Les pages de Ciné-Passion . . .

Ces pages sont rédigées par et pour des passionnés du cinéma.
Pour nous joindre, déposer vos questions ou remarques: Ciné-Passion

L'Entraîneuse fatale (Manpower) film américain de Raoul Walsh, sorti en 1941

Distribution:

  • Edward G. Robinson : Hank 'Gimpy' McHenry
  • Marlene Dietrich : Fay Duval
  • George Raft : Johnny Marshall
  • Alan Hale : Jumbo Wells
  • Frank McHugh : Omaha
  • Eve Arden : Dolly
  • Barton MacLane : Smiley Quinn
  • Ward Bond : Eddie Adams
  • Walter Catlett : Sidney Whipple
  • Joyce Compton : Scarlett
  • Lucia Carroll : Flo

Fiche technique:

  • Titre original : Manpower
  • Réalisation : Raoul Walsh
  • Scénario : Richard Macaulay et Jerry Wald
  • Production : Mark Hellinger, Jack Saper (producteurs associés) et Hal B. Wallis (producteur excécutif)
  • Société de production : Warner Bros. Pictures
  • Photographie : Ernest Haller
  • Musique : Adolph Deutsch
  • Montage : Ralph Dawson
  • Format : Noir et blanc - Son : Mono
  • Durée : 103 minutes
  • Date de sortie : 9 août 1941 (USA)

Hank McHenry et Johnny Marshall sont employés dans une compagnie d’électricité. Alors qu’ils prennent du bon temps dans un cabaret de Los Angeles, ils sont appelés pour réparer des lignes à haute tension, endommagées par la tempête qui fait rage. Hank reçoit une décharge, perd connaissance, mais est réanimé par Johnny. Un de leurs collègues, Pop Duval, demande à Johnny de l’accompagner chercher sa fille, Fay, qui sort de prison. Lorsque Pop meurt accidentellement quelque temps plus tard, les deux amis sont chargés d’aller prévenir Fay, chanteuse dans un bastringue. Tandis que Johnny la trouve toujours aussi fausse et antipathique, Hank tombe amoureux d’elle, la courtise et lui propose le mariage. Fay, non éprise mais lasse de sa vie mouvementée, accepte, malgré les menaces de Johnny. Elle devient une épouse modèle. À la suite d’un accident, Hank propose à Johnny de venir chez eux en convalescence.

Une nuit, dans la cuisine, Fay avoue son amour à Johnny, qui la repousse. Elle décide de quitter Hank et de partir pour Chicago. Avant son départ, elle passe à son ancien cabaret louche, pour saluer ses amies. Une descente de police a lieu. Johnny, qui a été prévenu par hasard, paie la caution de Fay et la ramène à Hank. Sur le chantier, la tempête fait rage. Hank rejoint Fay dans l’abri. Elle lui avoue sa fuite et son amour pour Johnny. Hank, croyant avoir été trompé par son ami, tente de le tuer, mais tombe accidentellement du poteau de haute tension. Après avoir compris son erreur et demandé à Johnny de prendre soin de Fay, il meurt dans les bras de ses amis. Alors que Fay s’apprête à prendre un car pour quitter la ville, Johnny vient la chercher.

L’univers que dépeint Raoul Walsh dès les premiers plans de son film est d’une rudesse et d’une réalisme psychologique qui rappellent les films sociaux des années 1930, sortis en pleine crise économique par quelques réalisateurs militants convertis au New Deal de Roosevelt. Pourtant, le sujet de L’Entraîneuse fatale n’a plus rien de politique puisqu’il n’est ni question de rapports de classe, ni de chomage, mais seulement des risques d'un métier physique et exposé aux intempéries. Pour faire face à la dureté du quotidien, ces ouvriers sont obsédés par les femmes et le plaisir, s’épanchant jusqu’à plus soif sur leurs exploits sexuels de la veille.

Avec une certaine brutalité sans cesse relayée par la mise en scène, Raoul Walsh plaque littéralement ses personnages au sol, les privant sans cesse d’un oxygène qu’ils s’évertuent à chercher coûte que coûte. En multipliant les travellings avant ou encore les panoramiques latéraux, le réalisateur limite les mouvements à une horizontalité écrasante. Pourtant, Gimpy, Johnny et Fay ont des désirs qui revendiquent une autre dynamique, celle d’une élévation qui convoque plutôt la verticalité. Cette géométrie, seuls les poteaux électriques la rappellent mais le danger y est sans cesse associé : dans le cas présent, s’élever à tout prix pour s’extraire du champ expose plus à la mort qu’au bonheur véritable. Le pessimisme ambiant contamine chaque personnage au point de rendre difficile l’expression du moindre sentiment. Les rapports entre les personnages y sont scrutés avec une violence et une crudité étonnamment frontales pour l’époque, même entre les femmes, entraîneuses désabusées qui ne croient plus aux chimères de l’amour.

En tournant presque systématiquement ses scènes de nuit, le réalisateur prive ses personnages de toute lumière et accentue leur vulnérabilité : exposés à la pluie battante, au froid et à la saleté, ils sont dans une survie perpétuelle. Même au club, chacun tente de défendre un territoire et de garder le peu qui lui reste de dignité.Mais nul jugement péjoratif, ni manichéisme de la part du réalisateur. L'entraineuse se rachète par son comportement parfaitement honnête à la fin du film, préférant prendre la fuite plutôt que d'exploiter la situation crée par l'accident de Hank.

Ciné-Passion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sommaire