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Girl , film belge , de Lukas Dhont , sorti en 2018

Distribution:

  • Victor Polster : Lara
  • Arieh Worthalter : Mathias, le père de Lara
  • Oliver Bodart : Milo, le petit frère de Lara
  • Katelijne Damen : Dr. Naert
  • Valentijn Dhaenens : Dr. Pascal

Fiche technique:

  • Réalisation : Lukas Dhont
  • Scénario : Lukas Dhont et Angelo Tijssens
  • Photographie : Frank van den Eeden
  • Montage : Alain Dessauvage
  • Musique : Valentin Hadjadj
  • Production : Dirk Impens
  • Sociétés de production : Menuet Producties, Frakas Productions, Topkapi Films
  • Durée : 105 minutes
  • France : 12 mai 2018 (Festival de Cannes)
    • 10 octobre 2018 (sortie nationale)
  • Festival de Cannes 2018 :
    • Caméra d'or.
    • Prix FIPRESCI de la section Un certain regard.
    • Prix d'interprétation de la section Un certain regard pour Victor Polster.
    • Queer Palm.


Lara, adolescente qui dissimule sa masculinité biologique pour ressembler à une jeune fille, est pressée, impatiente que sa transformation soit complète.

L’urgence à devenir soi est donc l’un de traits saillants de Girl, des deux côtés de la caméra. Et le moteur d’une scène à sensation, tardive, qui fait beaucoup parler ses spectateurs, ensuite. Mais, sur la question délicate du changement de sexe, d’autres idées singularisent ce film prometteur. D’abord le soutien indéfectible, l’empathie de la famille monoparentale à laquelle Lara appartient : son père est un véritable ange gardien. Ensuite, la danse classique, centre de la vie de l’adolescente. Le sexe estompé tant bien que mal par du ruban adhésif sous le juste-au-corps de ballerine, elle se blesse souvent à l’entraînement, sans forcément réfléchir à cette propension à se faire mal.

Girl est très rationnel et réaliste dans sa mise en scène, en dépit des accès de cruauté dirigés vers l’héroïne, de loin en loin. C’est, par ailleurs, une vision strictement organique de l’identité sexuelle : le corps réel est, ici, bien plus que l’imaginaire, la mesure de toute chose.

Cette incarnation extrême passe, évidemment, par la performance exceptionnelle de Victor Polster, 16 ans, tout le temps à l’image, aussi exposé physiquement que réservé et laconique. Grâce à son opacité, et à cette page blanche que son visage renvoie la plupart du temps, Girl a davantage de mystère que son seul scénario.

Le film a été inspiré à l'auteur par un article qu’il a lu dans un journal sur une jeune fille dont l’histoire l’a tellement bouleversé qu’il n’a pas changé de cap pendant sept ans. « A l’origine, je souhaitais faire un documentaire sur son expérience, dit-il, mais elle n’était pas prête à témoigner. Ce qu’elle vivait était difficile, elle ne souhaitait pas se montrer. » Lukas Dhont a mûri lentement son projet pendant qu’il suivait des études de cinéma à Gand.

Ils n’ont pas perdu contact pour autant et la jeune femme l’a aidé dans l’écriture de son scénario. Elle s’est livrée entièrement, ne laissant aucune zone d’ombre sur son parcours. « Sur la sexualité par exemple. Sur le fait qu’elle n’arrivait pas à franchir le pas, à avoir de contact avec un autre corps parce qu’elle se battait contre le sien. J’ai vécu la même chose, moi-même, dans la découverte de mon homosexualité, je pouvais difficilement approcher les autres, car j’avais du mal à me confronter à moi-même »
Il ajoute : J’ai grandi en regardant beaucoup de films traitant de l’homosexualité qui montraient la même chose. Une mère qui cherche à comprendre, et un père qui entre en conflit, parce que sa masculinité l’empêche d’accepter les questions qui traversent son enfant. » L’absence de mère permet aussi à cette jeune fille, « enfermée dans un corps de garçon », de trouver, dans sa famille, la place de la femme, celle qu’elle cherche dans la société.


Lukas Dhont

Lukas Dhont est un des nouveaux visages de la jeune garde artistique flamande.
Formé en cinéma à la KASK de Gand, il réalise des courts-métrages repérés à l'international, de fiction et de non-fiction (documentaire, clip).
Son travail s'attache au corps et à ses performances, en dialogue avec la danse (auprès des chorégraphes Jan Martens et Sidi Larbi Cherkaoui), la musique (d’Oscar & The Wolf à Sylvie Kreusch) et la mode (en 2020, il collabore avec Chanel ainsi qu'avec la maison Azzaro).
Son premier long métrage, Girl, le révèle plus largement. Bouleversant portrait d’une ballerine transgenre, le film est multi-primé à Cannes et nominé aux Oscars en 2018. Élégants et nerveux, spectaculaires et délicats, ses films mettent en scène des êtres en métamorphose : à l’adolescence, par la quête du genre et de la sexualité ou de l’art.

 

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