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La biographie de Harvey Milk, premier homme politique américain ouvertement homosexuel, qui fut élu municipal de la mairie de San Francisco, puis assassiné avec le maire George Moscone, le 27 novembre 1978 à la mairie, par le superviseur jaloux Dan White. Harvey Bernard Milk était surnommé Glimpy dans son enfance et sa jeune adolescence. Harvey Bernard Milk est né à Woodmere, New York, sur Long Island le 22 mai 1930, fils de William et Minerva Karns Milk. Issu d'une famille juive, d'origine lituanienne, il est le petit fils de Morris Milk qui avait aidé à l'édification de la première synagogue de la région. Enfant, Milk est sujet aux railleries à cause de ses grandes oreilles, son grand nez et ses grands pieds, il est souvent perçu comme le clown de la classe. Durant ses études, Il pratique le football américain, et développe une passion pour l'opéra ; à l'adolescence, il est conscient de son homosexualité, mais garde cela secret. Diplômé de l'Université d'Albany en 1951, il s'engage dans la marine américaine mais ne renouvelle pas son engagement malgré une carrière prometteuse terminée avec le grade de lieutenant en 1955. Milk déclarera, sans doute pour des raisons électorales, avoir été victime d'une purge contre les homosexuels dans l'armée. Après son service dans la marine, Milk vit à Dallas, mais son ethnicité juive lui rend difficile sa recherche d'emploi. Il finit par quitter le Texas pour aller à New York où il trouve un travail à Wall Street. Il devient également producteur de pièces de théâtre aux côtés de Tom O'Horgan : ensemble, ils produisent des pièces comme Lenny ou la comédie musicale Jesus Christ Superstar. En 1972, comme de nombreux homosexuels à l'époque, Milk déménage pour San Francisco. Il s'y installe avec son compagnon Scott Smith et y ouvre un magasin d'appareils photographiques, Castro Camera, dans le quartier gay qui deviendra peu à peu connu sous le nom du Castro. Il se distingue rapidement comme un meneur de la communauté homosexuelle, notamment à travers la création de la Castro Valley Association of Local Merchants, une association de commerçants du Castro, et en représentant le quartier lors des négociations avec la mairie. Milk se présente à deux reprises aux élections du conseil municipal en 1973 et 1975, sans succès. Il est peu à peu connu comme le « Maire de Castro Street », titre dont il aime bien se targuer. À chaque campagne, il reçoit un soutien de plus en plus large de la communauté gay. Prenant acte du fort soutien dont bénéficie Milk, le maire de l'époque, George Moscone, le nomme au Comité d'appel de permis en 1976. Milk doit néanmoins quitter ce poste à peine cinq semaines plus tard pour se présenter en tant que député à l'assemblée de Californie, une élection qu'il perd face à son adversaire Art Agnos. En 1977, le mode de scrutin change : les superviseurs sont maintenant élus par district et non plus au niveau municipal. Milk est alors élu représentant du 5e district, qui inclut le quartier de Castro, et devient le premier homosexuel ouvertement déclaré comme tel à être élu dans une grande ville des États-Unis. Durant ses onze mois de mandat, il soutient un projet de loi pour les droits des homosexuels, et s'oppose à la Proposition 6, un projet de loi du sénateur Briggs soumis à référendum qui aurait autorisé le licenciement des enseignants ouvertement homosexuels. Le thème de l'homosexualité est alors très sensible aux USA, suite aux engagements et aux déclarations ouvertement homophobes de la chanteuse Anita Bryant, et aux différentes ordonnances locales prises dans plusieurs Etats des USA pour empêcher - ou au contraire parfois pour favoriser - les discriminations liées à l'orientation sexuelle. Dans ce contexte tendu, Milk parvient malgré tout à faire passer son projet de loi et à empêcher l'adoption de la Proposition 6. Le 27 novembre 1978, Milk est assassiné avec le maire George Moscone dans la mairie par l'ancien superviseur Dan White. Milk et White avaient du mal à s'entendre, s'opposant sur de nombreux projets de loi. À l'automne 1978, faisant face aux difficultés financières de son restaurant et aux critiques concernant son rôle de superviseur, White démissionne soudainement. Immédiatement, de nombreux groupes d'intérêts économiques qui comptaient sur la présence de White à la mairie font pression sur lui pour qu'il demande le retour de sa lettre de démission, mais lorsqu'il fait sa requête, il apprend que sa démission est d'ores et déjà effective. Seul le maire a le pouvoir de rétablir White à son poste, une décision que Moscone est d'abord tenté de prendre, avant d'être convaincu par Milk et d'autres qu'il s'agit d'une mauvaise idée qui entraverait les objectifs progressistes du maire et ses alliés. Cette