I want to go home, un film français d'Alain Resnais, 1989 |
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Distribution:
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Fiche technique:
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Joey Wellman, habitant de Cleveland, auteur d'un comic-strip « syndiqué » un peu oublié, « Hep Cat » (il n'est plus publié que dans cinquante journaux, et même pas dans sa ville natale, apprendra-t-on), se rend en France où est organisée une exposition sur le thème de la bande dessinée. Enfin c'est son prétexte, parce que sa vraie motivation, c'est de
retrouver sa fille Elsie étudiante depuis deux ans à Paris où elle fuit
la culture américaine, qu'elle abhorre, et son père, qui en est un produit
typique : étonné que le monde entier ne parle pas anglais, capable de
se mettre en colère devant un téléphone à cartes ou devant une énigme
telle que la pièce de cent francs (pourquoi existe-t-il un billet s’il
y a aussi une pièce ?). Le film s'est fait dans un contexte assez inhabituel. Resnais, qui n'est pas scénariste de ses films, choisit de travailler avec Jules Feiffer, un auteur de très grand talent, célèbre pour ses pièces de théâtre (petits meurtres...) mais aussi pour un comic-Strip qu'il a écrit et dessiné pendant près d'un demi-siècle pour le New Yorker, Playboy, Rolling Stone, etc. Malgré le statut d'auteur de bande dessinée et malgré la passion que ce médium inspire à Resnais depuis toujours, il est établi au départ que le film ne parlera en aucun cas de bandes dessinées. Après avoir exploré diverses pistes (un ancien combattant américain revient sur les lieux du débarquement...), Resnais et Feiffer dénoncent leur bonne résolution : le héros de leur film sera un auteur de bandes dessinées. Le film est tourné en anglais et il vaut mieux le voir en anglais, parce que la version française est terriblement encombrée des accents de cow-boys que les doubleurs ont cru bon d'imiter. Une particularité de ce film est l'insersion de Hep Cat et Sally Cat,
les deux personnages du comic-strip de Joey Wellman, à divers moments
du film : on voit Hep Cat dialoguer avec Joey et Sally Cat dialoguer avec
Elsie (on apprendra plus tard que Joey avait crée Sally Cat pour sa fille). Malgrè ses qualités, les spectateurs ont boudé le film et la critique l'a mal perçu. Marin Karmitz suggère que l'affiche était ratée. Alain Resnais pense à présent que les références à des auteurs de bandes dessinées comme Herriman, Eisner, Spiegelman ou Al Cap n'auront amusé ou intéressé que des spécialistes, ces auteurs étant méprisés dans leur propre pays et passablement méconnus par chez nous. Le fait de parler de bande dessinée est un point rédibitoire : on
ne mélange pas deux médiums aussi différents et en même temps concurrents
comme sont le cinéma et la bande dessinée impunément. Il faut noter aussi
que le film sort en 1989, période à laquelle la bande dessinée a subitement
fatigué le public qui l'avait fétée des années 1970. I want to go home est un film sérieux et mélancolique déguisé en comédie. Il est délicat de parler de la vieillesse d'un homme (Joey), de l'urgence qu'il ressent à se rabibocher avec sa fille en utilisant un prétexte scénaristique réputé léger comme la bande dessinée. Il est tout aussi déroutant d'évoquer les grands changements d'une civilisation en utilisant ce petit bout de lorgnette que sont les personnages de comics. |
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