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Augustine film français de Alice Winocour, sorti en 2012

Distribution:

  • Vincent Lindon : Jean-Martin Charcot
  • Soko : Augustine
  • Chiara Mastroianni : Constance Charcot
  • Olivier Rabourdin : Bourneville
  • Roxane Duran : Rosalie
  • Lise Lametrie : l'infirmière principale
  • Sophie Cattani : Blanche
  • Grégoire Colin : Verdan
  • Ange Ruzé : Pierre
  • Stéphan Wojtowicz : Conti

Fiche technique:

  • Réalisation : Alice Winocour
  • Scénario : Alice Winocour
  • Direction artistique : Arnaud de Moleron
  • Photographie : Georges Lechaptois
  • Montage : Julien Lacheray
  • Musique : Jocelyn Pook
  • Production : Isabelle Madelaine et Émilie Tisné
  • Société de production : Dharamsala
  • Durée : 102 minutes
  • Date de sortie : 7 novembre 2012

Le film recrée le monde oppressant des patientes hystériques soignées par les « médecins de l'âme » du XIXe siècle, Charcot en tête, dans le décor quasi « gothique » de la « cité des femmes » à la Salpétrière. Son Augustine, interprétée par Soko, est une belle rebelle décrite comme une pionnière des « luttes féminines ».

Augustine retrace la relation trouble entre Jean-Martin Charcot et sa patiente la plus notoire, une servante prénommée Augustine,dans le Paris de la fin du XIXe siècle Loin de n'être qu'illustratifs, les rapports de forces entre le médecin et la malade chargent le film d'une tension érotique et anxiogène, électrisée par un duo d'acteurs très complémentaires, les affects de l'une, animale et explosive, déstabilisant la science de l'autre, tout d'émotivité rentrée.

Le bestiaire qui peuple le film, crabe, singe, poule, accentue son voisinage avec des genres sollicitant à plein les sens du spectateur, de l'horreur à la pornographie. Car c'est bien de voyeurisme qu'il est question, quand, face à un parterre de notables émoustillés, Augustine rejoue le spectacle de son hystérie. L'œil du photographe, qui rôde dans l'amphithéâtre de la Salpêtrière, souligne l'épineuse cinégénie de ces mises en scène, où l'hypnose le dispute à la simulation. Patiente "étoile" d'une célébrité de la médecine, la jeune fille capte la lumière, à la fois happée et dévorée par les projecteurs. Alice Winoucour est une femme, et son film s'en ressent.

Certes, elle n'élude pas les soubassements sociaux sur lesquels se fonde la domination de Charcot. Mais, plus encore que l'emprise du grand-bourgeois sur la créature des bas-fonds, la réalisatrice filme avec un soin particulier les jeux d'attirance et de sujétion qui se nouent entre les deux sexes. A cette aune, le dénouement, ô combien transgressif, ne laisse guère de doute quant à la portée féministe d'Augustine : derrière le cobaye rétif aux mesures de la bonne société rugit, fière et résolue, une héroïne des temps modernes.

Alice Winocour est née à Paris le 13 janvier 1976. Après ses études à la FEMIS (promotion 2002 - département scénario), elle réalise trois courts métrages et écrit le scénario du film de Vladimir Perisic, Ordinary people ( 2009) . Augustine est son premier long-mètrage et a été présenté au Festival de Cannes 2012 dans le cadre de la Semaine de la critique.

Alice Winocour déclare :
-Il y avait quelque chose d’un peu inconscient à vouloir faire un film d’époque pour un premier film. Je ne voulais pas faire un film de reconstitution historique « poussiéreux » en costumes, mais plutôt créer un monde imaginaire, clos et mystérieux. Pour cela je me suis inspirée du romantisme noir de la littérature gothique fantastique de la fin du XIXe siècle, comme les sœurs Brontë. Ces livres étaient écrits par des jeunes filles qui fantasmaient des univers troubles qu’elles n’avaient pas forcément connus et je me reconnaissais dans cette démarche.
-Dans Augustine, j’ai voulu aller vers un cinéma antinaturaliste. J’ai toujours été fascinée par des réalisateurs comme Lynch ou Cronenberg. Des films comme Faux-semblants ou Crash m’ont vraiment marquée. Sinon j’ai aussi été très influencée par les films du nouvel Hollywood, marqués par la contre-culture des années 70. Des films avec une vrai radicalité mais aussi tournés vers le public. Comme Rosemary’s Baby de Polanski, ou Cinq Pièces faciles de Bob Rafelson. J’ai beaucoup pensé à Black Swan, pendant la préparation d’Augustine.

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