Hippocrate, film français de Thomas Lilti, sorti en 2014


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Distribution:

  • Vincent Lacoste : Benjamin Barois
  • Reda Kateb : Abdel Rezzak
  • Jacques Gamblin : Professeur Barois
  • Félix Moati : Stéphane
  • Marianne Denicourt : Dr. Denormandy
  • Carole Franck : Myriam
  • Philippe Rebbot : Guy
  • Fanny Sidney : Estelle
  • Isalinde Giovangigli : la fille de Mme Richard
  • Thierry Gary : le fils de Mme Richard
  • Erwan Laurent : Manu
  • Christophe Odent : Professeur Truelle

Fiche technique:

  • Réalisation : Thomas Lilti
  • Scénario : Thomas Lilti, Julien Lilti, Baya Kasmi et Pierre Chosson
  • Musique : LoW (Alexandre Lier, Sylvain Ohrel, Nicolas Weil)
  • Photographie : Nicolas Gaurin
  • Montage : Christel Dewynter
  • Direction artistique : Camille Guillon
  • Production : Agnès Vallée et Emmanuel Barraux
  • Sociétés de production : 31 juin films, en coproduction avec France 2 Cinéma
  • Durée : 102 minutes
  • Dates de sortie : 22 Mai 2014 (Festival de Cannes),
    3 septembre 2014 (sortie nationale)

Brillamment reçu au concours de l'internat, Benjamin choisit d'effectuer son premier stage professionnel aux côtés de son père, dans le service de médecine interne de son père, mandarin réputé dans un hôpital parisien. Benjamin a une haute opinion de lui-même, et pas mal d'ambition. Il a tout à découvrir et commence son apprentissage. L'autre interne est un médecin algérien plus âgé, Abdel, obligé de travaillé comme interne pour gagner sa vie, et espérer un jour être admis comme médecin titulaire. Il se montre plus compétent et surtout plus humain.

Une nuit qu'il est de garde, Benjamin est appelé au chevet de Lemoine, un alcoolique, qui se plaint d'une forte douleur. Faute d'équipement en état de marche, Benjamin se contente de lui administrer un antalgique. Le lendemain, Lemoine est mort. Ses supérieurs, y compris son père, couvrent son erreur mais Abdel a des doutes. La veuve de Lemoine insiste, pose des questions. Benjamin est prêt à reconnaître une faute, mais son père l'en dissuade. Un deuxième drame survient, avec une vieille dame cancéreuse, handicapée et qui souhaite en finir avec la vie, mais que le service de réanimation maintient en vie.

La grande précision documentaire est une réussite indéniable du film. Avant de réaliser des films, Thomas Lilti était médecin généraliste. Il lui arrive encore, d’être à leur chevet, entre deux projets cinématographiques. Le film trouve la bonne distance pour décrire l'hôpital comme une microsociété de castes, où des médecins étrangers, sans cesse plus nombreux, sont exploités et sous-payés, et, où l'absence de lits conduit une chef de service à prendre des décisions inhumaines. Sont ainsi passées en revue, avec une justesse qu’on ne saurait reprocher au cinéaste, toutes les tares de l’institution hospitalière française, de la vétusté du matériel à l’épuisement des troupes, en passant par le recours à une main-d’œuvre étrangère peu considérée. Comme l'explique Abdel, « Médecin, ce n'est pas un métier, c'est une malédiction. »

Mais la précision documentaire du constat ne prend jamais le dessus sur la dimension romanesque. L'apprentissage de Benjamin passe ainsi par l'acceptation de sa responsabilité dans la mort de deux patients. La première, involontaire, à cause, d'une machine en panne. La seconde, programmée, afin de soulager une vieille femme lasse de trop souffrir, manière émouvante et digne d'évoquer les difficultés d'application de la loi Leonetti relative aux droits des malades et à la fin de vie. Le geste d'humanité, conforme à la volonté de la patiente et approuvée par la famille se terminera devant un conseil de discipline, illustrant au passage la différence de traitement entre le fils du patron et le médecin étranger.

A seulement 21 ans, Vincent Lacoste exprime une palette de jeu et de sentiments inexploitée jusqu'ici. Il excelle à incarner les petites lâchetés et les doutes existentiels d'un héros ambigu, pas toujours aimable, mais attachant jusqu'au bout. Par une mise en scène fonctionnelle et inspirée, et grâce à un casting excellent y compris pour les personnages secondaires, Lilti offre le portrait ambivalent d’un univers aseptisé seulement en surface, où romanesque, tragique et comique apparaissent dans ce film-dossier, modèle de cinéma populaire beaucoup plus équilibré que les séries américaines irréalistes sur l'hôpital.

 

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