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GoldenEye film anglo-américain de Martin Campbell, sorti en 1995

 

Distribution :

  • Pierce Brosnan : James Bond 007
  • Sean Bean: Alec Trevelyan / Janus (006)
  • Izabella Scorupco : Natalya Fyodorovna Simonova, la seule survivante témoin de l'attaque d'un GoldenEye contre le centre de contrôle à Severnaya.
  • Famke Janssen : Xenia Zirgavna Onatopp, une Géorgienne assassin et femme de main de Trevelyan.
  • Joe Don Baker : Jack Wade, vétéran de la CIA
  • Judi Dench : M, la tête froide du MI6
  • Gottfried John : le général Arkady Grigorovich Ourumov

Fiche technique:

  • Réalisation : Martin Campbell
  • Scénario : Jeffrey Caine et Bruce Feirstein, d'après une histoire de Michael France, d'après les personnages créés par Ian Fleming
  • Musique : Éric Serra, chanson du générique GoldenEye interprétée par Tina Turner
  • Photographie : Phil Meheux
  • Montage : Terry Rawlings
  • Production : Barbara Broccoli et Michael G. Wilson
  • Durée : 130 minutes (2h10)
  • Dates de sortie États-Unis : 17 novembre 1995
    • France : 20 décembre 1995

En 1986 à Arkhangelsk, dans un complexe d'armes chimiques près d'un impressionnant barrage. L'Union soviétique n'a plus sa grandeur d'antan et commence à se désagréger, mais continue d'armer des terroristes internationaux. James Bond a pour mission de rejoindre son collègue 006 dans le complexe puis de faire exploser l'usine. Un avion léger survolant les lieux dévoile le barrage, sur lequel une grille de sécurité s'ouvre et laisse passer un personnage filmé bas, courant, habillé en noir avec rangers . Il s'approche du bord, se harnache et effectue un saut en élastique dans le plus grand silence. Arrivé au maximum de l'élasticité de la corde, il tire un grappin à l'aide d'un pistolet spécialement conçu et se pose sur une petite plate-forme servant de sortie aux conduits d'aération. Avec une sorte de pistolet laser, il découpe un passage. Son regard est déterminé. On découvre enfin son visage lorsqu'il fait la rencontre d'un garde russe lisant un journal dans les toilettes, qu'il frappe d'un fort coup de poing et lui déclare avec humour : Excuse me, forgot to knock (« Je vous demande pardon, j'ai oublié de frapper ») : c'est James Bond.

Il retrouve Alec comme prévu, dans une pièce peu éclairée. Passant par un conduit, ils arrivent dans le quartier scientifique où 006 abat un chercheur sans aucun sentiment . L'infiltration se déroule parfaitement jusqu'au moment où le duo pénètre dans la salle de stockage. Après le décodage de la porte, l'alarme de sécurité retentit, et la garnison militaire du complexe intervient sous le commandement du colonel Arkady Ourumov. La porte étant verrouillée, les soldats ouvrent le feu sur une vitre blindée à l'AKS-74 .

Alec est détenu à genoux face au colonel Ourumov qui braque sur lui un Makarov PM. Mettant en joue Bond, le régiment attend les ordres pour tirer. Désespéré, 006 dit à James de finir le travail tandis qu'Ourumov lance un ultimatum de dix secondes à James Bond pour qu'il se rende. Face à la nouvelle tournure des événements, Bond règle les détonateurs sur 3 minutes afin d'être sûr de l'achèvement de la mission, quoi qu'il se passe. Alors qu'il s'avance vers Ourumov les mains en l'air, Alec s'exclame : « Pour l'Angleterre, James » et se fait abattre par le colonel. Bond dévoile alors son plan en mettant en marche le tapis roulant qui mène à l'extérieur et saute dessus en faisant feu sur des grilles en hauteur dont les verrous sont detruits par les balles. Celles-ci s'ouvrent et libèrent des dizaines de barils qui tombent sur les soldats russes en pleine panique. À la suite de cette sortie en beauté, Bond se retrouve à l'extérieur, par un temps d'hiver ensoleillé. Un appareil civil léger se prépare à décoller sur la piste d'aviation attenante. Après avoir vidé son chargeur pour arrêter les premiers soldats qui sortent des hangars, il se met à courir vers l'avion, réussit à s'introduire dans le cockpit et à s'enfuir.

