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La Grande Évasion (High Sierra) film américain de Raoul Walsh, sorti en 1941

Distribution:

  • Humphrey Bogart : 'Mad Dog'
  • Ida Lupino : Marie Garson
  • Alan Curtis : 'Babe' Kosak
  • Arthur Kennedy : Red Hattery
  • Joan Leslie : Velma
  • Cornel Wilde : Louis Mendoza
  • Henry Hull : 'Doc' Banton
  • Henry Travers : 'Pa'
  • Elisabeth Risdon : 'Ma'
  • Isabel Jewell : 'Blonde'
  • Minna Gombell : Mme Baughmam
  • Paul Harvey : M. Baughmam
  • George Meeker : Pfiffer

Fiche technique:

  • Titre original : High Sierra
  • Réalisation : Raoul Walsh
  • Scénario : John Huston et William Riley Burnett, d'après le roman de ce dernier
  • Photographie : Tony Gaudio
  • Musique : Adolph Deutsch
  • Montage : Jack Killifer
  • Durée : 110 minutes
  • Dates de sorties : (États-Unis) 21 janvier 1941
    • 26 novembre 1947 (France)

Après huit années d’incarcération, le braqueur de banque Roy Earle sort de prison. Il replonge immédiatement dans le banditisme et prépare un hold-up avec l’aide de deux malfrats et de Marie, une danseuse de cabaret qui s’éprend de lui. La cible est le coffre d’un hôtel de luxe situé aux alentours de Los Angeles. Au cours de la préparation du hold-up, il rencontre une famille de fermiers de l’Ohio avec laquelle il se lie d’amitié et dont il tombe amoureux de la fille . Parallèlement, il éprouve un bon nombre de difficultés à souder son équipe en vue du casse : deux hommes au tempérament bien trempé et une jeune femme à la beauté vénéneuse composent ce groupe en quête de richesses et d’aventures.

A partir de ce synopsis très banal et souvent repris, John Huston rédige un scénario brillant qui lui ouvrira les portes de la réalisation et rencontre celui qui deviendra une des sources de son inspiration, Humphrey Bogart. Bogey, quant à lui, décroche son premier rôle majeur et signe une performance inoubliable. L’histoire de Roy Earle et de son équipe de malfrats correspond parfaitement à certaines thématiques qu’il développera tout au long de sa carrière : un groupe d’hommes part en quête d’un idéal et échoue en s’autodétruisant. John Huston développe son script et se rapproche de Burnett, l'auteur du roman avec lequel il collabore. La caractérisation du personnage de Earle transforme le gangster classique du cinéma des années 30 en un personnage plus complexe. Ce film marque la fin d’une époque, celle des récits manichéens de mauvais garçons, et ouvre la voie à de nouveaux personnages à la personnalité plus riche.

Earle est un personnage sur le fil du rasoir. Il tente de contenir sa violence et de se ranger dans une vie paisible mais les évènements le font souvent déborder. Humphrey Bogart, d’un naturel râleur et qui aime jouer au dur malgré sa gentillesse instinctive, endosse ce rôle avec une facilité déconcertante. Cependant, Jack Warner craint que le film n’ait pas le succès escompté. Le nom de Bogart n’est pas encore assez connu et pour attirer les foules, le studio lui donne comme partenaire Ida Lupino dont l’Amérique raffole. Dans certaines scènes, Bogart est d’une douceur touchante. A titre d’exemple, son dialogue avec la belle Joan Leslie sous le ciel étoilé tend presque vers la romance à l’eau de rose. Mais lorsqu’il apprend que Marie a été battue par leur partenaire de braquage , son visage se transforme, tous ses muscles se tendent et le doux Bogart se métamorphose en un paquet de nerfs. Pour la première fois devant une caméra, Bogart exprime l’immense palette de son jeu d’acteur. Il peut évidemment remercier John Huston de lui avoir offert ce personnage passionnant mais il doit également beaucoup à l’ancien comédien, Raoul Walsh, qui le dirige avec une précision remarquable.

Le 21 janvier 1941, High Sierra sort sur les écrans avec le nom d’Ida Lupino en tête d’affiche et celui de Bogart juste en dessous. Le succès du film est au rendez-vous. Si le film est une telle réussite et jouit encore d’une réputation sans faille, c’est évidemment grâce au scénario de John Huston, à l’interprétation de Bogart et d’Ida Lupino, mais tout cela ne serait rien sans le talent de Raoul Walsh. Le réalisateur qui fut d’abord acteur chez Griffith, est définitivement passé derrière la caméra depuis la mésaventure qui lui fit perdre un œil. Lorsqu’il réalise High Sierra, on peut d’ailleurs remarquer une scène qui rappelle précisément son accident : au début du film Earle conduit dans le désert à vive allure et manque de renverser son véhicule en évitant un lièvre. Cet événement provoque la rencontre avec la famille de fermiers de l’Ohio auprès de laquelle il tente d’inverser le cours de son destin. Dans le cas de Walsh le choc avec l’animal ne fût pas évité, et fit voler en poussières ses prétentions d’acteur. Avec cette séquence, il inscrit sa propre histoire sur la pellicule et prouve qu’il était totalement impliqué dans ses films.

High Sierra permet à Walsh de mettre en scène un groupe mené par un homme au caractère bien trempé. Le groupe est ici réuni pour le mettre en valeur et mesurer sa "force". Par conséquent, les seconds rôles sont en retrait par rapport au héros. High Sierra n’est que le destin d’un homme en fuite et tourné vers son objectif. Objectif de changer de vie auprès de Marie ou Velma, finalement peu importe car pour Earle il n’est question que de "fuite en avant". Dans cette optique, il ne cessera d’agir, quitte à se retrouver face à la mort.

High Sierra enchaîne les situations dramatiques sur un rythme soutenu. Aucun temps mort n’est à déplorer et le spectateur se régale des péripéties vécues par Bogart. A titre d’exemple le casse et la poursuite en voiture sont remarquables. Le film est un concentré d’action nerveux, parfaitement écrit et interprété.

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