Les Croix de bois, film français de Raymond Bernard, sorti en 1932


Distribution:

  • Pierre Blanchar : Gilbert Demachy
  • Gabriel Gabrio : Sulphart
  • Charles Vanel : caporal Breval
  • Raymond Aimos : soldat Fouillard
  • Antonin Artaud : soldat Vieublé
  • Paul Azaïs : soldat Broucke
  • René Bergeron : soldat Hamel
  • Raymond Cordy : soldat Vairon

Fiche technique:

  • Réalisation : Raymond Bernard
  • Scénario : Raymond Bernard et André Lang, d'après le roman homonyme de Roland Dorgelès, paru en 1919
  • Photographie : Jules Kruger et René Ribault
  • Montage : Lucienne Grumberg
  • Société de production : Pathé-Natan
  • Noir et blanc
  • Durée: 110 minutes
  • Date de sortie : 17 mars 1932

Un étudiant idéaliste est prêt à en découdre avec les Allemands. Il rencontre Sulphart, Bréval, Bouffioux et les autres, autrefois ouvrier, boulanger, cuisinier, désormais unis sous le nom de soldat. Le front lui offre bien des désillusions : la faim, le froid, la peur, et l'impitoyable boucherie d'un combat qui fera, certes, reculer l'ennemi, mais qui décimera le régiment français.

En évoquant la triste vie des poilus dans les tranchées des plaines de Champagne, Les Croix de bois, réalisé huit ans avant la Seconde Guerre mondiale, se veut un plaidoyer contre la guerre. Le cinéaste adapte le livre de Dorgelès (prix Femina en 1919), qui s’inspirait lui-même de ses notes personnelles pendant la Première Guerre mondiale. a voulu avant tout jouer la carte du réalisme et de la reconstitution scrupuleuse. Raymond Bernard filme au plus près la lassitude des soldats, puis leur déconfiture, la guerre des nerfs avec l'ennemi, puis la violence qui lui succède.

Par son sujet, l'évolution mentale d'un soldat, au départ idéaliste, ce film se rapproche de À l'Ouest, rien de nouveau de Lewis Milestone (1930). Pierre Blanchar et Charles Vanel ont réellement combattu durant la « Grande Guerre », tout comme la majorité des acteurs et figurants. Pour les figurants, l'Armée française avait fourni quelques bataillons de jeunes recrues qui faisaient leur service militaire. N'étant pas satisfait de leur attitude, ni de leurs façons de se tenir dans la tranchée, Raymond Bernard décida d'employer des anciens de 14-18, à l'attitude plus « vraie ». Il en va de même pour le lieu du tournage qui est un vrai champ de bataille, l'armée ayant autorisé l'accès a des zones militaires.

Ce récit du parcours mental d’un soldat idéaliste montre l’horreur de la guerre du regard des premiers concernés, à savoir les combattants eux-mêmes. Les Croix de bois a un scénario original. Il n'y a pas de véritable narration, mais une chronique des tranchées, avec ses moments d’angoisse et d’horreur, mais aussi de camaraderie. Une lettre de fiancée ou d’épouse, une rare et précieuse permission prodiguent un éphémère repos du guerrier, quand les croix de bois sur des tombeaux à ciel ouvert rappellent l’imminence de la mort.

L’idéalisme de Gilbert Demachy dévie de plus en plus vers une perte de repères qui le conduit à un sentiment de déchirement intérieur. Point de contestation pour autant de la part de Demachy et ses pairs. Il n’est guère fait allusion aux mutineries, et Les Croix de bois ne se veut pas explicitement polémique. Le film ne fait l’objet d’aucune censure et a même pu être perçu comme une œuvre patriotique sur le sacrifice des soldats.

Techniquement, l’œuvre est superbe et certaines scènes de combat brillent par leur authenticité et la rigueur du montage. Le film recèle des innovations, comme ces surimpressions sur les champs de bataille. Pierre Blanchar, torturé, expressif, accède avec ce film au vedettariat. La sobriété de Charles Vanel et le professionnalisme de Gabriel Gabrio constituent un autre atout de la distribution.

Tous les films. . . Sommaire
Pour nous joindre, déposer vos questions ou remarques: Ciné-Passion