L'action qui suit se déroule neuf ans après le drame d'Arkhangelsk. Conduisant une Aston Martin DB5 gris métallisé sur une route montagneuse de la Riviera française, accompagné d'une employée du MI6 chargée de l'évaluer sur sa conduite, Bond se fait doubler par une Ferrari F355 rouge, dont la charmante conductrice souhaite visiblement s'amuser. S'en allant passer une soirée au casino, Bond remarque sur le parking la Ferrari rouge, avec laquelle il avait fait la course. Il rencontre sa propriétaire lors d'une partie de baccara qu'il rejoint et remporte, ce qui agace l'inconnue. Durant leur présentation et la conversation qui s'ensuit, Bond est surpris de constater que la jeune femme accompagne un amiral canadien, qui a au moins vingt ans de plus qu'elle.

Après l'envoi des données, Moneypenny, secrétaire de M au MI6, le contacte et lui annonce que la femme qu'il a rencontrée est Xenia Onatopp, ancienne pilote de chasse soviétique et aujourd'hui en relation avec le syndicat du crime « Janus » basé à Saint-Pétersbourg. Le lendemain, Bond s'introduit discrètement dans le bateau et découvre ce qui se trame : les terroristes ont l'intention de voler le Tigre, un hélicoptère militaire à la pointe de la technologie qui est présenté le jour même au public. Il fonce jusqu'à la frégate française, où se déroule la manifestation qui vante les mérites de l'engin. James Bond s'introduit sur la frégate pour empêcher les voleurs d'agir, mais il est arrêté par des marins français avant d'arriver au but. Impuissant, il observe l'hélicoptère qui décolle et part vers l'horizon.

L'action qui suit se déroule à la base de Severnaya, une station radar censée être désaffectée qui se situe au milieu de la Sibérie. En réalité, c'est une station spatiale militaire qui appartient à la division russe « espace » et qui veille sur les deux armes satellites Petya et Mischa. À l'intérieur, Boris Grishenko, l'un des programmeurs qui y travaillent, s'amuse à bloquer l'ordinateur d'une de ses collègues, Natalya Simonova. Quand celle-ci remarque le piratage, elle devine rapidement le coupable. Après s'être amusé un peu à ses dépens, Boris retourne aussitôt à son bureau, joyeux : il vient de réussir à pirater le site internet du Département de la Justice des États-Unis. Natalya s'inquiète que les Américains puissent remonter jusqu'à la base mais Boris n'est guère tracassé : il lui suffit de saisir un mot de passe pour terminer l'intrusion. Le piratage accompli, Boris se lève et clame sa victoire à tous. Ses collègues, visiblement habitués à ses excentricités, retournent vite à leur travail. Toujours fier, Boris s'en va fumer une cigarette dehors.

L'hélicoptère volé à Monaco atterrit sous une tempête de neige, alors que Boris tente d'allumer sa cigarette. En descendent Xenia et Ouroumov. Ce dernier a été promu général et chef de la division « espace », ce qui leur permet d'entrer dans la base. Il use de son autorité pour demander à ce que soit effectué un « test inopiné des installations de GoldenEye ». Le commandant de la station obéit promptement et après avoir effectué les diverses consignes de sécurité lui remet en main propre la carte d'accès aux satellites et ses clés d'activation. Ayant obtenu ce qu'ils étaient venus chercher, Xenia passe à l'action et assassine avec joie tous les membres de l'équipe présents sur place. Natalya, qui était en train de préparer du café dans les cuisines, échappe de peu à ce massacre en se cachant. Ceci fait, Ourumov arme le satellite GoldenEye et localise la cible : le site de Severnaya. Une survivante mal-en-point arrive néanmoins à faire sonner l'alarme avant d'être abattue. Prévenues, les autorités russes font décoller des MiG d'une autre base en direction de Severnaya. Le signal de détresse est aussi intercepté par le MI6. Les terroristes partis, Natalya sort de la cuisine et assiste au compte à rebours final avant l'activation en haute altitude d'un des satellites de classe GoldenEye. Les MiG, touchés par l'impulsion électromagnétique, explosent en vol et l'un heurte l'antenne parabolique. Toute l'installation explose, l'antenne défonce le toit, manquant de peu de tuer Natalya, mais lui permet de s'échapper de l'édifice. Elle s'enfuit en traîneau.

