que la réalisatrice a imaginé ce road-movie familial. Difficile dès lors de ne pas voir en Lucía Dominga enfant. « Elle me ressemble par sa façon de voir les choses, concède cette dernière, mais je n'ai pas vécu les mêmes choses. Lucía analyse et critique le monde, observe comment il fonctionne, comme je le faisais à son âge. » Portée par ses souvenirs, la réalisatrice nous montre avec sincérité et courage, en prenant le risque de lasser le spectateur impatient, la lente déliquescence des sentiments des parents, l'immensité et la solitude des paysages chiliens, l'insouciance de Manuel, le petit frère, comme un contrepoint au désarroi de la fillette

Dans le rôle de Lucía, la jeune Santi Ahumada est une révélation. « Je ne voulais pas d'une enfant-actrice, explique Dominga. Santi, je l'ai rencontrée au bord de la piscine de ma mère ! Je ne lui ai pas donné le scénario : elle découvrait au jour le jour, comme son personnage, ce qui arrivait à ses « parents » et réagissait en conséquence… »

« De jueves a domingo » est le premier film de Dominga Sotomayor. La jeune cinéaste chilienne est née en 1985. Après avoir terminé ses études de cinéma en 2007 et créé une société de production Cinestación, elle réalise plusieurs courts-métrages récompensés dans plusieurs Festivals de part le monde. « De jueves a domingo » a été récompensé en 2012 au festival de Rotterdam.