version est contestée par certains militants homosexuels qui y voient une façon de tenter d'excuser le geste de White en arguant que ce sont les pressions de Milk sur Moscone qui auraient poussé White à commettre ce geste. Le 27 novembre, alors que Moscone s'apprête à nommer un remplaçant pour le siège du 8e district, White s'habille d'un costume marron, prend son ancien revolver de service et quelques balles supplémentaires et se rend à la mairie de la ville. Une fois sur place, White pénètre à l'intérieur de la mairie à travers une fenêtre de sous-sol afin d'éviter le détecteur de métaux à l'entrée du bâtiment. Il monte l'escalier menant au bureau du maire, et il est autorisé à voir Moscone après une courte attente. Une dispute éclate immédiatement entre les deux hommes au sujet de la nomination imminente. Moscone suggère de continuer leur conversation dans une pièce privée afin que les éclats de voix ne parviennent pas à la salle d'attente. Une fois dans la pièce, White sort son revolver et tire deux balles dans la poitrine du maire, puis deux balles dans la tête. White quitte le cabinet du maire en coup de vent, croisant la présidente du conseil des superviseurs Dianne Feinstein en chemin vers l'aile hébergeant les cabinets des superviseurs. Sur place, White trouve un prétexte pour demander une entrevue en privé avec Milk. Une fois introduit dans une salle de réunion par Milk, il se met à crier et l'abat de deux balles dans la poitrine, une dans le dos et deux autres dans la tête. White quitte ensuite la mairie sans être inquiété alors que les corps des victimes sont découverts. Ce soir-là, des milliers de San-Franciscains se rassemblent à la lueur de bougies pour pleurer les deux personnalités, et marchent à travers le quartier de Castro dans le district de Milk pour défiler devant la mairie. Milk avait envisagé un possible assassinat, et avait enregistré plusieurs cassettes audio qui devaient être écoutées dans un tel cas. L'une d'entre elles contenait la phrase célèbre « Si une balle devait traverser mon cerveau, laissez-la briser aussi toutes les portes de placard » (« If a bullet should enter my brain, let that bullet destroy every closet door »), en référence aux homosexuels craignant de faire leur coming-out (de sortir du placard). Même si Bryan Singer avait travaillé aussi, séparément, sur la vie de Harvey Milk, ce film est un très vieux projet de Gus Van Sant. C'est dans les années 1990 qu'il avait pensé à le réaliser avec River Phoenix dans le rôle de Harvey Milk et Tom Cruise en Dan White. Le rôle est enfin proposé à Sean Penn en 1998. Il a fallu attendre presque dix ans pour que Sean Penn le joue aux côtés de Josh Brolin, James Franco, Diego Luna et Emile Hirsch. Ce dernier incarnait Christopher McCandless, l'aventurier héros de Into the Wild, la réalisation de Sean Penn précédant Milk. Le scénario est signé par le jeune Dustin Lance Black, réalisateur et scénariste américain né en 1979, pour Gus Van Sant avec qui il travaillera à nouveau pour son prochain film Acid Test, une adaptation du roman de Tom Wolfe. Il est également connu, notamment dans son pays, pour avoir écrit et produit la série Big Love. Au sujet de Milk, il déclare lors d'un entretien : « Je dirais que c'est le premier film hollywoodien grand public où le personnage est gay sans s'excuser de l'être. C'est peut-être le premier film sur les droits des gays. » Le destin personnel d'Harvey Milk est le fruit d'un mouvement collectif auquel Gus Van Sant insuffle une incroyable énergie érotique. La politique est ici un « agir ensemble », et toute forme d'action collective, y compris à deux et amoureuse, est la bienvenue. Les acteurs sont pour beaucoup dans l'enthousiasme turbulent que dépeint et suscite le film. Et la manière dont Gus Van Sant les regarde : le cinéaste a toujours manifesté une empathie bienveillante envers ses personnages. L'art de Gus Van Sant lui donne une étrange résonance : le crime évoque à sa façon la tuerie d'Elephant, sans que soit totalement exclue l'hypothèse d'un crime passionnel. Montrer sans rien asséner, expliquer sans rien résoudre, c'est tout l'art d'un cinéaste majeur qui signe ici l'un de ses films les plus accessibles. Fin mars 2009, le Comité de Censure des Samoa interdit la diffusion du film dans le pays, sans immédiatement expliquer sa décision. Le 30 avril, Leiataua Niuapu, Principal Censeur, expliqua les raisons de la censure : le film avait été jugé « contraire aux croyances chrétiennes et à la culture samoane » : « Le film lui-même tente de promouvoir les droits de l’homme des homosexuels. Certaines scènes sont tout à fait inappropriées, certaines des scènes de sexe dans le film ; c’est tout à fait contraire au mode de vie ici aux Samoa. » |
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