Après une dispute entre Boris, programmeur du satellite, et Natalya, l'alarme retentit. Boris se met aussitôt au travail pour reprogrammer la direction du satellite, détourné par son ex-collègue. Tandis que tous l'observent, Boris joue fébrilement avec le stylo pris par inadvertance à Bond, celui que lui donna Q auparavant et qui contient un explosif déclenchable par trois clics sur le bouchon et désamorçable de la même façon. Après de multiples clics, Boris se lève et demande à Natalya le mot de passe, alors que son stylo est prêt a exploser. Bond l'a deviné et fait valser le stylo qui explose près des réservoirs. Dans la confusion qui s'ensuit, il réussit à s'échapper avec Natalya par un ascenseur. Comme Boris est capable de casser le mot de passe, Bond doit rendre l'antenne inopérationnelle. Natalya se charge d'avertir Jack Wade, et de prendre en otage le pilote d'un hélicoptère. Tandis que James se dirige vers le centre de la parabole, Alec le poursuit par un téléphérique, fou furieux. Après que tous deux ont vidé leurs armes, ils se retrouvent dans le noyau de l'antenne, peu de temps après que Bond a réussi à bloquer une chaîne motrice avec une barre en fer. Commence alors une très violente altercation à mains nues avec son ancien ami, qui les mènent jusqu'à une petite plate-forme de deux mètres de diamètre, à cinquante mètre au-dessus du fond du faux lac. Alors qu'on croyait Alec perdu, Bond finit par le retenir par le pied droit au-dessus du vide. Alec lui relance la formule d'autrefois : « Pour l'Angleterre, James ? », mais cette fois Bond lui répond : « Non. Pour moi. » et lâche Alec dans le vide. Ce dernier survit néanmoins à sa chute. Bond saute et s'accroche à l'hélicoptère que Natalya a réquisitionné, et ils s'éloignent de l'antenne qui explose quelques instants plus tard, tuant Alec par la même occasion. Incontrôlable, le satellite se désintègre dans les hautes couches de l'atmosphère. À l'atterrissage, Jack Wade fait une dernière fois son apparition, avec des marines habilement camouflés. Le film se termine lorsque les hélicoptères qui les emmènent s'en vont face au soleil.

L’année 1995, qui marque le début de la diffusion d’Internet auprès du grand public, est très riche en fictions mettant en scène des thèmes liés à l’informatique : Hackers, Traque sur Internet, Assassins, Virtuosity, Johnny Mnemonic. Le sixième plus important succès cinématographique de 1995 a été GoldenEye, un des épisodes les plus rentables de l’histoire de la série des James Bond. L’agent secret britannique y était interprété par Pierce Brosnan, qui succédait tout juste dans le rôle à Timothy Dalton, dont le dernier film de la série, Licence to kill, datait de 1989.

GoldenEye est le premier James Bond à avoir été tourné après l’effondrement de l’Union soviétique et la création de la Fédération de Russie, en 1992. Le pays connaît alors une brutale mutation sous la présidence de Boris Elstine : les services publics sont ruinés, supprimés, vendus, et d’immenses fortunes d’origine souvent douteuse se constituent tandis que la majorité de la population fait face à une grave crise économique. Il est devenu possible d’être riche, mais il est plus fréquent que jamais d’être pauvre. Le Fonds monétaire international, la banque mondiale et, avec eux, tous les pays non-communistes, soutiennent cette évolution, plus intéressés par la libéralisation économique du pays que par la condition des Russes, dont l’espérance de vie et le taux de fertilité ont brutalement chuté à l’époque. Les retraites versées ne suivent pas l’inflation et la solde des militaires ou le salaire de nombreux fonctionnaires ne sont plus payés. La démocratie est encore fragile : en 1993, le président Elstine a dissous le congrès (illégalement) et envoyé des chars contre les parlementaires qui contestaient sa décision, provoquant un quasi-guerre civile de deux semaines.

