BlacKkKlansman (J'ai infiltré le Ku Klux Klan) film américain de Spike Lee, sorti en 2018


Distribution:

  • John David Washington : l’inspecteur Ron Stallworth
  • Adam Driver : Flip Zimmerman
  • Laura Harrier : Patrice Dumas
  • Topher Grace : David Duke
  • Corey Hawkins : Stokely Carmichael / Kwame Ture
  • Jasper Pääkkönen : Felix Kendrickson

Fiche technique:

  • Réalisation : Spike Lee
  • Scénario : Spike Lee, David Rabinowitz, Charlie Wachtel et Kevin Willmott, d'après l'ouvrage autobiographique de Ron Stallworth
  • Photographie : Chayse Irvin
  • Montage : Barry Alexander Brown
  • Musique : Terence Blanchard
  • Production : Jason Blum, Spike Lee, Raymond Mansfield, Sean McKittrick, Jordan Peele et Shaun Redick
  • Durée : 135 minutes
  • Dates de sortie : 14 mai 2018 (Festival de Cannes)
    • 22 août 2018 (France , sortie nationale)
  • Grand Prix

Le scénario s'inspire de la vie de Ron Stallworth, ancien officier de police de Colorado Springs, et notamment de son livre Black Klansman (publié en 2014). Stallworth, premier inspecteur de police noir de Colorado Springs, y raconte comment il est parvenu à infiltrer la branche locale du Ku Klux Klan par le biais de lettres et de conversations téléphoniques, et avec l'aide d'un collègue blanc lorsqu'une présence physique était nécessaire. Il entre même en contact avec le « Grand Sorcier » du clan, David Duke. Ron Stallworth raconte : « Je suis tombé sur une annonce du Ku Klux Klan, qui incluait une adresse postale. J'ai écrit une petite lettre en me faisant passer pour un raciste blanc : j'expliquais que je détestais les nègres, les youpins, les latinos, les jaunes et les ritals. Une semaine plus tard, on m'a appelé sur le téléphone du service. J'ai donc ajouté que ma sœur sortait avec un nègre, et qu'à chaque fois que je le voyais poser ses sales pattes de Noir sur elle, ça me mettait hors de moi. Il m'a répondu que j'étais exactement le profil qu'il recherchait, et m'a demandé quand il pouvait me rencontrer. C'est comme ça que mon enquête a débuté. » En janvier 2006, il a donné une interview pour le Deseret News de Salt Lake City, dans lequel il a raconté tous les détails de son infiltration et son enquête au sujet du KKK. Il a révélé que l'enquête avait démontré que plusieurs membres du Klan étaient des membres actifs des forces armées américaines, y compris deux membres du NORAD, organisation qui contrôlait le déclenchement des armes nucléaires.

Il ne commet qu’une erreur, se présenter sous son vrai nom, et cette erreur aurait pu avoir des conséquences dramatiques. Séduit par autant de haine, son interlocuteur lui propose aussitôt un rendez-vous. Puisque, de toute évidence, Ron ne peut s’y rendre, son collègue Flip Zimmerman ira à sa place. Voilà donc la cellule du KKK de Colorado Springs infiltrée par un « Négro » et un Juif. Les Mémoires de Ron Stallworth étaient déjà bourrés d’humour. Spike Lee en rajoute, et utilise la farce pour pourfendre ces ratés qui prétendent représenter la crème de la race blanche.

Peu à peu, pourtant, cette comédie ultra rythmée avance vers un grand moment dramatique où le cinéaste fait montre d’un étonnant sens du montage parallèle : d’un côté, une « messe » du Ku Klux Klan, avec baptême des recrues et projection de Naissance d’une nation, le film de Griffith, devant lequel les membres applaudissent à la mort des personnages noirs, comme à la corrida. De l’autre, au même moment, une réunion organisée par une jeune étudiante militante du Black Power où un vieil homme incarné, par Harry Belafonte, le premier acteur noir à avoir lutté pour les droits civiques, fait le récit, insoutenable, du lynchage de Jesse Washington, qui, en 1916, fut émasculé, carbonisé et pendu à un arbre. Les photos de son corps calciné furent même imprimées et vendues comme cartes postales.

Mais Spike Lee, à travers son héros, met en garde la communauté noire contre la tentation révolutionnaire tendance Black Power et semble dire que des armes douces comme l'humour et le cinéma comme le sien peuvent être efficace. Rappeler l’horreur absolue du racisme, se moquer, sans relâche, de ces Blancs suprémacistes. Mais aussi, comme un leader du Black Power y engage son public au début du film, dire et redire la beauté des Noirs et les exhorter à la fierté. Lors de ce discours, Spike Lee cadre des visages dans l’auditoire. Trois femmes, ici. Deux hommes et une femme, là. Ces sublimes images vaut tous les manifestes. C’est à ces visages-là que l’on pense, à la fin du film, lorsque le réalisateur rappelle les manifestations d’extrême droite de Charlottesville, en 2017, qui ont fait une victime, une femme noire et l'indifférence de Donald Trump qui renvoie les deux camps dos à dos.

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