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Docteur Jerry et Mister Love (The Nutty Professor) film américain de Jerry Lewis, sorti en 1963

Distribution:

  • Jerry Lewis : Professeur Julius Kelp / Buddy Love
  • Stella Stevens : Stella Purdy
  • Del Moore : Professeur Mortimer R. Warfield
  • Kathleen Freeman : Miss Lemmon
  • Howard Morris : le père de Julius
  • Elvia Allman : la mère de Julius
  • Buddy Lester : le barman
  • Milton Frome : le docteur Leevee
  • Marvin Kaplan : l'homme au Nightclub
  • Gavin Gordon : le vendeur de vêtements

Fiche technique:

  • Réalisation : Jerry Lewis
  • Titre original : The Nutty Professor
  • Scénario : J. Lewis et Bill Richmond, librement inspiré du roman L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson
  • Direction artistique : Hal Pereira et Walter H. Tyler
  • Photographie : W. Wallace Kelley
  • Montage : John Woodcock
  • Musique : Walter Scharf
  • Production : Ernest D. Glucksman
  • Société de production : Paramount Pictures
  • Durée : 107 minutes
  • Date de sortie : 4 juin 1963

Julius Kelp est un timide professeur de chimie, au physique peu avantageux mais aux brillantes capacités intellectuelles. À la suite d'une dispute avec l'un de ses élèves, il se retrouve coincé sur une étagère dans le placard de sa classe. Secouru par Stella , une étudiante dont il est secrètement amoureux, il va tenter d'acquérir un physique plus avantageux en suivant des cours de musculation. Hélas, le succès n'est pas au rendez-vous. Aussi décide-t-il de faire appel à ses connaissances en chimie pour inventer un élixir qui le transformera en homme séduisant. Il réussit au-delà de toute espérance et se métamorphose en Mister Love (Buddy Love dans la version originale), un playboy séducteur mais égocentrique, cynique et macho.

De son propre aveu, Jerry Lewis s'est inspiré de son ancien partenaire, le crooner Dean Martin, pour créer le "monstre" du film, le séducteur Buddy Love. Bouleversant ainsi la tradition qui confondait systématiquement la monstruosité physique et morale, le film apporte une dimension inattendue à la nouvelle de Robert Louis Stevenson, pour qui beauté et vertu semblaient naturellement aller de pair. Pour Jerry Lewis, au contraire, la séduction du mal est de loin plus pernicieuse : s'attirant volontiers les faveurs de ses victimes, fût-elle une poignée de midinettes, l'alter-ego du timide et disgracieux Docteur Kelp masque son âme corruptrice par des dehors factices et tape-à-l'œil. Réduit au minimum, le maquillage distingue moins les deux facettes contradictoires du personnage que la double interprétation de l'acteur, sur laquelle repose du reste l'essentiel de la comédie.

En une séquence de Docteur Jerry et Mister Love qui, combinant les stéréotypes du savant fou, le suspense de la transformation et la représentation du vécu douloureux par le personnage, Jerry Lewis met à nu, en les subvertissant, les codes de la métamorphose comme sous-genre du fantastique.

Ce film procure deux rôles pour le metteur en scène comédien qui n'apparaît jamais sous son vrai visage : inutile, puisque cette double condition fait le tour complet de sa personnalité. Timide, zozoteur, les dents en avant et une mèche absurde, il est prodigieux en professeur crapaud érudit et amoureux d'une étoile. Autant la caricature de l'intellectuel met en relief les qualités de coeur du Pr Julius, autant celle du don Juan dénonce le machisme imbécile et la séduction poudre aux yeux. Cette parodie de Docteur Jekyll et Mister Hyde devient alors un plaidoyer pour la « beauté cachée des laids », comme disait Gainsbourg. La fantaisie est totale et certains gags, ahurissants, n'ont rien à envier aux folies cartoonesques d'un Tex Avery.

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