Le générique de GoldenEye montre des statues de Lénine en train de tomber. Une séquence du film se déroule par ailleurs dans une sorte de décharge plein de statues allégoriques des grandes heures de l’utopie socialiste, visiblement abandonnées : difficile de trouver une métaphore plus claire. La Russie, qui n’est plus vraiment un ennemi pour les services secrets britanniques, dispose d’une (en fait, deux, mais passons sur les détails) arme secrète terrible, « GoldenEye », un satellite artificiel destiné à diriger sur l’endroit de son choix une impulsion électro-magnétique capable de neutraliser voire de faire exploser tout équipement électronique. Comme souvent dans les James Bond, l’ennemi n’est pas la Russie, mais une organisation criminelle, Janus (qui est aussi le nom de celui qui dirige l’organisation) qui comme le S.P.E.C.T.R.E. des anciens films de la série pratique le chantage à l’aide d’armes apocalyptiques dérobées aux grandes puissances militaires, amies ou ennemies.

Le dirigeant de Janus est un ancien collègue et ami de James Bond, tenu pour mort depuis des années, qui s’avère être aussi un enfant de cosaques de Lienz, des anti-communistes engagés aux côtés de l’armée allemande qui s’étaient rendus aux Britanniques à la fin de la seconde guerre mondiale mais avaient été remis par ces derniers à leur ennemi juré, Staline, qui les a massacrés, avec femmes et enfants, de manière impitoyable. Le but secret de Janus est de soumettre Londres à une impulsion électro-magnétique afin de ramener la capitale du Royaume-Uni au Moyen-âge juste après y avoir dérobé électroniquement des milliards de livres sterling.

Boris s’amuse à modifier les mots de passe de Natalya et à la dessiner en petite tenue. Pour lui, tout relève du jeu, y compris la destruction d’une ville ou le massacre de ses propres collègues. Ce n’est ni la première ni la dernière occurrence du poncif qui fait du « petit génie de l’informatique » un personnage dénué de sens moral, ou même de sens commun, par ailleurs frustré affectivement et incapable de communiquer normalement avec les femmes.

Au début du récit, Boris Grishenko et Natalya Simonova sont deux employés d’une station de communications russe. Ils sont collègues et ont des rapports amicaux, mais leurs tempéraments sont bien différents. Boris est taquin et fait preuve d’un humour graveleux auquel Natalya répond avec une froideur exaspérée. Il est joueur, elle est sérieuse. On retrouve ici un motif plutôt banal mais auquel il n’est pas inintéressant de réfléchir, celui de la jouissance et de la créativité comme motivations et comme prérogatives masculines, opposées au sens du devoir comme obligation féminine4. Boris aime pirater les serveurs du ministère de la défense américain, par simple goût de l’exploit. Mais ce que les scénaristes nomment « pirater », ici, consiste surtout à trouver les bons mots de passe puis à lancer des logiciels malicieux.

Alors que Boris sort fumer une cigarette et que Natalya se sert un café en cuisine, un général russe corrompu et la meurtrière Xenia Onatopp entrent dans la station de communication satellitaire, officiellement pour effectuer une inspection, mais en réalité pour la détruire à l’aide du satellite GoldenEye. Quelques jours plus tôt, ils avaient dérobé en France un hélicoptère Eurocopter Tigre, théoriquement capable de résister à une impulsion électro-magnétique. Boris et Natalya sont les seuls survivants, mais ignorent chacun que l’autre est en vie.

