Amour fou, film autrichien de Jessica Hausner, sorti en 2014 Un film romantique, étrange, comme un voyage en couleurs au début du XIXe siècle, librement inspiré des amours et de la mort du poète Heinrich von Kleist
Distribution:
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Critique Le film se situe près de Berlin, vers 1810. Le jeune
poète Heinrich promène son vague-à-l'âme dans les salons de la ville.
Mélancolique, il propose un étrange marché à Marie, sa cousine dont
il est amoureux. Il voudrait se suicider avec un être aimé. Marie reste
sceptique. Heinrich est déprimé par le manque de sensibilité de sa cousine.
Heinrich , invité à dîner chez une amie, Henriette, paraît rigide, presque
quelconque, au cours de cette soirée. Jessica Hausner ne manque pas d'aplomb, à narguer ainsi
le mythe du romantisme allemand en distillant une dose d'humour sarcastique
sous le vernis du tableau d'époque. Elle le fait en pointant justement
le manque criant d'humour d'Heinrich, totalement égocentriste, obsédé
par sa seule souffrance et ce qu'il en tire dans l'écriture. Le portrait
qu'elle brosse de lui est cinglant. C'est moins vrai pour Henriette,
à laquelle la réalisatrice s'attache le plus et qu'elle étudie de près,
comme une entomologiste. En usant d’une image hyper soignée, fort composée et très colorée, mais aussi de cadres très précis, la mise en scène de Jessica Hausner se met à l’unisson de l’âme de ses personnages, portés par des acteurs sublimes, à la fois raides et d’une sensibilité exacerbée, fantasque. La réalisatrice semble souvent se poster au bord du surplomb, de la moquerie facile. Mais jamais elle n’ôte la moindre parcelle de lucidité ou d’intelligence à Henriette et Heinrich : sous l’apparente folie, ils savent très bien ce qu’ils font. « Avec ses cadres fixes – pas un seul mouvement de caméra durant tout le film – la mise en scène de Hausner retranscrit parfaitement l’immobilité étouffante et l’apathie de la haute société du début du xixe siècle. Un film mystérieux qui vous hante durablement, porté par des images et une langue d’une beauté inhabituelle, et une interprétation de très haut niveau. » Olivier Père, Arte, 16 mai 2014 Biographie très résumée d'Heinrich von Kleist Heinrich von Kleist est né à Francfort-sur-l'Oder le 18
octobre 1777 Issu d'une famille noble de militaires, fils de Joachim
Friedrich von Kleist et de sa seconde épouse Juliane Ulrike von Pannwitz,
il est confié à un précepteur à Francfort-sur-l'Oder et étudie avec
son cousin, Charles von Pannwitz. Le 3 février 1793, il perd sa mère. En 1800, il se fiance avec Wilhelmine von Zenge. Refusant de réintégrer l'armée, il travaille comme fonctionnaire à Berlin. En 1801, il lit Kant, ce qui le plonge dans une profonde dépression. Après un voyage en France avec sa demi-sœur, Ulrike, de 3 ans son aîné, il s'installe à Thun près de Berne où il termine sa première pièce, La Famille Schroffenstein. En 1802 il se brouille avec sa fiancée Wilhelmine et tombe malade. Un médecin lui diagnostique une « mélancolie morbide ». En 1810, Kleist est animé par l'espoir d'une coalition entre la Prusse et l'Autriche, contre Napoléon. Il décide d'écrire un drame en honneur de la famille Hohenzollern: Le Prince de Hombourg, inspiré des Mémoires pour servir à l'histoire de la maison de Brandebourg de Frédéric II. La même année, Kleist lance sa deuxième revue littéraire : des journaux destinés à être publiés cinq fois par semaine, les Abendblätter, aux contenus fort patriotiques. En novembre, il rencontre une femme mariée, par ailleurs
musicienne, Henriette Vogel, avec qui il échange une correspondance
amoureuse. En 1811, sont publiés La Cruche cassée et sa nouvelle,
Les Fiancés de Saint-Domingue. Il adresse à Henriette les
Litanies de la Mort. Ils se donnent rendez-vous près de Potsdam,
le 21 novembre 1811, ils se rendent dans un bois situé au bord du petit
lac Wannse; Kleist tue Henriette, atteinte d'un cancer, puis retourne
l'arme contre lui.
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