Divines, film français de Houda Benyamina, sorti en 2016

Distribution:

  • Oulaya Amamra : Dounia
  • Déborah Lukumuena : Maimouna
  • Jisca Kalvanda : Rebecca
  • Kevin Mischel : Djigui
  • Yasin Houicha : Samir
  • Madjouline Idrissi : Myriam
  • Mounir Margoum : Cassandra
  • Farid Larbi : Reda

Fiche technique:

  • Réalisation : Houda Benyamina
  • Scénario : Houda Benyamina, Romain Compingt, Malik Rumeau
  • Adaptation et dialogues : Romain Compingt et Houda Benyamina
  • Photographie : Julien Poupard
  • Montage : Vincent Tricon et Loïc Lallemand
  • Production : Marc-Benoît Créancier (Easy Tiger)
  • Musique originale : Demusmaker
  • Durée : 105 minutes
  • Date de sortie : 31 août 2016

Récompenses :

  • Festival de Cannes 2016 : Caméra d'or pour Houda Benyamina
  • Prix Lumières 2017 : Prix Heike Hurst du meilleur premier film
  • César 2017 : meilleur premier film, meilleur espoir féminin pour Oulaya Amamra et meilleure actrice dans un second rôle pour Déborah Lukumuena
    +4 nominations

Dounia vit dans une cité en bordure de l'A3 et passe ses journées avec son amie Maimouna. Pour s'en sortir, elles volent des sodas au supermarché etles revendent à la récréation. Elles végètent en BEP «accueil». Elles rêvent de gagner beaucoup d'argent et pensent avoir trouvé le moyen en travaillant pour Rebecca, une dealeuse respectée qui s'offre des «boy toys» et se fait conduire en décapotable. Alors qu'elle gravit les échelons dans la criminalité, Dounia rencontre Djigui, un jeune danseur.

Les deux filles de Divines ne ressemblent pas à celles de L'Esquive d'Abdellatif Kechiche ni à celles Bande de filles de Céline Sciamma. Elles forment ensemble un tourbillon, passant à pleine vitesse du comique au tragique et de la chronique sociale au polar haute tension. La réalisatrice récupère et brasse tous les clichés qui traînent au pied des cités pour en faire quelque chose d'étonnamment neuf, de frais et singulier.

Rien que dans leur apparence, les inséparables Dounia et Maimounia, perpétuellement en maraude dans leur quartier désolé, se distinguent du lot commun. La première, dissimulant sa beauté sous d'informes blousons masculins, est aussi menue, tendue et énervée que la seconde est grande, costaude, douce et enveloppante. De vidéos sur téléphone portable en chahuts divers, soudées contre le reste du monde, elles jouent les affranchies dans un milieu bien plus dur qu'elles, et qu'elles aspirent naïvement à conquérir. Leur innocence se déguise en audace.

Dounia répète « Money, money, money » sans cesse. Mantra magique, porte d'entrée vers beaucoup d'ennuis, et manière, pour la réalisatrice, de suggérer la puissance nocive de l'imaginaire ultralibéral. Dounia décide, donc, de se faire embaucher par le caïd du coin : Rebecca qui use agressivement de toutes les armes de la virilité, violence, postures et charisme inclus. Cette inversion des genres, ludique et gonflée, aboutit à des répliques inoubliables, tel ce « Toi, t'as du clito ! », lancé par la chef de bande pour saluer le courage de Dounia. Par ailleurs, le rôle le plus « féminin » est tenu par un garçon, passionné de danse, dont Dounia vient contempler les répétitions en cachette. Cette histoire d'amour naissant suggère une autre issue à la tyrannie de l'argent, une sortie de secours par l'art. Ce pourrait être naïf, mais ces scènes-là, magistralement chorégraphiées, expriment avec force le désir, le rêve et l'apprivoisement.

Houda Benyamina casse volontiers les codes en mêlant dans le film musique sacrée de Bach et Haendel et rap. Le religieux est présent de manière inattendue avec Maïmouna fille d'imam qui dit converser avec Dieu, Dounia qui deale mais aussi prie dans une église. Le thème principal du film, c'est le combat que l'on mène tous contre soi-même, la lutte entre ce que l'on veut dans la vie et ce qui nous dépasse. Au-delà de tout le reste, il faut faire le djihad contre son âme, et c'est le combat le plus difficile à mener. Les femmes sont mises en lumière dans leur quête du pouvoir, si besoin est, par la violence, alors que la sensibilité, la grâce et l'art sont laissés au danseur qui charme Dounia.

Houda Benyamina déclare "Même si je suis de confession musulmane, je me sens très proche d'un chrétien et des préceptes de Jésus. La spiritualité selon moi dépasse toutes les religions. À travers la scène de l'église, j'avais envie de casser les frontières et de revenir à l'essence même de tous les messages religieux. »

L’actrice Déborah Lukumuena affirme : « Je pense qu'Houda a une vraie volonté de casser les codes, parfois encore trop archaïques. Elle veut casser l'image de la femme objet de l'homme. Comme elle le dit si bien, la grâce et la tendresse ne sont pas la propriété de la femme, et la violence et la liberté sexuelle ne sont pas l'apanage de l'homme. Du coup, il y a eu une inversion de ces codes. Elle a beaucoup joué avec et c'est vrai que c'est totalement contemporain ces jeunes femmes qui assument pleinement leur sexualité. »

 

 

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