Amusant défi pour les décorateurs du film : imaginer l’apparence à donner à une boutique informatique dans la Russie post-socialiste, qui accède à des biens étrangers jusqu’ici rares, tout en ayant la réputation d’être un champ de ruines économique et social que se disputent des organisations mafieuses, et un pays sous-équipé dont les rues restent encombrées d’automobiles minuscules et défectueuses. L’enseigne IBM crasseuse rappelle plutôt les boutiques des films d’espionnage des années 1960.

Parvenue à Saint-Pétersbourg, Natalya tente d’entrer en contact avec Boris, dont elle ignore la traitrise, par e-mail. Mais dans la Russie de Boris Elstine que décrit le film, les ordinateurs restent une denrée rare, et Natalya doit recourir à une ruse : elle laisse entendre à un vendeur informatique qu’elle compte acheter des dizaines de machines pour le compte d’écoles étrangères afin que ce dernier la laisse en essayer une. Elle réclame le dernier cri : « compatible IBM avec disque dur de 500 Mo, CD-Rom et modem 14400 ». L’interface de communication qu’emploie Natalya ne ressemble pas tellement à un logiciel de gestion d’e-mails, mais plutôt à une interface de messagerie instantanée : les phrases s’affichent les unes au dessus des autres, touche par touche, accompagnées d’un dessin qui représente leur émetteur. Les éléments ont une apparence énorme et encombrent tout l’écran. Ces interfaces sont assez typiques de l’époque des débuts de l’Internet personnel par leur simplicité apparente et leur didactisme : l’arrivée d’un message est signalée par un message qui occupe tout l’écran, et on nous montre le trajet des paquets de données à grand renfort de mappemondes. Toutes les communications montrées dans le film sont synchrones, c’est à dire qu’il faut se trouver devant l’ordinateur au moment où un message est envoyé pour le recevoir.

Dans ce qui semble être son appartement personnel, Boris dispose d’un ordinateur, mais aussi d’un oscilloscope, accessoire incongru. On notera l’énorme message « Incoming Email » qui signale l’arrivée d’un message, puis la forme des messages, qui ne ressemblent pas vraiment à des e-mails mais plutôt à des bribes de conversation instantanée du genre IRC ou Twitter. Plus tard dans le film, Natalya fait la démonstration de ses talents d’informaticienne pour découvrir à quel endroit du monde se trouve la seconde antenne capable de piloter le satellite GoldenEye. Le trajet des données sur le réseau est présenté visuellement : on voit des lignes se tracer entre les continents, faisant des sauts d’un pays à l’autre, dans le but de brouiller les pistes. Lorsque Boris, qui se trouve à Cuba, comprend que Natalya est en train de le localiser, il court arracher physiquement des circuits électroniques de l’ordinateur qu’il utilise, plutôt que simplement de le déconnecter.

Comme tous les films de la série James Bond, GoldenEye exprime les mythologies de son temps (ici : la Russie post-Gorbadchev et le piratage informatique) tout en participant à les construire, à les diffuser et à les sédimenter dans l’esprit du public, et ce avec un scénario étonnamment constant : un fou mégalomane veut détruire le monde ou au moins la Grande-Bretagne pour assouvir une sombre vengeance tout en devenant riche. Et bien entendu, il échoue et est puni de sa démesure.

La question des rôles sexuels est renforcée par le personnage de Xenia Onatopp (Famke Janssen), dont le nom est un calembour assez transparent (« on the top »), âme damnée de Janus, qui atteint l’orgasme par le meurtre. L’initiative sexuelle, chez une femme, est ici assimilée à de la perversion, à un dérèglement des sens. Notons aussi que c’est dans ce James Bond qu’apparaît pour la première fois l’actrice Judi Dench dans le rôle de « M », à la tête des services secrets britanniques. Les personnages féminins qui réclament l’égalité sexuelle sont généralement punie sans pitié par les scénaristes. C’est sans doute vers cette période que les femmes cessent d’être de simples accessoires décoratifs dans la série James Bond, sans pour autant cesser de véhiculer un discours sexiste : la maman « M », les hystériques comme Xenia Onatopp, les bonnes filles sages.

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