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La Fille du désert (Colorado Territory) film américain de Raoul Walsh, sorti en 1949

Distribution:

  • Joel McCrea : Wes McQueen
  • Virginia Mayo : Colorado Carson
  • Dorothy Malone : Julie Ann Winslow
  • Henry Hull : Fred Winslow
  • John Archer : Reno Blake
  • James Mitchell : Duke Harris
  • Morris Ankrum : Le marshal
  • Basil Ruysdael : Dave Richard
  • Frank Puglia : Frère Thomas
  • Ian Wolfe : Wallace
  • William Killian : Le shérif

Fiche technique:

  • Titre original : Colorado Territory
  • Réalisation : Raoul Walsh
  • Scénario : John Twist et Edmund H. North, d'après le roman « High Sierra » de William Riley Burnett
  • Production : Anthony Veiller pour la Warner Bros.
  • Musique : David Buttolph
  • Photographie : Sid Hickox
  • Montage : Owen Marks
  • Format : Noir et blanc
  • Durée : 94 minutes
  • Date de sortie : 11 juin 1949

Wes McQueen s’évade de prison grâce à l’aide d’une organisation criminelle dirigée par le vieux Dave Rickard, un gangster qui lui demande un ultime service: attaquer un train. On lui ordonne de se rendre dans le Colorado où Dave souhaite le rencontrer. Avant cela, il fait un détour par son village natal où il apprend que sa fiancée est morte à l’âge de 27 ans. Dans la diligence qui l’emmène vers l’Ouest, il rencontre des pionniers venus s’installer au Colorado, Fred Winslow et sa fille Julie Ann ; il leur sauve la vie alors que leur voiture est attaquée par des bandits.

McQueen se rend ensuite à Todos Santos, petit village en ruine non loin du Canyon de la Mort où il fait la connaissance des complices qu’on lui accole pour le prochain coup préparé par Dave : Duke Harris et Reno Blake , eux-mêmes accompagnés par une volcanique métisse, Colorado Carson que l’un d’eux a sauvée d’une fusillade. Ses futurs acolytes ne lui inspirent guère confiance et il va en faire part à Dave qu’il retrouve très affaibli, presque moribond. Il en profite pour lui dire qu’il souhaiterait se retirer du banditisme et refaire sa vie mais, le considérant un peu comme son père et ne voulant pas lui faire de peine, devant son insistance lui promet de mener à bien cette dernière affaire qui n’est autre que le hold-up d’un train avec un gros magot à la clé.

Revoyant les Winslow, McQueen tombe amoureux de Julie Ann qui lui rappelle étrangement son amour de jeunesse ; dans le même temps, Colorado n’est pas insensible à ses charmes. Alors qu’il est à portée du bonheur et de la paix, la fatalité qui pèse sur lui va en décider autrement ; la lutte devient vite inégale une fois que trahisons, haines et jalousies viennent l’encercler, un cercle qui prendra la forme d’un cirque à ciel ouvert dans le village fantôme nommé City of the Moon.

Ce film est un remake, dans un cadre "western" du film La Grande Évasion (High Sierra) du même Raoul Walsh avec Humphrey Bogart, Ida Lupino. Rares sont les films "remakés" par le même réalisateur, et l'événement s’avère encore plus inhabituel lorsque la transposition se fait au travers d’un genre totalement différent. Mais au final, les deux films ont sauvegardé une réputation identique, tous deux sont encore aujourd’hui considérés comme deux films fondateursà l’intérieur de leurs genres respectifs. Curieusement, Raoul Walsh n’a pas daigné faire apparaître au générique de Colorado Territory les noms des scénaristes et auteurs de l’original, à savoir W.R. Burnett et John Huston. Une nouvelle version de la même histoire verra encore le jour en 1955 : ce sera La Peur au ventre (I Died a Thousand Times) de Stuart Heisler.

Avec l’aide du chef opérateur Sid Hickox, le cinéaste compose des plans de toute beauté, aussi bien en intérieur avec le superbe travail sur les ombres au cours des nombreuses séquences nocturnes à Todos Santos, qu’en extérieur et notamment dans le dernier quart d’heure où tout le monde se retrouve au milieu des amples paysages désertiques et sauvages du Canyon de la Mort pour une ultime et tragique traque, une poignante et inéluctable course vers la mort qui verra enfin, quittant ce monde cupide et mesquin, les deux amants réunis après qu’ils aient succombé dans des spasmes d’une violence assez rare pour l’époque.

Mais la distribution n'est pas toujours à la hauteur. Mis à part l' interprétation remarquable de Joel McCrea et la beauté fougueuse et sensuelle de Virginia Mayo, mais qui soit fait le strict minimum soit lorsqu'il s'agit d'y aller dans le style passionné se révèle finalement une actrice dramatique assez moyenne. Sa rivale n’est guère mieux lotie ; Dorothy Malone, elle non plus, est loin d’être inoubliable. Et force est de constater qu’il en va de même pour le reste du casting : les "bad guys" manquent de charisme et au sein des seconds rôles, on a bien du mal à en dégager un plus qu’un autre.

Mais il faut retenir de splendides séquences d’action dont une attaque de diligence et le cambriolage d’un train. C’est dans ces moments-là que le génie de Walsh éclate avec le plus d’évidence , une telle efficacité à partir d’une économie de moyens, une pureté, un dynamisme. Notons enfin le final préfigurant Bonnie and Clyde quasiment 20 ans auparavant. Il y a là un vrai souffle, un vrai lyrisme, une vraie folie, tout ce qu’on aurait voulu ressentir tout au long du film.

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